PARTIE I - LE NICKEL ET LA NOUVELLE-CALÉDONIE : DEUX HISTOIRES PROFONDÉMENT IMBRIQUÉES
I. LE NICKEL DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : UN MINERAI RARE AU COURS ELEVÉ
A. L'UTILISATION DU NICKEL DANS L'INDUSTRIE MONDIALE
1. La découverte du nickel
Même s'il semble que les chinois aient, les premiers, découvert les possibilités d'utilisation du nickel, avec notamment un alliage de métal blanc ancien appelé « paktong » et composé de nickel, de cuivre et de zinc, le nickel, sous sa forme brute, aurait été découvert au XVII ème siècle dans les montagnes de Saxe. Les mineurs allemands tentent alors, en vain, de traiter un minerai de couleur rouge, croyant qu'il pouvait contenir du cuivre. Face à leur échec, ils baptisent ce minerai du nom de « kupfernickel », qui signifie « cuivre du diable ». Il faut attendre 1751 pour que la chimiste suédois Axel Fredrik Cronstedt identifie un nouvel élément métallique tiré d'un minerai très semblable au « kupfernickel » allemand. En souvenir du nom traditionnel, il lui donne le nom de « nickel ».
Une brève histoire du nickel « Il y a dix milliards d'années au centre d'une étoile massive, la contraction des atomes de fer libère une énergie colossale : c'est la mort d'une étoile sous la forme d'une supernova. L'onde de choc chauffe l'enveloppe de l'étoile à plusieurs milliards de degrés provoquant de nouvelles réactions thermonucléaires. C'est ainsi que naquit le nickel, synthétisé uniquement lors de ces épisodes dramatiques de nucléosynthèse explosive. Le nickel créé est ensuite emporté avec les gaz éjectés par l'explosion . [..] « Environ six milliards d'années plus tard, la Terre achève sa formation en capturant des milliers de corps de tailles diverses qui tombent à sa surface. Dans le même temps, les éléments chimiques les plus lourds, dont le nickel, s'enfoncent lentement sous la surface. En quelques centaines de millions d'années, l'essentiel du nickel est concentré au coeur de la Terre . « La superposition de deux plaques tectoniques, il y a 40 millions d'années, engendre la remontée en surface de matériau du manteau terrestre. Dans certaines régions, telle la Nouvelle-Calédonie, de gigantesques poches de péridotites, riches en fer et en magnésium mais contenant assez peu de nickel, affleurent. Sous l'action du climat tropical humide, les minerais sont attaqués. Comme le nickel est moins soluble que le magnésium, il reste dans les minéraux, tandis que le magnésium est dissous. Cet enrichissement relatif aboutit à des minéraux argileux qui contiennent jusqu'à 20 % de nickel. Ce mécanisme a donné naissance aux gisements exploités aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie ». Source : Institut de la statistique et des études économiques de Nouvelle-Calédonie, notes et documents n° 87, juin 2002 |
2. Un métal aux utilisations variées et primordial pour l'industrie
Le nickel est, à l'heure actuelle, principalement utilisé dans les alliages , dont il constitue un élément primordial .
Répartition des débouchés par secteur d'utilisation
(en %)
Utilisation |
Proportion |
Aciers inoxydables |
68 |
Alliages non ferreux |
10 |
Placage |
8 |
Fonderie |
4 |
Autres alliages pour l'acier |
4 |
Autres |
6 |
Source : secrétariat de la CNUCED, d'après les données statistiques du groupe d'étude international du nickel
La principale utilisation du nickel reste la fabrication des aciers inoxydables (nickel et chrome mêlés au fer), ainsi que les superalliages destinés à la construction aéronautique ou les aciers réfractaires 2 ( * ) dans les industries chimiques et pétrochimiques.
Un autre débouché « historique » du nickel reste les pièces de monnaie , où les qualités de malléabilité et de résistance du produit sont particulièrement appréciées. Ainsi, on trouve du nickel dans les pièces américaines, canadiennes, et dans les pièces d'un et de deux euros.
En conséquence, le nickel est un métal particulièrement utilisé dans toutes les industries métallurgiques. Il convient de remarquer que, faisant partie des métaux dits « de transition » 3 ( * ) , le nickel pourrait être remplacé par d'autres éléments : il est utilisé principalement en raison de son faible coût d'extraction et de traitement par rapport aux autres solutions techniquement envisageables à ce jour.
* 2 Ces aciers conservent leur propriété à des températures allant de 700° C à 1000° C, sans se dégrader par oxydation.
* 3 En termes chimiques, ces métaux, dont le nickel, couvrent les périodes allant de IIIb à IIb sur la classification périodique des éléments.