b) Les énergies vertes
Comme le souligne un récent rapport de la délégation du Sénat à l'aménagement et au développement durable du territoire 102 ( * ) , l'espace rural paraît bien mieux adapté que les zones urbaines pour valoriser les énergies renouvelables , en particulier pour produire de la chaleur :
(1) Des ressources locales pléthoriques mais sous-exploitées
En premier lieu, les communes rurales disposent d'un bouquet énergétique riche et diversifié :
- la biomasse . Elle représente en France un gisement considérable d'énergie renouvelable. Tout d'abord, la forêt française regorge de potentialités. Avec 15 millions d'hectares, soit 27 % du territoire national, sa superficie a doublé depuis deux siècles en France et continue de croître de 30.000 à 82.000 hectares par an. Or, selon les estimations actuelles, le tiers de l'accroissement annuel de la biomasse forestière n'est pas valorisé . Le potentiel énergétique de l'agriculture est lui aussi considérable eu égard à l'abondance des déchets d'élevage et des sous-produits agricoles (pailles de céréales, tiges de maïs, sarments de vigne ...). Enfin, des cultures énergétiques dédiées sont en train de faire leur apparition. Très répandues en Suède, comme le souligne le rapport 103 ( * ) , ces cultures permettent de pallier l'absence ou l'éloignement des ressources en bois. Plusieurs espèces à croissance rapide peuvent ainsi être utilisées en fonction de la nature des sols et des conditions climatiques : saules, eucalyptus gunni, pins, triticale, miscanthus... Les cultures énergétiques n'occupent aujourd'hui qu'environ 5.000 hectares « expérimentaux » en France, mais les terres disponibles sont nombreuses : bois de ferme, jachères, zones à châtaigniers du Massif central, sols pauvres ... Ainsi les agriculteurs et forestiers d'aujourd'hui pourraient-ils, demain, devenir des producteurs d'énergie ;
- la géothermie . Cette source d'énergie, produite par la chaleur interne de la terre, ne dépend pas des conditions naturelles ou climatiques, ce qui la distingue de la plupart des autres énergies renouvelables (solaire, éolienne ...). Elle assure en France le chauffage d'environ 300.000 habitants, dont la moitié en Ile-de-France, mais dispose d'un potentiel considérable qui pourrait permettre de chauffer plusieurs millions de personnes , notamment dans les bassins parisien et aquitain, où se trouvent des ressources d'eau chaude en profondeur ;
- les déchets . Les collectivités territoriales peuvent récupérer la chaleur produite par les usines d'incinération d'ordures ménagères. La France produit, chaque année, 27 millions de tonnes de déchets ménagers, dont la combustion produit une énergie thermique qui peut être utilement valorisée dans de très bonnes conditions financières dans le cadre de réseaux de chaleur. Par ailleurs, les décharges, les stations d'épuration, les effluents d'élevage et les déchets agroalimentaires produisent de grandes quantités de biogaz, gaz issu de la fermentation anaérobie (en absence d'air et donc d'oxygène) de la matière organique contenue dans les déchets. Ce biogaz, comparable au gaz de ville, peut faire l'objet d'une valorisation énergétique comme combustible (pour produire de l'électricité et/ou de la chaleur) ou carburant. Au total, on estime que le gisement potentiel de biogaz représente en France 10 % de la consommation nationale de gaz naturel ;
- le solaire . L'énergie solaire (thermique comme électrique) peut se développer partout, y compris dans les régions faiblement ensoleillées, et permet d'économiser annuellement jusqu'à 35 % sur le chauffage et 50 % sur l'eau chaude sanitaire.
* 102 Energies renouvelables et développement local : l'intelligence territoriale en action, rapport d'information précité.
* 103 Le rapport cite en exemple les cultures énergétiques mises en place par la ville suédoise d'Enköping, où les rapporteurs se sont rendus.