2. Un système en phase de mutation
L'embellie économique de la période 1991-1994 a probablement conduit à l'élaboration de scénarios trop optimistes concernant les projections de réforme du système de retraites.
Les coûts de transition de la réforme occasionnés par le passage partiel à un régime financé par capitalisation ajoutés à la crise économique qui affectait fortement le régime de ressources propres du système de retraites conduisirent à une profonde crise de financement. Cette situation a contraint les gestionnaires du système à prendre des mesures drastiques en matière de niveau des pensions.
Par ailleurs, comme le système d'assurance maladie, le système de retraite peine à couvrir l'ensemble de la population. Des initiatives ont donc été prises pour pallier les inégalités les plus flagrantes.
a) L'impact de la crise économique sur le fonctionnement du système de retraite
Le système de capitalisation a été frappé de plein fouet par la crise financière argentine, d'une part parce que ses avoirs étaient majoritairement constitués de titres publics, d'autre part parce que le gouvernement argentin a exercé de fortes pressions sur les fonds de pension pour qu'ils l'aident à trouver les financements nécessaires au paiement des intérêts de la dette publique. La crise a donc eu des répercussions majeures sur le système de prévoyance, en raison notamment de la dévaluation des titres publics. Cette situation est paradoxale puisque l'un des avantages attendus de la capitalisation était sa capacité à protéger les bénéficiaires d'une évolution défavorable des comptes publics.
Les effets de cette crise financière furent amplifiés par l'intégration dans le régime de retraites des agents publics de onze régimes de retraites réservés aux fonctionnaires territoriaux, régimes fortement déficitaires.
Une évaluation des effets de la crise indique que les retraités ont vu leurs prestations réduites de 13 % à partir de 2002.
Outre ces problèmes financiers, le système a connu d'autres difficultés dont la moindre n'est pas le recul marqué de la population couverte au sein de la population âgée.
La couverture de la population active concerne les actifs qui cotisent à l'un des trois régimes de retraite. Ce taux de couverture était déjà peu élevé au moment de la réforme mais il n'a cessé de diminuer entre 1994 et 2001. Les cotisants sont passés de 50 % de la population active à environ 40 % en 2002. Parmi les principales causes de la situation figurent la forte hausse du chômage, la mise en oeuvre d'une politique d'emploi qui permettait d'embaucher de nouveaux travailleurs sans obligation de cotiser à la sécurité sociale et la progression du travail informel.
En 1993, c'est-à-dire avant la crise et la dévaluation du peso, 40 % des retraites étaient inférieures à 150 pesos. En 2006, 60 % des retraites sont inférieures à 470 pesos. Le système de retraites se trouve confronté à un double défi dans les années à venir : assurer une couverture globale des salariés, puisqu'une partie des actifs argentins exercent dans le secteur informel et ne bénéficient pas de couverture sociale, et améliorer le niveau des pensions afin d'améliorer les conditions de vie des retraités.