C. LES CHANGEMENTS EN COURS
1. Le développement de l'offre de jeux à distance
L'offre de jeux à distance n'utilise pas seulement le canal d'internet, mais aussi un média plus ancien, la télévision, et un moyen de télécommunication encore plus récent, le téléphone portable.
Focalisant ses analyses sur le web, le rapport de 2001 avait déjà évoqué, à ce propos, une « explosion de l'offre » (p. 241), ainsi que de sérieuses menaces de concurrence à l'égard des opérateurs traditionnels.
Il aurait donc été possible de voir aujourd'hui, dans l'essor attendu des jeux sur internet, la confirmation d'une tendance ancienne plutôt que l'émergence d'un fait nouveau.
Pourtant, l'essentiel des changements liés à ce phénomène est à venir, ce qui explique qu'ils soient traités dans la présente partie de ce rapport, sous leurs aspects économiques.
Il s'agit d'une évolution certes de la plus grande importance, par sa rapidité, mais dont les conséquences actuelles ne doivent pas pour autant être exagérées.
a) Un essor considérable
Le rapport précité de l'institut suisse de droit comparé de Lausanne considère, dans sa partie économique, que le marché européen des jeux à distance se trouve toujours dans une phase de développement préliminaire, avec des taux de croissance qui, toutefois, restent spectaculaires mais ne sont plus exponentiels 82 ( * ) .
Il prévoit que celui-ci devrait passer de 9 milliards de dollars en 2004, à 25 milliards de dollars en 2010.
Il estime que l'ensemble des dépenses de consommation correspondantes (internet + télévision interactive + téléphone portable) était compris entre 2 et 3 milliards d'euros en 2004 et croît rapidement.
Il observe que le rythme du développement futur de ces activités dépendra étroitement de l'évolution de leur cadre juridique (voir chapitre suivant), ainsi que de celle des technologies et de la demande.
Dans le premier scénario de base, modéré, qui a été construit, les revenus des jeux augmenteraient, de 2003 à 2010, de 22,4 % (comme le PIB).
La part de marché des paris et des jeux en ligne progresserait (ces derniers bénéficiant du développement de l'offre de parties de poker et de celle des loteries et des casinos traditionnels autorisés à être présents sur le web).
Dans un premier scénario alternatif, les opérateurs de jeux en ligne, autorisés à pénétrer des marchés actuellement protégés, connaîtraient une croissance annuelle de 20 % de leur chiffre d'affaires.
Dans un deuxième scénario de libéralisation plus poussée, (suivant l'expérience australienne), la dépense globale de jeux doublerait, en pourcentage du PIB, et la rente des opérateurs anciens serait diminuée de 16 %.
Selon Jupiter Research, le marché européen, particulièrement dynamique, des paris sportifs en ligne, pourrait, en ce qui le concerne, passer de 3,2 milliards d'euros en 2005 à 7 milliards de revenus en 2009.
Le marché mondial des jeux d'argent en ligne est estimé actuellement à 12 milliards de dollars (9,5 millions d'euros), la part des Etats-Unis étant de près de la moitié. 2000 entreprises seraient concernées, dont les plus connues sont les britanniques PartyGaming, 888.com, Sporting bet, l'autrichienne Bwin et la suédoise Unibet.
Les principales entreprises de jeu en ligne
|
|
|
Chiffre d'affaires
|
PartyGaming* |
Britannique |
Poker, jeux de casinos |
768 |
888. com* |
Britannique |
Poker, jeux de casinos |
213 |
Sporting bet |
Britannique |
Paris sportifs, casinos et poker |
72 |
Unibet |
Suédoise |
Paris sportifs |
64 |
Bwin |
Autrichienne |
Paris sportifs et jeux de casinos et poker |
33 |
* basées à Gibraltar
Source : Le Figaro du 9 octobre 2006
* 82 2000 : 162,5 %
2001 : 233,33 %
2002 : 55,7 %
2003 : 31,1 %
2004 : 20,5 %
2005 : 13,5 %