N° 392
SÉNAT
SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 10 juillet 2003 |
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) par la mission d'information (2) chargée d'étudier la diffusion de la culture scientifique ,
Par Mme Marie-Christine BLANDIN et M. Ivan RENAR,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : M. Jacques Valade, président ; MM. Ambroise Dupont, Pierre Laffitte, Jacques Legendre, Mme Danièle Pourtaud, MM. Ivan Renar, Philippe Richert, vice-présidents ; MM. Alain Dufaut, Philippe Nachbar, Philippe Nogrix, Jean-François Picheral, secrétaires ; M. François Autain, Mme Marie-Christine Blandin, MM. Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Jean-Louis Carrère, Gérard Collomb, Yves Dauge, Mme Annie David, MM. Fernand Demilly, Christian Demuynck, Jacques Dominati, Jean-Léonce Dupont, Louis Duvernois, Daniel Eckenspieller, Mme Françoise Férat, MM. Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Michel Guerry, Marcel Henry, Jean-François Humbert, André Labarrère, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Serge Lepeltier, Mme Brigitte Luypaert, MM. Pierre Martin, Jean-Luc Miraux, Dominique Mortemousque, Bernard Murat, Mme Monique Papon, MM. Jacques Pelletier, Jack Ralite, Victor Reux, René-Pierre Signé, Michel Thiollière, Jean-Marc Todeschini, Jean-Marie Vanlerenberghe, André Vallet, Marcel Vidal, Henri Weber.
(1) Cette mission d'information est composée de : M. Pierre Laffitte, président ; Mme Marie-Christine Blandin, M. Ivan Renar, rapporteur ; MM. Jean-Claude Carle, Pierre Martin, Jean-Marie Vanlerenberghe, membres titulaires ; MM. Michel Guerry, Philippe Richert, membres suppléants .
Culture. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
La démocratie nécessite la généralisation du savoir. Le Sénat en est convaincu et depuis plus de dix ans agit en conséquence. Car l'exercice de la liberté demande de comprendre le monde tel qu'il se présente et la société telle qu'elle évolue.
Dès 1993, le Sénat avait constitué, à l'initiative notamment de M. Pierre Laffitte et de M. Maurice Schumann, alors président de la commission des affaires culturelles, une mission commune d'information sur l'accès au savoir par la télévision 1 ( * ) .
Dans le même esprit, la commission des affaires culturelles, sous la présidence de M. Jacques Valade, a créé, lors de sa réunion du 5 décembre 2001, une mission d'information sur la diffusion de la culture scientifique, présidée par M. Pierre Laffitte et dont les rapporteurs sont M. Ivan Renar et Mme Marie-Christine Blandin. Ceci procède de la même conviction car les rapports successifs de la commission des affaires culturelles sur la recherche regrettent que ce point ne soit pas l'objet d'une réflexion suffisante, même si des crédits non négligeables lui sont affectés.
Un fossé se creuse entre les experts et le grand public. Ce dernier vit dans une société qui dépend de plus en plus des sciences et des techniques. L'organisation de la vie quotidienne, l'évolution rapide de l'organisation sociale de notre planète, la rapidité d'apparition d'innovations techniques affectent tout un chacun.
On profite de certains aspects du progrès et de ses innovations notamment dans le domaine médical bien sûr, mais aussi dans la vie quotidienne : télévision, usage aisé de l'automobile, téléphonie mobile, etc. Mais on reste souvent très incompétent sur les conditions de l'évolution qui conduit à ces innovations.
Les problématiques globales, liées à la mondialisation d'une part, au développement durable d'autre part, ne sont ni appréhendées ni comprises. C'est que les composantes scientifiques, techniques et économiques sont indispensables pour comprendre nos sociétés et leur évolution et, le cas échéant, pour pouvoir influer sur leur cours de façon pertinente.
Ainsi le problème de l'effet de serre et ses conséquences climatiques que nombre de spécialistes tentent d'expliquer et de montrer, implique une action de la population et un changement de comportement face à la consommation de l'énergie sous toutes ses formes (transport, chauffage, électricité, etc.).
Les problèmes de société tels que thérapie génique, procréation assistée, organismes génétiquement modifiés (OGM), énergie nucléaire, rayonnement électromagnétique de la téléphonie mobile, occupent une part importante du débat public et politique.
Les débats sont passionnés mais ne reposent que trop rarement sur des connaissances précises des risques et des contraintes qui se superposent aux aspects éthiques.
Un point positif : la demande d'information précise se développe, donc un besoin accru de diffusion de la culture scientifique de base dans l'ensemble de la population, c'est-à-dire une diffusion de proximité, partout. Il faut donc informer à la fois sur les bases scientifiques des innovations, sur l'évolution des connaissances et de la situation dans le monde contemporain.
Le public souhaite comprendre. Il ne peut être tenu à l'écart et maintenu dans l'ignorance. Faute de quoi, face à des choix qui lui échappent, face aux discours ésotériques de certains experts, il risque de développer un sentiment de rejet systématique.
Ceci débouche sur un nouvel obscurantisme qui peut être source de tous les dangers. Nous risquons de régresser par rapport au siècle des lumières, et les extrémismes voire les terrorismes en profitent.
Notre mission a beaucoup travaillé. Elle a procédé à de nombreuses auditions pour recueillir les idées et les points de vue de tous les acteurs de la diffusion des connaissances et de la culture dans le domaine des sciences et des techniques et de leurs résultats.
Il s'agissait de responsables du monde de l'éducation et de grands organismes parisiens spécialisés, du tissu associatif, des responsables des grands organismes de recherche, des universités, des grandes écoles, des académies. Elle a auditionné les responsables des divers médias télévisuels.
La mission a consulté différents organismes et des groupes industriels (l'annexe 2 donne leur liste).
Elle a organisé en septembre 2002 un colloque centré sur les institutions et associations régionales et locales avec plus de 100 participants (l'annexe 3 dresse le compte rendu du colloque).
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Au mois de juin 2002, notre mission a dressé un premier constat très général et en a informé le Gouvernement, vu l'urgence.
Ces constats ont amené la commission des affaires culturelles à formuler, dès le 25 juin 2002, sur proposition de la mission d'information, une première série de recommandations :
- la première invitait le Gouvernement à considérer la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle comme une priorité nationale, et les principaux ministères concernés à préciser les actions qu'ils lui consacrent ; elle proposait en outre la création d'une fondation ayant vocation à apporter son appui aux initiatives et aux projets locaux ;
- la seconde prônait le développement de l'action territoriale de la Cité des Sciences, et incitait le Gouvernement à insister sur cet aspect de sa mission, dans la lettre qu'il devait adresser au futur président de l'établissement ;
- la troisième recommandait une amélioration de la place des émissions scientifiques dans les programmes des télévisions hertziennes ;
- la quatrième recommandait la création de prix et de distinctions récompensant les initiatives les plus fructueuses en matière de diffusion scientifique.
Ces recommandations conservent toute leur actualité.
* 1 Rapport d'information n° 17 (1993-1994) de M. René Trégouët au nom de la mission commune d'information relative à l'accès au savoir par la télévision, présidée par M. Pierre Laffitte.