D. TROIS PRINCIPES DONT IL FAUT MIEUX ASSURER LE RESPECT DANS LA PERSPECTIVE DES JEUX OLYMPIQUES DE LONDRES EN 2012
Les Jeux olympiques constituent, à n'en pas douter, la manifestation sportive la plus emblématique du monde sportif.
Aucune autre compétition sportive internationale ne peut se prévaloir de présenter une aussi grande variété de compétitions, ni d'attirer un aussi grand nombre de délégations d'athlètes issus de plus de deux cents pays répartis sur les cinq continents.
En outre, le mouvement olympique dispose, à travers ses trois composantes principales - le Comité international olympique (CIO), les Fédérations internationales de sports et le réseau des Comités nationaux olympiques (CNO) - d'une influence déterminante sur l'organisation du sport à travers le monde.
Enfin, le stade olympique constitue l'un des espaces les plus médiatisés du monde et les événements qui s'y déroulent, voire les incidents qui les accompagnent, prennent ainsi une visibilité et une puissance symbolique qui peut les ériger aussitôt au rang de mythe.
A ce titre, l'enceinte olympique ne se réduit pas à un lieu géographique où se déroule une série de compétitions sportives du plus haut niveau, elle constitue un espace symbolique dans lequel s'incarnent et s'illustrent des valeurs essentielles.
Conscients de l'impact des Jeux sur les esprits, et de la responsabilité que cette influence lui conférait, le Mouvement olympique s'est attaché à inscrire dans la Charte olympique les valeurs universelles dont il se réclame et que les membres du Mouvement olympique doivent prêter le serment de respecter.
Un certain nombre de valeurs et de principes proclamés par la Charte constituent des garanties et des leviers pour la défense des droits des femmes. Il s'agit, en particulier, des principes d'égalité entre les sexes, du refus de toute discrimination, fondée notamment sur le sexe, et du principe de neutralité du sport.
La délégation invite le Mouvement olympique à assurer, lors des Jeux olympiques qui se dérouleront à Londres en 2012, le strict respect de ces principes, et à en tirer les conséquences qui s'imposent.
1. Le principe de neutralité du sport s'oppose au port de signes religieux
La délégation considère que le principe de neutralité du sport inscrit dans la Charte olympique et dans le règlement des grandes fédérations internationales s'oppose au port d'insignes ou de tenues qui manifestent une appartenance religieuse.
Elle s'était déjà alarmée d'une entorse à ce principe, à l'occasion des Jeux olympiques de la Jeunesse qui se sont déroulés à Singapour en août 2010. Cédant aux pressions exercées par l'Iran, la Fédération internationale de football-association (FIFA) avait finalement pris la décision d'autoriser les joueuses de l'équipe féminine de football iranienne à porter un « couvre-chef » sur leur chevelure lors de cette compétition.
La présidente de la délégation avait adressé au président de la FIFA deux courriers pour s'inquiéter de cette entorse au principe de neutralité du sport. Ces lettres n'ont pas reçu de réponse satisfaisante, M. Joseph Blatter s'étant contenter de préciser que ce couvre-chef ne devant pas « descendre sous les oreilles ni recouvrir le visage » , respectait ainsi les « besoins de la fédération » .
Quelles que soient ses caractéristiques, ce « couvre-chef » n'en constituait pas moins l'un de ces « signes de nature politique, religieuse, commerciale ou personnelle » justement prohibés par le règlement de la FIFA.
Le principe de neutralité du sport est inscrit dans le chapitre 5 de la Charte olympique, dont la règle 51.3 dispose : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n'est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique » .
La délégation aux droits des femmes appelle en conséquence le Mouvement olympique à ne tolérer aucune entorse à ce principe. Elle invite les autorités françaises en charge du sport à relayer cette préoccupation auprès du Comité international olympique par le biais du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et par le biais des athlètes qui composeront la délégation française .
Elle considère en effet que l'on ne peut se méprendre sur la signification symbolique du port du voile ou d'un de ses succédanés et qu'il y a lieu de craindre, s'il était toléré chez certaines délégations lors des Jeux de Londres, qu'il ne soit par la suite imposé lors d'autres compétitions, à toutes les équipes féminines qui viendraient participer à des championnats ou à des rencontres sur le territoire d'un Etat islamique.
La délégation considère que le souci de promouvoir le sport féminin, qui est souvent invoqué à l'appui de ce genre de concessions, ne doit en effet pas se payer au prix de l'abandon d'une des valeurs de référence du sport.