C. LE SPORT DE HAUT NIVEAU
1. L'entraînement des sportives de haut niveau : une spécificité à prendre en compte
A l'INSEP comme dans les fédérations, les femmes sont encore peu nombreuses dans les fonctions de conseillers techniques chargés de la préparation et de l'entraînement des sportifs de haut niveau (directeurs techniques nationaux, entraîneurs nationaux), ce qui ne facilite pas la prise en compte des spécificités de l'entraînement féminin.
Affectés sur des contrats dits « de préparation olympique » dans les fédérations olympiques, ou de « haut niveau » dans les autres fédérations, les directeurs techniques nationaux (DTN) sont chargés d'élaborer et de mettre en place une politique sportive pour l'ensemble d'une fédération, pour le sport de haut niveau, mais aussi pour le sport de masse. D'après les données fournies par le ministère des sports, sur les cinquante-huit postes de directeurs techniques nationaux, trois seulement (soit 6 % du total ) sont confiés à des femmes.
Les entraîneurs nationaux (EN) sont plus particulièrement chargés de l'encadrement et de la préparation des sportifs de haut niveau. Ils assurent principalement des missions d'entraînement au contact des sportifs mais peuvent aussi assurer l'encadrement d'une équipe d'entraîneurs. Les femmes ne représentent que 12 % de leur effectif global .
La faiblesse de ces chiffres apparaît regrettable à un double titre. Elle fournit tout d'abord une nouvelle illustration de l'existence, dans le monde du sport comme dans le reste de la société, d'un phénomène de « plafond de verre » qui freine l'accès des femmes aux responsabilités les plus recherchées et les plus en vue. Elle traduit, en outre, un décalage significatif entre la féminisation du sport de haut niveau et la féminisation de son encadrement.
Il est préoccupant que la proportion des femmes parmi les conseillers techniques soit aussi faible, alors que les femmes représentent aujourd'hui 36 % de l'effectif des sportifs de haut niveau, que l'on prenne pour référence la composition de la liste ministérielle des sportifs de haut niveau ou celle de la délégation française aux anciens Jeux olympiques.
Cette situation n'est pas de nature à garantir aux sportives la meilleure qualité d'entraînement possible.
Tout d'abord parce que, comme le reconnaît la direction du sport au cours de son audition, si l'on met à part quelques personnalités d'exception, comme Philippe Lucas, qui a construit sa notoriété grâce à la réussite de sportives, l'encadrement du collectif féminin reste encore trop souvent dévalorisé et constitue souvent un choix par défaut de la part des entraîneurs qui s'y investissent.
En outre, parce qu'un encadrement trop exclusivement masculin n'est pas le plus à même de prendre en compte les attentes spécifiques des sportives en matière d'entraînement.
Les auditions conduites par la délégation, en particulier lors de la table-ronde qui lui a permis de rencontrer, à l'INSEP, des jeunes sportives ainsi que les responsables de leur entraînement, ont insisté sur les caractéristiques spécifiques de l'entraînement des sportives. La dimension humaine de la relation qui s'établit entre la sportive et la personne chargée de son entraînement revêt une importance plus marquée et conditionne la bonne réception et la prise en compte des conseils qui sont dispensés. En outre, contrairement aux garçons qui sont davantage dans la mise en oeuvre immédiate des prescriptions, les filles ont davantage besoin de se les faire expliquer pour en comprendre le sens et la portée. Cette approche, qui semble requérir davantage de temps et de patience dans une première approche, permet en revanche, par la suite, des progrès plus poussés, car ceux-ci s'appuient sur une mémorisation plus précise et une compréhension en profondeur. Enfin, l'entraînement doit s'attacher à compenser la moindre force physique des filles par une approche plus fine de la technique individuelle ou du jeu collectif.
Ces considérations ne doivent pas pour autant conduire à recommander de ne confier l'encadrement des sportives qu'à des équipes d'entraîneurs principalement féminines. La délégation croit, au contraire, aux vertus de la mixité. La présence d'entraîneurs masculins dans les équipes chargées de l'entraînement de sportives lui paraît aussi utile que la présence de femmes parmi les entraîneurs des sportifs masculins.
La délégation souhaite insister tout particulièrement sur l'intérêt d'une composition équilibrée des équipes qui permette de tirer pleinement bénéfice des regards croisés et d'éviter qu'un sportif, et particulièrement un jeune sportif ou une jeune sportive, se retrouve placé sous la férule trop exclusive d'une seule personne.
La mixité des équipes lui paraît, à ce titre, l'un des meilleurs garde-fous contre les phénomènes de harcèlement, voire de harcèlement sexuel , dont le passé récent a fourni des exemples.