C. UNE PRÉÉMINENCE DANS LES SECTEURS DE POINTE

Le marché de l'industrie technologique et de la communication reste toujours le premier secteur du Japon, avec une croissance régulière depuis 1996, contribuant à « tirer » la croissance nationale depuis cette date. Très fortement concurrentiel et porté par l'innovation, il bénéficie de l'appui des pouvoirs publics. Le Japon dispose d'une très forte avance par rapport à ses concurrents européens, qu'il considère comme très en retard en ce domaine, ainsi que l'a souligné l'ambassadeur de France auprès de la délégation.

LA VISITE DU PANASONIC CENTER DE TOKYO

Votre délégation a pu visiter le Panasonic center de Tokyo, véritable vitrine technologique du groupe Panasonic corporation. Constituant l'un des leaders mondiaux de l'électronique professionnel et grand public, il possède des parts importantes du marché domestique des appareils électroniques tels que réfrigérateurs (1er), climatiseurs (1er), fours à micro-ondes (2ème), machines à laver (3ème)... Outre l'électroménager, la vente de produits audiovisuels et de communication représente plus de 40 % des ventes du groupe.

De la visite du showroom et des discussions avec ses responsables, plusieurs observations peuvent être tirées, caractéristiques des grands groupes de l'électronique japonaise :

- un effort d'innovation très important, le groupe consacrant 580  milliards de yens (soit le double de son capital !) à la R&D. Votre délégation a ainsi pu admirer les toutes dernières innovations en matière d'écran plat, d'une taille et d'une finesse impressionnantes, ou encore les dernières générations de téléphone portable, dont les fonctionnalités internet et audio-vidéo n'existent pas encore sur le continent européen ;

- une forte internationalisation, l'activité à l'étranger représentant près de 50 % de son résultat consolidé ;

- une attention particulière portée aux enjeux du développement durable. La « vision » du groupe pour la société du XXIème siècle décline ainsi, outre l'idée d'une société interconnectée en réseau, celle d'une coexistence harmonieuse avec l'environnement planétaire. Celle-ci passe, selon les responsables rencontrés, par la limitation des émissions de CO 2 à toutes les étapes de la production, l'élaboration de produits moins consommateurs d'énergie et une communication planétaire axée sur des messages écologistes. La société s'est, en outre, dotée d'une charte environnementale.

1. La microélectronique

L'industrie des semi-conducteurs est considérée comme l'une des principales industries au Japon, les sociétés Toshiba, Renesas technology, Nec electronics, Sony, Matsushita electronics et Sharp étant parmi les premières au monde dans le secteur des mémoires Dram, Sram et flash 15 ( * ) .

Si les équipementiers japonais sont en situation difficile s'agissant des circuits intégrés destinés aux appareils électroménagers et aux véhicules automobiles, ils sont en revanche leaders sur le segment de la téléphonie mobile, des cartes à puces et des étiquettes RFID 16 ( * ) . Ces deux derniers marchés seront particulièrement porteurs, puisque les instituts de conjoncture anticipent une demande de respectivement 340 millions d'unités (contre 113 en 2005) et 1.792 (contre 32 en 2006) en 2010.

Recourant à un niveau élevé de technologie, ce secteur offre des produits de pointe et continue de se développer dans la miniaturisation et l'amélioration des performances. Cependant, les entreprises japonaises sont toujours concentrées sur le marché domestique, peinent à s'internationaliser et ont perdu du terrain par rapport à leurs concurrentes asiatiques et européennes.

2. La robotique

Le Japon reste incontestablement le leader mondial de la robotique, sa part de marché étant estimée à 60 % en 2006. Sa recherche constante d'innovations en « mécatronique 17 ( * ) » lui a permis d'asseoir cette position.

Deux secteurs sont à distinguer en réalité :

- la robotique industrielle (95 % du marché). Avec un taux de croissance de 8 % depuis 2000, largement supérieur à celui des autres secteurs industriels, elle fait du Japon le plus gros producteur et utilisateur de robots au monde ;

- la robotique de service (5 % du marché). Encore naissante et en grande partie expérimentale, même si certains modèles sont déjà commercialisés, elle vise la construction de robots humanoïdes qui pourraient, à terme, aider le Japon à faire face aux défis que pose son évolution démographique. Ce marché de service, très prometteur, devrait connaître une très forte croissance, jusqu'à dépasser la robotique industrielle en 2015-2020.

3. Les technologies de l'information et de la communication

L' internet est très développé au Japon, et notamment celui à haut débit. Plus d'un foyer sur deux y était ainsi connecté en 2007. L'accès au réseau y est, il est vrai, l'un des moins chers au monde, à environ 7,5 euros par abonné et par mois.

L'obligation de dégroupage total et la concurrence intense sur ce marché -avec les opérateurs Softbank et NTT DoCoMo- a permis l'essor de la technologie ADSL. On notera que la fibre optique, qui permet d'obtenir des débits plus élevés encore, représente désormais un tiers du haut débit.

Le ministère des affaires intérieures et de la communication (MAIC), autorité également en charge de la régulation du secteur, a lancé en 2006 un plan quinquennal, la Next generation broadband strategy 2010 , fixant à cet horizon un objectif de 100 % de couverture en haut débit et 90 % en très haut débit.

Le marché de la téléphonie mobile , même s'il se situe au premier rang mondial et malgré la réduction progressive du nombre de ses abonnés, n'est pas encore parvenu à maturité. En juin 2008, le taux de pénétration de la téléphonie mobile était de plus de 80 %, le Japon comptant 103 millions d'abonnés, dont 87 % à un service internet mobile. 76 % des utilisateurs mobiles sont abonnés à un service 3G/3,5G 18 ( * ) , que le pays a été le premier à mettre en service en octobre 2001.

L'avenir du secteur passe par des innovations technologiques telles que l'enrichissement des contenus mobiles, ainsi que le portefeuille électronique utilisant une puce sans contact et cumulant sur téléphone portable les fonctions de porte-monnaie électronique, titre de transport, carte de crédit et autres fonctions d'identification. Est attendue, par ailleurs, la mise en place d'un service 4G pour 2010.

4. Les réseaux audiovisuels

La télévision de service public Japan broadcasting corporation (NHK) offre en hertzien deux chaînes de télédiffusion (l'une généraliste, l'autre éducative) et trois stations de radiodiffusion, plus trois chaînes de télévision par satellite (BS), qui émettent simultanément des signaux analogiques et numériques. 90 % des programmes de la chaîne généraliste sont en haute définition (HD), contre 50 % de ceux de la chaîne éducative. Il n'y a aucune publicité sur ces chaînes, qui sont financées par la redevance publique, dont le montant est d'environ 115 euros par an.

Le secteur privé est organisé en réseaux de chaînes commerciales régionales. Chacun des cinq grands réseaux dispose de « stations clés » à Tokyo. Les chaînes privées sont le plus souvent intégrées à un groupe de communication qui dispose d'un quotidien de presse écrite.

La diffusion analogique doit cesser au Japon en 2011. Le système de diffusion de la télévision numérique terrestre (TNT) est devenu opérationnel dans trois zones pilotes depuis le 1 er décembre 2003. La TNT mobile est diffusée sur téléphone portable dans l'ensemble du pays depuis son lancement en 2006.

En dehors du réseau hertzien, le Japon offre deux types de diffusion par satellite , dont bénéficie un tiers des foyers. Un autre tiers est abonné aux câblo-opérateurs, qui commencent à passer à la fibre optique pour permettre plus aisément la diffusion en HDTV, et proposent désormais des offres de triple play en très haut débit.

5. Le marché des jeux vidéos

Le Japon, deuxième marché mondial pour les jeux vidéo derrière les Etats-Unis avec 5,06 milliards d'euros en 2008, n'a pas su bénéficier de la croissance mondiale du secteur. En outre, celui-ci a connu sa première baisse depuis 2004, davantage du fait d'un recul des ventes de matériel que de celui des jeux. En effet, les deux constructeurs nationaux -Sony et Nintendo- ont commercialisé en 2008 des consoles ne constituant que des évolutions de générations précédentes.

Sur le marché des jeux proprement dits, la production nippone rencontre des difficultés, avec le passage aux consoles nouvelle génération en HD, du fait des savoir-faire devant être renouvelés et des investissements à réaliser.

On notera que le marché des jeux pour mobiles , très prometteur du fait du déploiement des réseaux et de l'engouement des japonais, a doublé depuis 2004 et offre de très intéressantes opportunités pour les éditeurs français.

6. Les énergies renouvelables : l'exemple des transports à hydrogène

Le soutien à la recherche dans le secteur de l'hydrogène occupe une place importante dans la politique de développement des énergies renouvelables du Gouvernement japonais. Membre de l' International partnership for the hydrogen economy (IPHE), le Japon s'est fixé comme objectif de parvenir à une « société de l'hydrogène » viable, tant techniquement que commercialement. Depuis 2001, des investissements massifs sont consacrés à la R & D dans le domaine de l'hydrogène.

Les transports constituent le secteur d'application privilégié de la technologie à hydrogène, des recherches ayant été entreprises sur les infrastructures de stockage et de distribution pour les véhicules et les moteurs à combustion d'hydrogène. Des objectifs très ambitieux ont été fixés pour 2010 [50.000 véhicules à hydrogène ou pile à combustible et une production de 2,2 giga mégawatts (GMW)] et 2030 (15 millions de véhicules, soit 20 % du parc, et une production de 12,5 GMW, soit 20 % de la production totale d'électricité).

LE JAPAN HYDROGEN AND FUEL CELL DEMONSTRATION PROJECT

Le Japan hydrogen and fuel cell demonstration project (JHFC), regroupant neuf constructeurs japonais et étrangers en un partenariat public-privé, traduit l'implication du gouvernement dans ce secteur, sous l'égide du ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI). Il vise à recueillir les données sur la fabrication d'hydrogène, à évaluer la performance des véhicules et à communiquer vis-à-vis du grand public. Ont ainsi été mis au point un véhicule fonctionnant à l'hydrogène pur et sept recourant à un système alimenté par une pile à combustible, ainsi qu'un réseau de stations d'hydrogène permettant de les alimenter. Cette expérimentation grandeur nature en site urbain, qui s'est accompagnée d'un assouplissement de la loi sur la fourniture d'hydrogène, est toutefois jugée trop limitée par les industriels du secteur.

La délégation a pu visiter le centre JHFC de Yokohama, tester sur route des véhicules à hydrogène et rencontrer le responsable du programme vert de la société Nissan. Rendu public en 2006, ce dernier vise à réduire progressivement à zéro les émissions de C0 2 des véhicules automobiles afin de limiter à deux degrés l'augmentation du niveau moyen de la température au cours du siècle. L'objectif intermédiaire -mettre en service en 2050 des automobiles rejetant 70 % de C0 2 en moins qu'en 2000- implique qu'à cette date, le quart du parc soit constitué de véhicules électriques et un tiers d'hybrides.

A l'heure actuelle, seuls des prototypes de voitures à hydrogène ont été fabriqués. Si la délégation a pu apprécier leurs performances, le passage au stade de la commercialisation pose un certain nombre de problèmes difficiles à surmonter, d'ordre technique et financier. Si Nissan pense parvenir à solutionner les obstacles techniques d'ici 2010, ceux liés aux coûts de fabrication risquent d'être plus longs à résoudre. L'objectif reste toutefois pour le groupe d'être en mesure de fabriquer, en 2015, un véhicule à hydrogène dont le prix ne serait qu'1,2 fois supérieur à celui d'un véhicule classique, ce qui suppose un effort substantiel en termes de subventions publiques.

* 15 On distingue généralement deux grandes catégories de mémoires vives :

- les mémoires dynamiques (DRAM, dynamic random access module). Peu coûteuses, elles sont principalement utilisées pour la mémoire centrale de l'ordinateur ;

- les mémoires statiques (SRAM, static random access module). Rapides mais onéreuses, elles sont notamment utilisées pour les mémoires cache du processeur.

La mémoire flash, quant à elle, est une mémoire à semi-conducteurs, non volatile et réinscriptible, c'est-à-dire possédant les caractéristiques d'une mémoire vive mais dont les données ne se volatilisent pas lors d'une mise hors tension.

* 16 Radio frequency identification.

* 17 La « mécatronique » est la combinaison synergique et systémique de la mécanique, de l'électronique et de l'informatique temps réel. L'intérêt de ce domaine d'ingénierie interdisciplinaire est de concevoir des systèmes automatiques puissants et de permettre le contrôle de systèmes complexes.

* 18 Nouvelles générations de réseaux mobiles et de téléphones permettant un accroissement notable du débit et la commercialisation de nouveaux types de services.

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