CHAPITRE
IX
50e anniversaire de la première séance
de
l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale
(Strasbourg - 23
juin 2005) (3
(
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))
Cette session inaugurale s'étant tenue à Strasbourg, c'est dans l'hémicycle de l'Assemblée du Conseil de l'Europe que s'est déroulée la cérémonie de commémoration :
Ouverte par M. Stef GORIS, Président de l'Assemblée de l'UEO - Assemblée interparlementaire européenne de sécurité et de défense, et présidée par lui, la cérémonie a été commencée par une allocution de M. René VAN DER LINDEN, Président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, également membre de l'Assemblée de l'UEO.
Puis, les personnalités suivantes se sont adressées à l'Assemblée :
- M. Jaap DE HOOOP SCHEFFER, Secrétaire général de l'OTAN (ancien membre de l'Assemblée),
- M. Terry DAVIS , Secrétaire général du Conseil de l'Europe (ancien membre de l'Assemblée),
- M. Marcel GLESENER , Président du Groupe fédéré des démocrates-chrétiens et des démocrates européens,
- M. Mike HANCOCK , Président du Groupe libéral,
- M. Jean-Pierre MASSERET , Président du Groupe socialiste, Vice-Président de l'Assemblée de l'UEO et Président délégué de la Délégation française à cette Assemblée.
Enfin, les contributions des P résidents honoraires de l'Assemblée de l'UEO ont permis d'évoquer l'histoire de l'Union de l'Europe occidentale et de sa branche parlementaire, avec les allocutions de MM. Jean-Marie CARO (1984-1987), Charles GOERENS (1987-1990), Hartmut SOELL (1992-1993), Sir Dudley SMITH (1993-1996), Lluis Maria de PUIG (1997-1999), Klaus BÜHLER (2000-2002), Jan Dirk BLAAUW (2003), et Armand DE DECKER (2003-2004), Ministre de la coopération au développement de Belgique.
La clôture de cette journée a été marquée par la réception offerte par Mme le Sénateur Fabienne KELLER , Maire de Strasbourg, M. le Sénateur Philippe RICHERT , Président du Conseil général du Bas-Rhin, et M. Robert GROSSMANN , Président de la Communauté urbaine de Strasbourg.
Parmi les interventions prononcées dans l'hémicycle de Strasbourg, on reproduit ci-dessous celles de M. Jaaf De Hoop-Scheffer, Secrétaire général de l'OTAN, et M. Armand De Decker, Ministre de la coopération au développement de Belgique, s'exprimant en qualité d'ancien Président de l'Assemblée de l'UEO.
A. ALLOCUTION DE M. JAAP DE HOOP-SCHEFFER, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'OTAN
M. DE HOOP SCHEFFER s'est réjouit de l'occasion qui lui est donnée de s'adresser aux participants à cet anniversaire. Ayant eu le privilège de siéger, de 1987 à 1994, au sein de la délégation néerlandaise à l'UEO, il a beaucoup apprécié de travailler dans cette enceinte.
Comme il l'a dit tout à l'heure devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, il faut toujours s'efforcer d'encourager la démocratie parce que les démocraties ne se font pas la guerre. Mais la démocratie est un défi permanent. Les événements du 11 septembre n'ont pas amené la population à s'intéresser beaucoup plus aux questions de sécurité. Informer le public est donc une tâche difficile, qui incombe en premier lieu aux parlementaires qui doivent faire le lien entre les décisions politiques et la population. Les avatars récents du Traité constitutionnel montrent qu'on ne sensibilise jamais assez la société aux grands enjeux.
Le premier grand défi auquel chacun est confronté est de bien comprendre la nature des opérations militaires dans un nouvel environnement stratégique. S'il est facile de dire que l'environnement de sécurité a été profondément modifié après l'effondrement du Pacte de Varsovie et le 11 septembre, on ne fait que commencer à mesurer la portée de ces bouleversements et on rencontre encore des gens qui ne voient pas le lien entre ce qui se passe par exemple en Afghanistan et leur propre sécurité.
Tous ces éléments me donnent à penser que nous devons faire beaucoup plus pour recueillir le soutien du public, en expliquant clairement les raisons qui motivent nos actions, sans prétendre qu'il existe des solutions faciles. Nous devons démontrer, avec conviction et cohérence, que nos nouvelles missions sont aussi essentielles à la sécurité de nos citoyens que le rôle dissuasif que nos forces jouaient pendant la Guerre froide. Nos citoyens sont tout à fait capables de faire la différence entre un argument solide et un argument superficiel. Ce dont ils ont besoin, ce qu'ils méritent, c'est d'entendre la vérité sur la difficulté de ces nouveaux engagements opérationnels.
En tant que parlementaires et en tant que membres de cette assemblée, vous avez une responsabilité particulière à cet égard, car vous êtes les mieux informés en matière de défense et de sécurité. Voilà pourquoi votre voix est tellement importante et je vous encourage vivement à la faire entendre, à expliquer à nos citoyens pourquoi la projection de la stabilité est devenue une condition préalable de notre sécurité, pourquoi nous devons aborder les nouveaux défis de sécurité à la source, pourquoi la coopération entre l'Europe et l'Amérique du nord est essentielle si nous voulons relever ces défis et pourquoi cette tâche nécessite des moyens sensiblement différents de ceux que nous avons employés dans le passé.
J'en viens au deuxième grand défi sur lequel je veux appeler votre attention: il s'agit de faire comprendre que de nouvelles capacités militaires sont nécessaires. Les nouvelles missions que nous confions à nos forces nécessitent des capacités militaires modernes. Aujourd'hui, les forces qui restent conçues essentiellement pour assurer la défense du territoire sont inappropriées et gaspillent des ressources déjà limitées. En revanche, nos forces doivent être capables de réagir rapidement, et pouvoir être déployées sur de longues distances et sur une longue période. Nous avons besoin d'une combinaison de forces capables à la fois de mener des missions de combat de forte intensité et d'effectuer des travaux de reconstruction après un conflit, parfois simultanément.
Une fois encore, chers amis, soyons honnêtes: ces forces coûtent chères et nécessitent des investissements. Nous savons tous qu'il est beaucoup plus facile de plaider publiquement en faveur d'investissements pour les écoles ou les hôpitaux. M. le ministre Dedecker, mon cher ami Armand, le sait, et je le sais également ayant été membre d'un Gouvernement: Mesdames, Messieurs, préconiser une augmentation des dépenses en matière de défense ne vous rendra pas beaucoup plus populaires. Pourtant, je pense que cela doit être fait.
M. DE HOOP SCHEFFER ajoute que les parlementaires peuvent faire beaucoup pour que les ressources nécessaires soient allouées aux politiques de sécurité. Il leur appartient aussi de surveiller les dépenses et de persuader leur gouvernement de mettre les moyens nécessaires à la disposition des missions spécifiques. Il incombe aux gouvernements de définir les politiques de sécurité, mais les parlementaires ont à leur rappeler, comme à la population, l'importance des problèmes qui se posent. Ils doivent aussi expliquer des menaces de plus en plus complexes.
Il est particulièrement important de faire en sorte que les jeunes générations continuent à porter les valeurs qui ont été défendues dans les enceintes internationales depuis des décennies. Les Assemblées parlementaires et l'Otan doivent les y aider, c'est une tâche difficile et il faut rendre hommage à tous ceux qui s'y attèlent.
Enfin, M. DE HOOP SCHEFFER a conclu en remerciant les anciens Présidents pour le travail accompli et en souhaitant un bon cinquantième anniversaire à l'UEO.
* (3) Un ouvrage a été édité spécialement par l'Assemblée de l'UEO : « Le débat sur la défense européenne 1955-2005 ».