c) La gendarmerie mobile
Si le maintien de l'ordre a été dès l'origine une mission confiée à la gendarmerie, la création d'une force de gendarmerie spécialisée dans le maintien de l'ordre ne date que de 1921. Jusqu'alors, le maintien de l'ordre « lourd » était assuré par des unités non spécialisées de l'armée de terre.
Depuis cette date, la gendarmerie mobile a connu une montée en puissance progressive de ses effectifs, pour atteindre actuellement environ 16.500 officiers et gendarmes.
Les gendarmes mobiles se distinguent par la couleur jaune de leurs galons, contrairement à la couleur blanche des galons des gendarmes départementaux.
La création de la gendarmerie mobile n'a cependant pas fait apparaître une scission de la gendarmerie en deux organisations distinctes. En effet, cette spécialisation apparaît relative, en raison à la fois des passerelles qui existent au niveau de la carrière d'un gendarme entre la gendarmerie mobile et la gendarmerie départementale et du croisement des missions. Ainsi, la gendarmerie mobile apporte son concours à la gendarmerie départementale, qui, pour sa part, peut participer au maintien de l'ordre.
Ces dernières années, la gendarmerie mobile a amorcé une profonde réorganisation. Cette réforme s'est traduite par la suppression des légions de la gendarmerie mobile au profit de vingt-deux régions, regroupant vingt-six groupements et cent vingt-trois escadrons. L'escadron, unité de base de la gendarmerie mobile, comprend 120 officiers et sous-officiers.
Conformément à la nouvelle doctrine d'emploi, définie par la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) du 29 août 2002, l'emploi des forces mobiles est largement déconcentré. En vertu de cette nouvelle doctrine d'emploi, les escadrons de gendarmerie mobile qui ne concourent pas aux missions nationales (renfort permanent de la zone de défense de Paris, en Corse, en outre-mer et en opérations extérieures) constituent le « reliquat zonalisé ». Leur emploi est planifié et géré au niveau de la région de gendarmerie chef-lieu de zone de défense dans laquelle ils sont implantés. Le commandant de région dispose de ce « reliquat zonalisé » pour assurer la sécurité générale en zone de gendarmerie de son ressort. Agissant en unités constituées jusqu'au niveau du peloton, les escadrons de gendarmerie mobile sont placés sous réquisition générale des préfets de zone et travaillent sous l'autorité du commandant de groupement de gendarmerie départementale.
Si le maintien de l'ordre demeure la vocation première de la gendarmerie mobile, celle-ci est de plus en plus sollicitée au profit des départements les plus sensibles en vue de lutter contre l'insécurité quotidienne. Actuellement, seulement 15 % des activités de la gendarmerie mobile sont consacrées au maintien de l'ordre.
Dans le cadre de ses déplacements, le groupe de travail a effectué une visite au groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM), situé à Versailles Satory. Il s'est entretenu avec plusieurs officiers et gendarmes et a pu examiner les différents équipements dont il dispose.
Créé en 1933, le groupement blindé de la gendarmerie mobile, composé de 1140 officiers et gendarmes, présente la particularité d'être la seule force chargée du maintien de l'ordre à disposer de véhicules blindés (au nombre de 50). En effet, les compagnies républicaines de sécurité ne disposent pas d'un matériel équivalent.
Situé à proximité de la capitale, il est particulièrement chargé de garantir la liberté d'action et la sécurité des organes gouvernementaux. Les pelotons blindés sont régulièrement employés outre-mer et en opérations extérieures. Ainsi, 4 engins sont actuellement déployés au Kosovo. En métropole, ils sont mis en oeuvre lors d'évènements de portée nationale ou de crises nationales (conflit des transporteurs routiers par exemple). Ils constituent une ressource de dissuasion et d'intervention pour les troubles majeurs à l'ordre public dans des situations difficiles (désordre généralisé, usage des armes). En ce sens, le groupement blindé de gendarmerie mobile constitue le stade ultime du maintien ou du rétablissement de l'ordre, avant l'intervention de l'armée. Il offre également une capacité d'intervention face au risque nucléaire, radiologique, biologique ou chimique (NRBC).