D. UNE COOPÉRATION UNIVERSITAIRE ET SCIENTIFIQUE ENCORE TROP LIMITÉE
1. Renforcer l'attractivité de notre système d'enseignement supérieur et de recherche
a) Une insuffisante attractivité par rapport à d'autres pays
L'Inde représente actuellement un vivier considérable de jeunes chercheurs de haut niveau dans les domaines des mathématiques, de l'informatique, du commerce et de la gestion. Issus d'établissements prestigieux, très reconnus au plan international, ils fournissent une main d'oeuvre scientifique recherchée par les plus grands laboratoires du monde anglo-saxon. Ainsi par exemple, le tiers de la recherche effectuée aux États-Unis est le fait d'Indiens.
La France connaît, jusqu'à présent, de grandes difficultés à drainer, même modestement, ces élites. D'après les informations fournies à votre délégation ; notre pays ne constitue pas une destination attractive pour les étudiants indiens.
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cet état de fait, on citera notamment :
- le déficit de l'image universitaire, scientifique et technologique de la France en Inde, la méconnaissance de notre système d'enseignement supérieur ;
- la barrière linguistique et l'absence d'une offre étoffée de formations supérieures universitaires entièrement ou au moins partiellement en anglais ;
- la médiocrité des conditions d'accueil en France (accueil au sens propre du terme, logement, accompagnement, etc.) ;
- les difficultés d'y travailler pour les étudiants étrangers ;
- la non-possibilité jusqu'à cette année pour les jeunes diplômés de rester en France pour une première expérience professionnelle ;
- l'insuffisance du niveau de notre offre de bourses d'études ;
- enfin, nos établissements se montrent souvent réticents à s'engager dans des démarches ou ont des approches jugées peu productives, compte tenu de la suprématie anglo-saxonne.
b) Un niveau modeste de mobilité des étudiants des deux pays
- Les étudiants indiens en France
Le nombre d'étudiants indiens en France est encore modeste comparé aux pays anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie) mais également à l'Allemagne.
Les marges de progression de l'attractivité des étudiants indiens, et parmi eux des meilleurs, restent importantes puisque la France se situe au 7 e rang des pays choisis par les étudiants indiens poursuivant des études supérieures à l'étranger (derrière le Royaume-Uni au 3 e rang et l'Allemagne au 4 e rang).
Après une période de diminution du nombre des étudiants indiens en France (de 200 en 1990 à 150 environ au milieu des années 90), les six dernières années se sont caractérisées par une augmentation continue. En effet, l'effectif des étudiants indiens inscrits a plus que doublé, passant de 185 étudiants en 1999 à 523 en 2005 dans les universités françaises et les IUT.
Mais si le nombre des étudiants indiens en France a considérablement augmenté en six ans, ceci semble être principalement grâce à l'ouverture de cursus anglophones dans les grandes écoles : les écoles d'ingénieurs ainsi que les écoles de commerce et de management.
En effet, en 2005-2006, on comptait plus d'un millier d'Indiens poursuivant des études supérieures en France dans un établissement public ou privé , en tenant compte les jeunes scientifiques en formation doctorale et postdoctorale dans les écoles du réseau de la Conférence des grandes écoles (CGE). On ne connaît cependant pas avec précision le nombre total d'étudiants indiens fréquentant des établissements privés français.
Relevons que ce chiffre reste extrêmement bas, si l'on pense qu'entre 150 et 160 000 jeunes Indiens poursuivent des études à l'étranger...
36 % de ces étudiants étaient inscrits au niveau licence, 41 % au niveau master et 23 % au niveau doctorat.
Les principales disciplines représentées sont les sciences fondamentales et appliquées (24 %) auxquelles s'ajoutent les sciences de la vie et les disciplines médicales (16 %), les lettres, sciences du langage, arts (près de 12 %), les sciences humaines et sociales (10 %), le droit et les sciences politiques (8 %).
- Les boursiers indiens du Gouvernement français
Les bourses constituent un des outils essentiels de notre coopération. Le nombre des boursiers indiens du Gouvernement français est en augmentation continue depuis 5 ans pour s'établir à 326 en 2005 (soit + 52 % depuis 2000 ).
En 2005, 326 Indiens ont bénéficié d'une bourse sur financements français, dont les trois quarts sont des bourses d'étude. Précisons que 117 Indiens ont pu profiter du programme Eiffel depuis sa création en 1999, ce qui place l'Inde au 5 e rang des pays bénéficiaires de ce programme.
La politique de notre pays en matière de bourses privilégie l'excellence et les filières des sciences et de la gestion.
En effet, nous favorisons les étudiants de haut niveau préparant un 2 e cycle, un 3 e cycle ou les postdoctorants ; ces trois groupes représentant 91 % de l'ensemble des boursiers indiens du Gouvernement français et tout particulièrement les formations des étudiants préparant un diplôme de master (75 % des boursiers).
Les étudiants des filières de l'ingénierie et des sciences appliquées sont les premiers bénéficiaires des programmes de bourses puisque ces étudiants représentent 23 % de l'ensemble. Les programmes de bourses ont été restructurés en 2005 par la création d'une commission des bourses. Les actions de coopération universitaire s'articulent autour de trois volets :
- des bourses fléchées permettant d'établir des partenariats avec des établissements français s'engageant à recruter des étudiants indiens et à faciliter leurs études (logement gratuit, réduction des frais d'inscription, etc.) ;
- des bourses à taux partagé destinées à financer partiellement les études des meilleurs étudiants identifiés par les partenaires de notre coopération ;
- et le programme de bourses « Allègre » destiné à des étudiants en formation doctorale ou postdoctorale.
En mai 2006 , un programme de bourses cofinancées par le ministère des affaires étrangères et Thalès (implanté en Inde) a été signé, afin d'attirer davantage d'étudiants indiens en France, notamment ceux des prestigieuses écoles telles l'lndian Institute of Technology (IIT), les Indian Institute of Management (IIM)...
- Les boursiers français en Inde
Chaque année, le Gouvernement indien propose 16 bourses aux étudiants français. La tendance au fléchissement des candidatures dans les deux filières (universitaire et artistique) observée depuis quelques années semble s'être atténuée en 2006.
Par ailleurs, dans le cadre du programme Lavoisier, sur financement français, un petit contingent d'étudiants en formation doctorale ou post-doctorale se porte candidat chaque année.
Il serait souhaitable qu'un nombre plus important d'étudiants, notamment en sciences exactes, effectue une mobilité vers ce pays.
Dans le cadre des bourses du Gouvernement indien, les étudiants français semblent cependant confrontés à deux difficultés : la lourdeur des procédures administratives et le long délai pris par les autorités indiennes pour faire connaître leur agrément. Une simplification des procédures serait donc la bienvenue et elle ne pourrait qu'accroître les effectifs des demandeurs.