2. Les entreprises, l'emploi et le chômage
L'année 2005 a vu la confirmation de la reprise de l'investissement amorcée fin 2003, avec une croissance de la formation brute de capital fixe à 4,2 % en 2004 et 3,7 % en 2005. Le taux d'investissement en volume s'est redressé de plus d'un point depuis le point bas atteint début 2003. Il s'élève au deuxième trimestre 2006 à 18,6 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières, soit un niveau équivalent à celui de 2001, avant que les entreprises ne subissent le contrecoup de l'explosion de la bulle Internet. Le taux de croissance de l'investissement productif continuerait à progresser en 2006 et 2007 respectivement à 4 % et 3,5 %, soit à des rythmes proches de ceux observés depuis 2004 mais encore loin de ceux de la fin des années 1990 (8,5 % par an en moyenne entre 1998 et 2000).
Du côté du marché du travail, fin 2005, le
taux de chômage a atteint 9,6 %, soit 0,4 point de moins qu'un an
auparavant, avec une croissance du PIB de 1,0 % en glissement. Pourtant, en
2004, une plus forte croissance du PIB, de 2,0 % en glissement, n'avait
engendré une baisse que de 0,1 point. Trois raisons expliquent une telle
différence. Cette plus forte baisse du chômage (-102 300,
contre -10 000 en 2004) provient d'abord des plus nombreuses
créations d'emplois marchands (94 000, contre 18 000 en 2004),
liées au cycle de productivité. Elle s'explique également
par de moindres réductions des effectifs en emplois aidés non
marchands (-39 800, contre
-95 600 en 2004). Ce changement de cap
résulte de la mise en oeuvre du plan de cohésion sociale qui
remplace partiellement les emplois jeunes et les CES-CEC par de nouveaux
contrats aidés (les contrats d'avenir et les contrats d'accompagnement
à l'emploi). Enfin, l'évolution de la population active
observée (37 700, au lieu de 40 000 en 2004) semblerait
également jouer un rôle et poursuivrait un mouvement global de
ralentissement amorcé depuis plusieurs années.
La baisse du chômage se poursuivrait en 2006 (-245 000 personnes) et ralentirait en 2007 (-143 200), en raison d'une croissance plus faible (2,0 % en glissement, après 2,9 % en 2006) qui génère en conséquence moins de créations d'emplois marchands (129 300, après 204 600 en 2006). Ce ralentissement résulterait également de l'épuisement des effets du plan de cohésion sociale.
(1) Scénario central
Les principales caractéristiques du compte des entreprises et de l'évolution de l'investissement sont reprises dans le tableau ci-dessous :
8 - Principales caractéristiques du compte des entreprises
En volume, en % |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Taux d'investissement |
18.3 |
18.5 |
18.6 |
18.9 |
19.3 |
19.7 |
20.1 |
16.9 |
17.6 |
19.2 |
Investissement |
3.8 |
3.5 |
3.3 |
5.0 |
5.1 |
4.6 |
4.6 |
3.5 |
3.5 |
4.3 |
Taux d'autofinancement |
67.9 |
67.7 |
66.7 |
67.6 |
67.3 |
66.9 |
66.6 |
89.0 |
88.3 |
67.1 |
Taux de marge |
36.9 |
36.8 |
36.5 |
36.5 |
36.5 |
36.3 |
36.3 |
39.4 |
38.2 |
36.5 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Dans le scénario central, une croissance de l'activité de 2,2 % annuelle nécessite également un soutien de la part des entreprises. La croissance de l'investissement devrait être soutenue notamment au cours des deux premières années (2009-2010). Cela se traduit par une hausse sensible du taux d'investissement (0,4 point chaque année), qui s'établirait au-delà des 20 % de la valeur ajoutée en 2011, niveau encore jamais atteint.
9 - Emploi et Chômage
Variations |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Emploi total (milliers) |
67 |
183 |
170 |
183 |
167 |
173 |
171 |
84 |
234 |
175 |
Emploi salarié marchand (en %) |
0.3 |
0.8 |
1.0 |
1.0 |
0.9 |
0.9 |
0.9 |
0.5 |
1.4 |
0.9 |
Emploi salarié non mar. (en %) |
0.0 |
0.5 |
-0.1 |
0.1 |
0.0 |
-0.1 |
-0.1 |
1.7 |
0.8 |
0.1 |
Population active (en %) |
0.4 |
0.6 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.2 |
0.2 |
0.4 |
0.7 |
0.4 |
Taux de chômage (BIT) |
9.9 |
9.2 |
8.5 |
8.3 |
8.1 |
7.8 |
7.5 |
10.4 |
10.4 |
8.6 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Retenant 1,7 % comme hypothèse de progression annuelle de la productivité du travail et une progression de la population active de 0.2-0.3 % par an, la croissance permettrait de créer suffisamment d'emplois (175 000 en moyenne annuelle) pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et donc faire baisser le taux de chômage. Ce dernier s'établirait à 7,5 % en 2011.
Encadré 2 : Quel bouclage du marché du travail |
Selon la dernière projection de population active fondée sur les recensements de 2004-2005, la population active aurait progressé de 188 200 personnes en 2005 (tableau 8), contre 27 000 selon la projection d'avril. En 2006 et en 2007, la population active connaîtrait une progression de respectivement 233 400 et 132 700 personnes. Le ralentissement de la population active lié au départ en retraite des baby-boomers, qui devait avoir lieu à partir de 2006, débuterait plus tôt en raison du dispositif de retraite anticipée mis en place en 2004 : selon les comptes de la sécurité sociale, le nombre de bénéficiaires de cette mesure serait de 112 200 en 2004, de 100 400 en 2005, de 105 000 en 2006 et de 95 000 en 2007. Malgré la poursuite des réductions d'effectifs en préretraites et en formation, l'effet des retraits d'activité deviendrait légèrement négatif en 2007 (-9 300) en raison de la montée en puissance de la convention de reclassement personnalisée (+ 16 000 en 2006 et + 23 000 en 2007).
L'évolution de cette population active potentielle est ainsi supérieure de 150 500 personnes à celle de la population active observée. Une telle divergence peut s'expliquer par une sous-estimation soit de l'évolution du chômage, soit de celle de l'emploi. En 2005, la baisse du chômage est confirmée par les résultats de l'enquête emploi et est peu influencée par d'éventuels non renouvellements d'inscription à l'ANPE. Cela nous amène à envisager une éventuelle sous-estimation des créations d'emplois.
Projection de population active
Variations, en fin d'année
glissement annuel |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006* |
2007* |
(1) Population active potentielle |
192,1 |
157,8 |
157,9 |
188,2 |
233,4 |
132,7 |
(2) Population active tendancielle |
195,1 |
203,5 |
146,8 |
161,2 |
179,4 |
106,2 |
(3) Effet de flexion |
-28,7 |
-47,1 |
2,0 |
20,5 |
54,3 |
35,8 |
(4) Effet retrait d'activité |
25,7 |
1,5 |
9,1 |
6,6 |
-0,3 |
-9,3 |
(5) Population active observée |
258,7 |
220,7 |
40,0 |
37,7 |
4,9 |
-17,8 |
(6) Défaut de bouclage = (5) - (1) |
66,6 |
62,9 |
-117,9 |
-150,5 |
-228,6 |
-150,5 |
Sources : INSEE et Ministère du travail; prévision OFCE
Légende : L'effet de flexion correspond à l'entrée sur le marché du travail d'inactifs, en cas de baisse du chômage. Les retraits d'activité comprennent les préretraites et les formations. En revanche, l'effet des retraites anticipées des personnes ayant effectué des carrières longues est pris en compte dans la population active tendancielle. |
(2) Scénario « d'impulsion neutre »
Dans l'hypothèse d'une reprise économique plus forte, liée à une impulsion budgétaire moins restrictive, l'effort demandé aux entreprises serait moindre. Le taux d'investissement progresserait certes mais à un rythme moins spectaculaire (0,2 point par an contre 0,4 dans el compte central).
8bis - Principales caractéristiques du compte des entreprises
En volume, en % |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Taux d'investissement |
18.3 |
18.5 |
18.6 |
18.9 |
19.1 |
19.3 |
19.6 |
16.9 |
17.6 |
18.9 |
Investissement |
3.8 |
3.5 |
3.4 |
4.8 |
4.7 |
4.2 |
4.4 |
3.5 |
3.5 |
4.2 |
Taux d'autofinancement |
67.9 |
67.7 |
66.7 |
67.9 |
66.6 |
65.9 |
65.1 |
89.0 |
88.3 |
66.7 |
Taux de marge |
36.9 |
36.8 |
36.5 |
36.5 |
36.2 |
36.0 |
35.9 |
39.4 |
38.2 |
36.4 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
L'emploi repartirait plus rapidement et à un rythme proche de celui observé au cours de la dernière décennie (240 000 créations par an sur la période contre 175 000 dans le scénario central) ce qui permettrait une forte décrue du chômage, dont le taux atteindrait 6,5 % en 2011 (tableau 9bis). La population active se rapprocherait donc de celle en âge de travailler au fur et à mesure que le plein emploi se rapproche. En effet, en période de ralentissement de l'activité et d'augmentation du chômage, des actifs potentiels peuvent renoncer à se présenter sur le marché du travail (« travailleurs découragés », allongement de la durée des études....) ; inversement, en période d'amélioration conjoncturelle, des personnes jusque-là découragées se présentent sur le marché du travail, entraînant ainsi une évolution de la population active observée supérieure dans le scénario de croissance plus élevée.
9bis - Emploi et Chômage
Variations |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Emploi total (milliers) |
67 |
183 |
172 |
257 |
244 |
231 |
231 |
84 |
234 |
220 |
Emploi salarié marchand (en %) |
0.3 |
0.8 |
1.0 |
1.2 |
1.3 |
1.3 |
1.0 |
0.5 |
1.4 |
1.1 |
Emploi salarié non mar. (en %) |
0.0 |
0.5 |
-0.1 |
0.5 |
0.1 |
-0.2 |
0.5 |
1.7 |
0.8 |
0.2 |
Population active (en %) |
0.4 |
0.6 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.2 |
0.2 |
0.4 |
0.7 |
0.4 |
Taux de chômage (BIT) |
9.9 |
9.2 |
8.5 |
8.0 |
7.5 |
7.0 |
6.5 |
10.4 |
10.4 |
8.1 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
(3) Scénario alternatif
Dans ce scénario, le taux d'investissement reste quasi stable, à un niveau inférieur à 19 % de la valeur ajoutée. Il en va de même du taux de marge et du taux d'autofinancement des entreprises.
8ter - Principales caractéristiques du compte des entreprises
En volume, en % |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Taux d'investissement |
18.3 |
18.5 |
18.6 |
18.7 |
18.9 |
18.9 |
18.9 |
16.9 |
17.6 |
18.7 |
Investissement |
3.8 |
3.5 |
3.3 |
3.3 |
4.3 |
2.2 |
2.2 |
3.5 |
3.5 |
3.2 |
Taux d'autofinancement |
67.9 |
67.7 |
66.7 |
68.1 |
67.5 |
67.0 |
67.0 |
89.0 |
88.3 |
67.3 |
Taux de marge |
36.9 |
36.8 |
36.5 |
36.6 |
36.4 |
36.3 |
36.3 |
39.4 |
38.2 |
36.5 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Les créations d'emplois seraient dans un premier temps faible et ne permettraient qu'une baisse infime du chômage (baisse de 0 ,2 point au cours des années 2008-2009). En fin de période, les créations d'emploi seraient plus dynamiques (214 000 créations par an sur la période), ce qui engagerait à nouveau le taux de chômage dans une phase de forte décrue. Au final, le taux de chômage atteindrait 7,5 % en 2011 (tableau 9ter), niveau identique à celui projeté dans le scénario central.
9ter - Emploi et Chômage
Variations |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
86-95 |
96-05 |
06-11 |
Emploi total (milliers) |
67 |
183 |
170 |
116 |
157 |
218 |
210 |
84 |
234 |
160 |
Emploi salarié marchand (en %) |
0.3 |
0.8 |
1.0 |
0.6 |
0.9 |
1.0 |
1.0 |
0.5 |
1.4 |
0.8 |
Emploi salarié non mar. (en %) |
0.0 |
0.5 |
-0.1 |
0.1 |
-0.1 |
0.5 |
0.5 |
1.7 |
0.8 |
0.2 |
Population active (en %) |
0.4 |
0.6 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.2 |
0.2 |
0.4 |
0.7 |
0.4 |
Taux de chômage (BIT) |
9.9 |
9.2 |
8.5 |
8.5 |
8.3 |
7.9 |
7.5 |
10.4 |
10.4 |
8.5 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Graphique 4. Taux d'investissement des entreprises dans le scénario...
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Graphique 5. Taux de chômage dans le scénario...
En %
Sources : INSEE, prévisions OFCE.