B. LE SÉISME DU 29 NOVEMBRE À LA MARTINIQUE
Comment avons-nous géré le séisme du 29 novembre 2007 ? De façon tout à fait académique. Nous avons à la Martinique trois arrondissements. Nous avons mis des PC avant dans chaque arrondissement. Nous avons organisé nos forces autour des sous-préfectures. Nous avons fait ensuite un PC arrière dans la salle que je vous ai montrée tout à l'heure, qui n'est pas parasismique. La cellule de crise a mené une gestion tout à fait académique. Une cellule commandement synthèse était destinée à faire le point avec le préfet et à décider des actions à mener.
Dans la cellule protection des populations, on va retrouver les sapeurs-pompiers, la santé, l'aide et l'assistance, ainsi que les forces armées des Antilles. Nous sommes des insulaires. Le premier enseignement à retenir est que dans les premières 24 heures, nous serons seuls. Les militaires ont des avions, des bateaux, des moyens. Il est essentiel de les avoir au sein du PC pour apporter un appui à la gestion de crise.
Nous avons la partie Sûreté des populations, Renseignement, Ordre public. Nous avons rencontré cette situation en Haïti après le tremblement de terre, ainsi que sur d'autres crises. Dans ce scénario, l'être humain retrouve rapidement son instinct animal. Le litre d'essence devient rapidement cher, ainsi que l'eau ou les rations. Les problèmes de sûreté et d'ordre public arrivent rapidement.
Le rétablissement des infrastructures : Nous devons avoir les premiers renseignements sur l'état des routes, des ports, des aéroports.
La dernière partie est la partie soutien, gestion de crises.
Ceci était l'organisation initiale. En gestion de crise, lorsque la situation survient, il faut s'organiser pour mieux improviser.
Concrètement, le tremblement de terre a eu lieu à 15 heures. On a eu beaucoup de chance. C'était un tremblement de terre à 150 kilomètres de profondeur et très peu de dégâts. Nous avons donc mis en place une organisation de gestion de crise beaucoup plus allégée.
Il y avait toujours la cellule Commandement Synthèse. Il y avait toujours des problèmes de protection de population, gérés par les sapeurs-pompiers et les médecins.
La gestion de ce tremblement de terre a été orientée rapidement vers les établissements scolaires. Le tremblement de terre a eu lieu le jeudi après-midi. La première décision que nous avons prise a été de fermer les écoles, les collèges et les lycées.
Entre le jeudi et le dimanche, soit soixante-douze heures, le challenge a été de mettre le préfet Mancini en situation pour le journal télévisé du 20 heures du dimanche soir, afin d'annoncer à la population quels établissements étaient en mesure de recevoir les enfants. Je peux vous dire que c'était un sacré challenge. Rapidement, il a fallu monter une cellule particulière pour évaluer l'état des bâtiments scolaires. J'avais déjà monté ce type de cellule d'évaluation suite à la catastrophe AZF à Toulouse et au tremblement de terre du Salvador en 2001.
Nous avons rassemblé 29 architectes sur le département de la Martinique afin de composer cette cellule d'évaluation et d'expertise. Nous demandions aux maires et aux chefs d'établissements de nous informer de l'état de leurs écoles. S'ils n'étaient pas en mesure de nous le dire, on envoyait systématiquement une équipe d'évaluation. Si l'équipe d'évaluation n'était pas suffisante, on envoyait des experts de Socotec ou des experts de l'Etat. Les experts des collectivités étaient associés à ces analyses, à ces expertises.