2. L'exemple des engagés initiaux de courte durée dans la Marine
Confrontée à la professionnalisation des armées, la Marine a choisi de remplacer les appelés qui assuraient des tâches peu qualifiées et n'offrant pas de perspectives de carrière dans la marine, par des engagés en contrat court d'une durée de deux ans (ECCM - Engagé Contrat Court Marine). En effet, habituellement, les jeunes qui s'engagent dans la marine, signent un contrat de huit ans renouvelable.
L'originalité du dispositif tient au fait que pour pourvoir ces postes, la Marine a choisi de faire appel à des jeunes en difficulté. Elle a ainsi conclu un accord-cadre le 3 juillet 1996 avec la Délégation interministérielle à l'insertion des jeunes (DIIJ), afin que les missions locales d'insertion (MLI) fassent connaître ce dispositif et assurent une présélection des candidats.
La Marine a cependant été confrontée à d'importantes difficultés dans les premiers temps , en raison notamment de candidats trop inadaptés à l'environnement militaire. Ces difficultés paraissent en grande partie surmontées aujourd'hui grâce à une meilleure sélection des candidats et à la réduction des postes offerts impliquant le port d'armes. D'autres difficultés ont dû être résolues pour intégrer convenablement le dispositif dans la politique de ressources humaines et assurer la motivation des personnels.
Le dispositif contrat court est aujourd'hui stabilisé. Pour mieux illustrer les changements opérés, la marine en a changé le nom . Ils sont désormais dénommés EICD - Engagés initiaux de courte durée . Les éléments suivants ont été modifiés :
- durée du contrat : 3 ans au lieu de 2 , avec une période probatoire de 6 mois plus affirmée,
- renouvellement possible du contrat, dans la limite de deux fois, soit un engagement maximal de 9 ans,
- la possibilité, pour les plus méritants, de s'engager à long terme en intégrant la filière normale d'engagement de longue durée : les EILD (engagés initiaux de longue durée).
Après une période de montée en puissance qui a conduit à recruter jusqu'à 1 500 jeunes en 2001, la marine est désormais dans une phase de renouvellement. Elle recrute 700 jeunes par an .
Quatre types d'emplois sont proposés, deux embarqués, deux à terre. Les formules à terre ont été adaptées car moins attractives et plus délicates. Le recrutement a été réduit et régionalisé.
- Agent d'exploitation à bord des bâtiments (restauration, secrétariat, peintre, magasinier) - 350 par an ;
- manoeuvrier de pont d'envol - 135 par an ;
- opérateur de protection (sécurité des bases, contrôle et filtrage des personnels, patrouille) - 145 par an ;
- marin-pompier dans les ports et les bases aériennes - 70 par an.
Pour donner les meilleures chances possibles de succès à ces jeunes dans la Marine et leur permettre de se réinsérer par la suite dans la vie active, l'employeur militaire a mis en place une politique de formation et de suivi en partie personnalisée. Les jeunes suivent, après leur engagement, une formation de base de quatre semaines suivie de trois à sept semaines de spécialisation en fonction de la filière choisie. Par la suite, durant le contrat, des cours sont dispensés dans les unités, notamment pour lutter contre l'illettrisme, et un suivi régulier est effectué par un tuteur afin d'évaluer la progression et l'apprentissage des savoirs-faire à travers un « Livret de compétences ». Le tuteur pratique une pédagogie par objectifs à travers des entretiens trimestriels. L'accompagnement pour la reconversion débute un an avant la fin du contrat, le projet professionnel devant être identifié quatre mois avant le terme.
A l'issue du contrat, 69 % des engagés sont réinsérés : 56 % ont un emploi et 13 % sont en formation (11 % ne répondent pas aux demandes de renseignement). 72 % trouvent une solution d'insertion dans leur département d'origine, 8 % dans leur région et 20 % au niveau national. 40 % disposent d'un CDI, 51 % d'un CDD.