B. UNE LITTÉRATURE EXCESSIVEMENT PESSIMISTE
Au vu des expériences étrangères et des évolutions récemment intervenues en France (v. infra) , il est difficile de souscrire sans réserves à ces conclusions, dont , au demeurant, la complétude n'apparaît pas entièrement satisfaisante .
On ne peut valider l'idée qu'il existerait une dynamique naturelle du crédit essentiellement déterminée par la demande et qui ne serait que transitoirement perturbée par les changements du contexte réglementaire. L' industrie du crédit opère sur un marché où les conditions dans lesquelles s'exprime l'offre impacte fortement la demande .
En outre, sans mésestimer les risques macroéconomiques associés à une hausse de l'endettement , il importe de ne pas assimiler toute augment ation des dettes des agents privés à une dérive de l'endettement . De la même manière, il ne faut pas mésestimer les avantages macroéconomiques et en termes de bien-être des ménages résultant d'un large accès au crédit .
L' approche du surendettement , qui relève des risques micro-économiques du crédit, pour devoir être attentive ne doit pas fausser la perception globale du crédit. Drames individuels, les situations de surendettement relèvent d'une vigilance individuelle et ne peuvent être rattachées à l'existence d'un risque de système.
1. La dynamique du crédit dépend du contexte réglementaire mais aussi de l'innovation bancaire et du degré de la concurrence dans le secteur
Les analyses dont on a rendu compte retiennent pour principale explication de la dette des ménages la demande que ceux-ci exprimeraient compte tenu d'un lien naturel entre la demande de crédit et quelques grandes variables supposées caractériser leur situation financière. Tout au plus, reconnaissent-elles à des modifications réglementaires un impact mais qui est seulement transitoire.
Le constat de profondes différences nationales dans la situation d'endettement des mén ages, que les écarts existant dans leur position économique ne justifient pas , désarme ces analyses .
Mais, ces différences sont alors mises au compte rapidement de différences culturelles. Sans nier que celles-ci puissent jouer, il faut pourtant relever l'imprécision de l'argumentaire.
Le marché du crédit aux particuliers est un marché où la puissance des offreurs ne peut être mésestimée . Il est par conséquent justifié de s'interroger sur leurs comportements et la responsabilité qu'ils prennent dans la dynamique du crédit aux ménages .
En premier lieu, les constats empiriques montrent que la dynamique du crédit n'apparaît pas déterminée par la seule existence d'une période accidentelle d'apprentissage des banques.
L' observation selon laquelle le contexte réglementaire est un facteur structurel de l'offre de crédit paraît plus pertinente . Et, dans le présent rapport on s'attache à mesurer le poids de ce contexte sur la dynamique du crédit aux particuliers.
Par ailleurs, il n'est pas seul en cause . Ainsi, si la suppression de l'encadrement au crédit a, sans doute, créé un mouvement de ressaut, les données disponibles montrent que l'essor du crédit aux ménages peut prendre une réelle intensité indépendamment de telles évolutions réglementaires.
Si le « décontingentement » réglementaire du crédit a été favorable à sa dynamique et à la croissance, il faut aussi mesurer l' enjeu d'un autre « décontingementement », celui qui peut résulter d'une évolution des pratiques bancaires sous l'effet notamment d'une intensification de la concurrence.