2. Une implication croissante et coûteuse dans l'animation culturelle
L'exemple le plus récent d'implication forte et innovante d'un casino dans le domaine de la culture est incontestablement celui de la Ville du Havre et du groupe Partouche.
Dans le cadre du cahier des charges que la ville a signé pour l'ouverture du casino du Havre, le groupe a accepté le financement d'une « Biennale d'art contemporain présentant un caractère international ».
Ce financement, fixé à 0,5 % du PBJ du futur casino, dégage, pour une première édition volontairement modeste, un budget de 800.000 euros.
Les exigences de la ville sont précises : il s'agit d'une manifestation pluridisciplinaire, visant les spécialistes aussi bien que le grand public et inscrite dans la durée (c'est-à-dire les 18 ans du contrat de délégation).
Le déploiement qualitatif des moyens paraît impressionnant, et il s'agit là d'un partenariat public-privé tout à fait digne d'attention. La Biennale du Havre est sûrement promise à un grand succès puisqu'elle a déjà ses détracteurs, ce qui en matière de culture, est de bon pronostic !
Mais comme le journal Libération du 1 er juin 2006 le détaille, il y a bien d'autres manifestations qui bénéficient du soutien des groupes de casinos :
- Enghien-les-Bains (groupe Barrière), 40 spectacles par an pour près d'un million d'euros et un festival de Jazz depuis 2000 ;
- Barrière soutient aussi les festivals de cinéma de Cannes et de Deauville et l'Opéra de Bordeaux (bourses de la Fondation Diane et Lucien Barrière) ;
Pour sa part, l'autre groupe ténor, qui appartient à Patrick Partouche, ne dépense pas moins de 20 millions d'euros pour des manifestations artistiques de qualité, au rang desquelles il faut certainement mettre le festival d'Aix-en-Provence, celui du film documentaire de Val André ou celui de musique de chambre de La Roche Posay.
Comme l'a prévu la loi de finances pour 1995, les établissements de jeux bénéficient d'un abattement fiscal pouvant atteindre 5 % de leurs revenus, s'ils contribuent à des « manifestations culturelles de qualité ».
Une commission ad hoc vérifie cette caractéristique.
Tout ce qui précède recoupe et explique les commentaires plus ou moins acides des opérateurs sur les « exigences des maires » évoquées plus haut.