b) La perception différente de la beau-parentalité selon le sexe
Alors que, selon l'expression de Laurent Toulemon 13 ( * ) , « la maternité est le plus souvent définie par référence à la relation biologique qui unit une mère à l'enfant qu'elle porte puis met au monde », tandis que « la paternité [...] doit toujours être construite », il apparaît que la beau-parentalité, c'est-à-dire les relations qui s'établissent entre un homme ou une femme et le ou les enfants de son conjoint, n'est pas vécue de la même manière par les hommes et les femmes. Les hommes et les femmes s'adaptent différemment à la multiplication des ruptures conjugales.
Telles sont les conclusions de l'enquête « Étude de l'histoire familiale » précitée.
Ainsi, entre 1975 et 1998, le nombre moyen de beaux-enfants élevés par les femmes augmente, de 0,04 à 0,06, mais le nombre moyen de beaux-enfants élevés par les hommes est beaucoup plus important et augmente bien plus puisqu'il triple au cours de la même période, passant de 0,06 à 0,21 bel-enfant élevé en moyenne par homme. Ainsi, 12,7 % des hommes et 4,5 % des femmes élevaient des beaux-enfants en 1998.
En outre, la relation entre beau-père et bel-enfant est beaucoup plus souvent vécue comme une relation « parentale » par les hommes que par les femmes. Comme l'écrit Laurent Toulemon, « à une maternité exclusive et permanente, de la naissance des enfants à leur départ du domicile maternel, s'oppose une paternité moins durable, fragilisée en cas de rupture du couple parental, mais plus souvent riche de beaux-enfants élevés ».
Ainsi, quand les parents ne vivent plus ensemble et que le parent gardien est à nouveau en couple, les enfants élevés par leur père et leur belle-mère quittent plus tôt le domicile parental que ceux qui sont élevés par leur mère et leur beau-père. Les enfants élevés par une belle-mère le sont généralement à partir d'un âge plus tardif que les enfants élevés par un beau-père. La moitié des hommes élevant des beaux-enfants vivent avec eux pendant 14 ans ou plus, tandis que la durée médiane de co-résidence est de moins de 10 ans pour les femmes, la « beau-paternité » durant ainsi, en moyenne, plus de trois ans de plus que la « beau-maternité ».
* 13 Sous la direction de Cécile Lefèvre et Alexandra Filhon, Histoires de familles, histoires familiales. Les résultats de l'enquête Famille de 1999, chapitre 3, Enfants et beaux-enfants des hommes et des femmes, Les cahiers de l'INED n° 156, 2005.