B. PLACEMENTS COMPORTANT UNE PART DE RISQUE DU POINT DE VUE DE L'ÉPARGNANT
Comptes d'associés : il s'agit d'un mode de financement des PME, TPE et autres « start-up » ; il est difficile de dire que ce « placement » ne supporte pas de risque ; des fluctuations assez importantes sont enregistrées d'une année à l'autre avec des extrêmes allant de 13 à 5 milliards d'encours au cours de la période ; le poids relatif dans le patrimoine financier reste évidemment très modeste et en baisse à partir de 1998 par rapport aux trois premières années de la période.
Actions cotées : la valeur du portefeuille passe de 75 mds d'euros fin 1995 à 137 mds fin 2000, soit une croissance annuelle moyenne de près de 13% : elle est entièrement due à l'augmentation des prix puisqu'on a vu ci-dessus que la moyenne des achats nets sur ces 5 années avait été négative. Les souscriptions ont cependant été très importantes en 2000, c'est-à-dire au plus haut des indices, juste avant le « retournement des marchés ». En 2001, le reflux du portefeuille est de 15% seulement (-22% pour le CAC40). La part du portefeuille d'actions cotées dans le total du patrimoine financier reste étonnamment modeste puisqu'elle na franchi que rarement la barre des 5% (1997 et 2000).
Actions non cotées : on sait qu'il s'agit d'un poste que nous avons beaucoup réduit en encours et en flux, par rapport aux publications officielles ; pourtant, entre 1995 et 2000, la croissance annuelle de ce portefeuille est de 27% par an, ce qui est le résultat de la conjonction de souscriptions nettes positives et de réévaluations favorables. Le reflux observé en 2001 est proche de 20%, soit pratiquement l'évolution du CAC40 : la mesure des réévaluations de ce poste n'est pas non plus sans poser quelques problèmes.
En fin de période, le poids relatif du portefeuille d'actions non cotées est 2,2 fois plus important que celui du portefeuille d'actions cotées, un rapport que l'on retrouve au moins de façon approchée dans d'autres pays européens.
Autres participations : la croissance de ce poste est d'un peu plus de 10% par an, avec une belle régularité ; il s'agit en fait des fonds propres des SARL et sociétés autres que les S.A.. En fin de période le poids relatif dans le patrimoine des ménages est de 5,3% contre 4,4 % en début de période.
OPCVM actions et diversifiés : la croissance annuelle de ce poste est de plus de 15% entre 1995 et 2000, avant le reflux de 2001. Ce poste culmine à 5% du patrimoine total en 2000 (contre 3,7% fin 1995) avant de retomber à 4,6% en 2001. Au sein des OPCVM généraux leur part a considérablement crû entre 1995 et 2000, dans le cadre de la substitution aux OPCVM obligataires décrite plus haut.
FCPE : il s'agit du poste le plus important d'épargne salariale avec un support actions majoritaire important (les trois cinquièmes fin 2000, sans compter les supports OPCVM). La croissance annuelle moyenne est de près de 24% entre 1995 et 2000 : elle est le résultat conjoint de flux de versements relativement importants et de la bonne tenue des marchés boursiers. Le reflux de 2001 reste modéré (-6,5%) ; en fin de période, cette rubrique ne dépasse cependant pas 2% de l'ensemble du patrimoine financier des ménages (1,1% en début de période).
Supports en unités de compte des contrats d'assurance vie : leur part dans le total passe de 1,3% fin 1995 à 5,4% en 2000 ; il s'agit donc d'une forte croissance due à la fois à des versements en rapide augmentation et à la bonne tenue des marchés 2001 a stoppé cette croissance.
Tableau 20 - Patrimoine financier des ménages français 1995-2001, encours en %
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
||
AF21 |
Monnaie et billets |
2.2 |
2.0 |
1.9 |
1.8 |
1.7 |
1.6 |
1.1 |
AF22 |
Dépôts transférables |
9.7 |
8.9 |
8.5 |
7.7 |
8.0 |
7.6 |
8.3 |
AF293 |
Epargne contractuelle |
10.4 |
11.4 |
11.9 |
11.6 |
10.7 |
9.9 |
9.8 |
AF92 |
Autres dépôts |
17.7 |
16.0 |
15.3 |
14.5 |
12.7 |
12.5 |
13.4 |
AF3 |
Titres hors actions |
5.5 |
4.9 |
3.6 |
3.5 |
2.8 |
2.5 |
2.5 |
AF4 |
Crédits |
1.6 |
1.6 |
1.7 |
1.0 |
1.0 |
1.1 |
1.2 |
AF429 |
Autres prêts à long terme |
1.4 |
1.4 |
1.4 |
0.7 |
0.7 |
0.9 |
1.0 |
AF429-1 |
dont participations bloquées |
0.4 |
0.4 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.3 |
0.3 |
AF429-2 |
dont comptes d'associés |
0.6 |
0.5 |
0.6 |
0.2 |
0.2 |
0.3 |
0.2 |
AF429-3 |
autres prêts à long terme |
0.4 |
0.6 |
0.4 |
0.2 |
0.2 |
0.3 |
0.4 |
AF511 |
Actions cotées |
4.4 |
5.0 |
5.3 |
4.8 |
5.0 |
5.3 |
4.5 |
AF512 |
Actions non cotées |
5.4 |
6.7 |
7.8 |
9.7 |
12.6 |
12.1 |
9.8 |
AF513 |
Autres participations |
4.4 |
4.5 |
4.4 |
4.5 |
4.4 |
4.8 |
5.3 |
AF521 |
Titres d'O.P.C.V.M. monétaires |
3.8 |
2.5 |
1.7 |
1.4 |
1.3 |
1.1 |
1.3 |
AF522(a) |
Titres d'O.P.C.V.M. actions et diversifiés |
3.7 |
3.8 |
3.6 |
3.9 |
4.6 |
5.0 |
4.6 |
AF522(b) |
Titres d'O.P.C.V.M. obligataires et garanties |
3.1 |
2.9 |
2.6 |
2.6 |
1.8 |
1.5 |
1.6 |
AF523 |
Titres de fonds d'investissement divers |
2.0 |
1.9 |
2.1 |
2.3 |
2.6 |
2.8 |
2.7 |
AF523-1 |
- FCPE |
1.1 |
1.2 |
1.4 |
1.6 |
2.0 |
2.2 |
2.0 |
AF523-2 |
- SCPI |
0.6 |
0.5 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.3 |
0.3 |
AF523-3 |
- Autres |
0.2 |
0.3 |
0.4 |
0.4 |
0.3 |
0.3 |
0.3 |
AF61-1 |
Assurance-vie support euro et bons de capitalisation |
17.9 |
19.0 |
20.3 |
20.2 |
19.0 |
19.2 |
20.7 |
Assurance vie support unités de compte |
1.3 |
1.8 |
2.3 |
3.0 |
4.5 |
5.4 |
5.4 |
|
AF61-2 |
Fonds pension |
1.1 |
1.3 |
1.4 |
1.6 |
1.4 |
2.0 |
2.2 |
AF62 |
Réserves primes et sinistres |
3.0 |
2.8 |
2.7 |
2.7 |
2.7 |
2.8 |
2.8 |
AF7 |
Autres comptes à recevoir ou à payer |
2.8 |
2.9 |
2.8 |
3.0 |
3.2 |
3.0 |
2.9 |
AF98 |
Total |
100.0 |
100.0 |
100.0 |
100.0 |
100.0 |
100.0 |
100.0 |
AF21 |
Total millions d'euros |
1 713 802 |
1 874 405 |
2 036 092 |
2 202 671 |
2 494 070 |
2 584 816 |
2 581 927 |
Source : comptes nationaux, calculs BIPE
Si l'on fait la somme de tous les « actifs à risque » dans le patrimoine financier des ménages, l'évolution sur la période est forte : fin 1995, la part que représentent tous ces actifs à risque est à 21% du total ; elle gagne 14 points en 5 ans pour dépasser les 35% à la fin de l'année 2000, puis commence à refluer nettement en 2001 pour retomber à 32%. Fin 2002, cette part est à coup sûr repassée au-dessous de 30%.
Tableau 21 - Evolution de la part des « actifs risqués » dans le patrimoine financier des ménages (en %)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|
Actifs risqués |
21.0 |
23.4 |
25.4 |
27.8 |
33.4 |
35.1 |
31.9 |
Actifs non risqués |
79.0 |
76.6 |
74.6 |
72.2 |
66.6 |
64.9 |
68.1 |
Total |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
Source : comptes nationaux, calculs BIPE
Encadré 1 - Les différentes composantes de l'épargne salariale Les composantes principales de l'épargne salariale sont au nombre de trois : |
Ø les FCPE sur lesquels sont placées la plus grande partie des PEE et une bonne partie de la participation ; |
Ø la participation placée sur les comptes courants bloqués dans les entreprises et rémunérés à un taux minimum égal au taux de rendement moyen des obligations émises par les sociétés privées (publication par le Ministère de l'Economie au début de chaque semestre) ; |
Ø la détention directe par les salariés d'actions de sociétés cotées et non cotées dans lesquelles ils travaillent (hors PEE, hors FCPE), mais éventuellement dans un PEA. Le premier poste est assez facile à obtenir puisque les encours sur FCPE font l'objet d'une publication régulière de la part de l'AFG-ASFFI. A la fin 2001, ce poste s'élevait à 53 189 millions d'euros (contre 54 768 millions d'euros, soit une baisse de près de 3%). Le second poste n'est pas directement publié, mais peut être obtenu de la Banque de France: entre 1995 et 2000, il était le plus souvent au-dessus de 7 milliards d'euros ; fin 2001, une estimation de notre part le fait ressortir à 7,2 milliards. Quant au troisième poste, il est sans doute relativement important, mais il est très difficile à chiffrer. L'Observatoire de l'actionnariat salarié en Europe donne pour la France en 2000 un montant de 40 milliards d'euros pour les seules sociétés cotées, soit 2,6% de la capitalisation boursière des 791 entreprises interrogées. Pour un portefeuille d'actions cotées détenu directement par les ménages qui restent inférieur à 140 milliards d'euros fin 2000 (source : BDF), ce chiffre de 40 milliards, même en incluant les stock-options, paraît très peu vraisemblable. Notre démarche estimative est la suivante : l'enquête Actifs financiers INSEE permet d'estimer, pour l'année 2000, le nombre de salariés détenteurs d'actions en direct de la société (cotée ou non cotée) dans laquelle ils travaillent à environ 1,2 millions 38 ( * ) . Il faut probablement situer la moyenne des portefeuilles assez haut car on a affaire à une distribution très dissymétrique : d'un côté on a ici aussi bien les stock-options que les portefeuilles considérés comme « professionnels » au sens de l'ISF et qui sont parfois fort élevés, de l'autre, une très forte majorité de portefeuilles qui peuvent ne pas dépasser les 5 000 ou 6 000 euros. On signale que le montant moyen des encours sur FCPE par salarié concerné ressort à quelque 12 500 euros à fin 2000. Si l'on retient un portefeuille moyen de 20 000 euros par salarié fin 2000 pour les actions détenues en dehors des formes de l'épargne salariale, on a probablement plutôt affaire à un majorant. En rapprochant cette moyenne des 1,2 millions de détenteurs, on parvient alors à un portefeuille maximum de 24 milliards d'euros pour les entreprises cotées et non cotées. On est donc très loin de l'évaluation de l'OASE. L'estimation que nous retenons représente 5,5 % du portefeuille d'actions cotées et non cotées détenu fin 2000 par les « résidents » de France. A la fin de 2001, compte tenu de la chute des marchés, le portefeuille pourrait être tombé à moins de 20 milliards d'euros. Finalement, si l'on fait la somme des trois composantes que nous venons de passer en revue, on parvient donc à environ 80 milliards d'euros fin 2001, soit 3,1% du total du patrimoine financier des ménages ; cela n'est pas négligeable, mais reste tout de même modeste. |
* 38 L'enquête est conduite sur les ménages, mais nous avons fait un calcul approximatif pour passer des ménages aux individus.