(2) 30 % des familles sont monoparentales dans les quartiers urbains sensibles
La monoparentalité apparaît souvent comme un phénomène urbain . « Faut-il en conclure qu'en cas de passage à la monoparentalité, les femmes tendraient à partir vers la ville alors que les hommes resteraient davantage là où ils vivent et travaillent déjà ? » . Les travaux de recherche conduits sous l'égide de la Caisse nationale d'allocations familiales 23 ( * ) posent la question.
Sur le terrain, les membres de la délégation ont pu constater à quel point l'absence de réseau de transport renforce l'isolement des mères à la tête d'une famille . Plus que d'autres, les familles monoparentales pauvres vivent dans des espaces de vie géographiquement restreints et ont une exigence de proximité au quotidien.
La disponibilité d'un réseau de transport adéquat ou de solidarités locales permettant de pallier son absence est fondamentale, surtout pour les mères qui ne disposent pas de véhicule personnel, notamment en milieu rural.
En tout état de cause, les familles monoparentales sont nombreuses dans les quartiers sensibles . En particulier, les structures familiales des quartiers en zones urbaines sensibles (ZUS) sont caractérisées par la sur-représentation des familles monoparentales et des familles nombreuses. Dans son Atlas des contrats de ville 2000-2006, la Délégation interministérielle à la ville indique que, parmi les quelque 730.000 familles résidant en ZUS et ayant au moins un enfant de moins de 25 ans, près de 30 % sont monoparentales contre 17,4 % au plan national , cette spécificité s'étant accusée au cours de la dernière décennie. Ces familles monoparentales qui habitent en zones urbaines sensibles se distinguent des autres par plusieurs traits qui sont souvent associés à une plus grande vulnérabilité : elles ont en moyenne plus d'enfants à charge, l'adulte responsable est plus souvent jeune ; dans près de 9 familles monoparentales sur 10, cet adulte est une femme et la moitié d'entre elles n'ont pas d'emploi.
(3) Des consommations restreintes aux produits de base et des inquiétudes pour la santé des mères isolées
L'enquête permanente sur les conditions de vie des ménages montre qu'en 2004, 5 % de la population française n'a « pas les moyens financiers de manger de la viande, du poulet ou du poisson tous les deux jours » . Ces ménages se trouvent surtout chez les inactifs et les employés, dans les tranches d'âge des moins de 30 ans et des 40-59 ans. Ce sont plutôt des familles monoparentales ou des personnes seules, vivant plus fréquemment dans des villes de grande et moyenne taille du pourtour méditerranéen, du Sud-Ouest, du Bassin parisien et du Nord. Selon la même source, dans 3 % des ménages, « il arrive qu'une personne passe une journée sans prendre au moins un repas complet par manque d'argent, au cours des deux dernières semaines » .
La distribution par poste de dépense des différents produits consommés varie peu selon le revenu, sauf pour quelques produits ; la différenciation entre ménages s'opère ainsi pour d'autres raisons : la marque, la qualité, la diversité et la quantité des produits consommés.
Les ménages dont l'alimentation est « pauvre en fruits et légumes » sont très majoritairement ceux qui disposent de bas revenus. Dans la période récente, plusieurs éléments semblent indiquer une dégradation à cet égard : les enquêtes du Centre de recherches pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) portant sur l'ensemble de la population montrent que les achats de fruits frais se sont réduits de 3 % en valeur entre 2001 et 2003. Cette évolution, qui est préoccupante sur le plan sanitaire, s'explique pour partie par l'impact sur les prix des produits frais de conditions climatiques défavorables en 2003 et 2004.
Concernant la densité nutritionnelle de l'alimentation, les femmes adultes issues de ménages défavorisés présentent une densité de leur ration en certaines vitamines anti-oxydantes plus faible que celle des femmes adultes de revenu plus élevé. De même, d'autres études ont montré que cette plus faible densité nutritionnelle coïncide avec la prévalence plus importante de pathologies cancéreuses et cardiovasculaires observée parmi les populations défavorisées.
La pauvreté n'est donc pas sans conséquences sur la santé des mères isolées.
* 23 Dossier d'étude n° 54 précité