b) Les obstacles à l'accès à l'emploi des parents isolés
(1) L'impératif de la garde des enfants conduit des mères isolées à renoncer à une activité professionnelle
Mme Nicole Roth, sous-directrice de l'Observation de la solidarité à la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement, a précisé à la délégation que les mères de familles monoparentales renonçaient à leur activité professionnelle plus fréquemment que les mères en couple . Elle a fait observer que le recours à une garde payante était aussi fréquente, que les mères de familles monoparentales combinaient davantage des modes de garde formels et informels, tels que la famille ou les voisins, et qu'elles utilisaient aussi plus souvent les centres aérés et les garderies, qui sont moins coûteux.
Comme le démontrent les statistiques, l'accès aux modes de garde est un enjeu crucial pour faciliter le retour à l'emploi : seules les mères de famille monoparentale ayant un seul enfant de plus de 3 ans sont aussi souvent en emploi que les mères en couple dans le même cas. Le nombre d'enfants exerce ainsi un impact plus fort sur l'activité des mères de famille monoparentale que sur celle des mères en couple, de même que la présence d'un enfant de moins de 3 ans. Seules 54 % des mères de famille monoparentale ayant un enfant de moins de 3 ans ont ainsi un emploi, contre 71 % des mères de jeunes enfants en couple . Des analyses « toutes choses égales par ailleurs » confirment que la présence d'enfants en bas âge réduit particulièrement la probabilité d'emploi des femmes de famille monoparentale.
L'attention de la délégation a également été attirée sur le fait que des freins d'ordre psychologique sont à prendre en considération dans les démarches d'accompagnement vers l'emploi : la peur de laisser les enfants seuls et d'être tenue pour responsable face au père et à la société si un problème ou un accident arrivait, reste un obstacle majeur à la réinsertion professionnelle de nombreuses femmes qui ont intégré, pour des raisons culturelles et sur un mode identitaire, l'idée qu'un statut de « bonne mère » passait inévitablement par un investissement permanent auprès des enfants. Sur ce point, les réseaux associatifs conduisent de nombreuses actions pour favoriser l'exercice de la coparentalité et faire prendre conscience que les compétences parentales ne relèvent pas de la différence biologique des sexes. Des représentants de parents isolés ont également insisté sur la nécessité d'aborder la question des rythmes de vie et celle de la prise en charge de la petite enfance, la France paraissant accuser un certain retard dans ce domaine, ce qui accentue les difficultés quotidiennes des familles monoparentales.