§ EFFETS SUR LE SYSTÈME FINANCIER LUI MÊME

Le niveau du rapport actifs totaux du secteur financier sur PIB est un indicateur de la taille des marchés financiers, mais aussi du potentiel pour une structure d'intermédiation différenciée. Sans exception, le ratio actifs/PIB a doublé dans les quatre économies concernées ; le niveau du Royaume-Uni est un reflet de la position de Londres comme un centre financier global, mais résulte aussi du fait que les fonds pension et les assureurs y sont hautement développés.

Si on regarde la structure des actifs du secteur financier (les banques centrales comprise), on voit que ceux-ci sont concentrés sur les crédits et titres mobiliers (obligations et actions). En 2000, les obligations et les actions comptent pour plus de 40% des actifs totaux en Italie ; pour les trois autres, cet part est inférieure a 40% mais toutefois considérable. Dans toutes les économies concernées, le ratio des crédits tend à diminuer, très fortement dans certains cas comme la France.

Au total, cela reflète la « titrisation » de l' intermédiation financière. D'un côté, ceci représente une évolution du financement vers des relations dans lesquelles l'information publique joue un rôle central en contraste avec la relation essentiellement privée qui caractérise la relation banque/entreprise. Au total, même quand l'innovation financière qui accompagne le processus peut rendre les marchés opaques jusqu'à un certain degré, la titrisation représente une transparence du marché plus importante.

Tableau 3 - Europe : Actifs des secteurs financiers 1980-2000 (en % du total)

Royaume-Uni

Allemagne

France

Italie

Monnaie et dépôts

1980

17.9

4.0

30.4

20.9

1990

30.1

6.2

28.1

19.4

1998

27.3

12.7

26.0

12.3

2000

27.6

12.6

25.1

12.6

IMM

1980

2.4

0.4

1.8

7.4

1990

4.6

0.4

7.3

3.4

1998

3.6

0.3

8.7

2.4

2000

3.3

0.6

8.7

0.9

Crédits

1980

56.1

78.4

53.0

43.2

1990

36.3

69.3

43.0

50.2

1998

26.5

49.0

26.5

40.2

2000

27.2

44.9

23.7

41.3

Obligations

1980

12.1

11.3

4.9

20.9

1990

9.3

15.8

12.0

19.5

1998

16.0

22.4

16.5

28.7

2000

7.0

20.0

14.6

24.4

Actions

1980

10.0

2.4

3.7

1.7

1990

18.1

4.7

5.5

5.9

1998

24.2

12.2

15.5

14.8

2000

24.1

15.6

20.8

18.5

Fonds mutuels

1980

1.4

0.0

0.0

0.0

1990

1.7

1.6

2.1

0.0

1998

2.4

3.3

4.7

0.6

2000

2.3

5.9

6.6

1.5

Reserves banque centrale (or monétaire et SDRs)

1980

n/d

3.4

6.3

5.8

1990

n/d

2.0

2.0

0.6

1998

n/d

0.1

0.6

0.9

2000

n/d

0.5

0.5

0.8

Total en % du PIB

1980

213.2

162.0

202.7

152.3

2000

625.6

347.7

409.7

239.9

Source : Byrne et Davis 2002

Les actifs des investisseurs institutionnels tendent à croître en tandem avec l'expansion des actifs du secteur financier en général ; l'accumulation élevée des ressources financières dans l'économie va de pair avec une croissance de l'intermédiation financière par les zinzins. Concernant les fonds pension et l'assurance vie, le Royaume-Uni est plus avancé que les autres, car le démarrage de la croissance du secteur est arrivé plus tôt. L'explication de cela est assez simple ; le taux de remplacement du système de retraite par répartition au Royaume-Uni est faible (couramment autour de 30% et prévu en baisse vers 25%). L'implication ici c'est que les ménages n'ont pas le même niveau de « patrimoine social » que les économies continentales où le taux de remplacement est plus élevé , conduisant à une demande soutenue pour des produits d'épargne contractuelle destinés à soutenir les revenus de la retraite. En conséquence, les fonds mutuels, en général perçus comme plus risqués à court terme, sont moins développés par rapport au PIB.

En revanche, la répartition des actifs institutionnels entre assurance-vie/fonds pension et fonds d'investissement dans les économies continentales est plutôt inversée. En France, les fonds d'investissement arrivent à un ratio actifs/PIB qui est comparable à celui des assureurs-vie et des fonds pension ; en Italie, les actifs des fonds d'investissement sont bien supérieurs à cette épargne contractuelle. La conclusion qu'on est tenté de tirer ici c'est qu'un taux de remplacement par le système de sécurité sociale plus élevé, permet aux ménages continentaux de diriger leur épargne vers des produits plus liquides car non contractuels, généralement risqués et d'une durée de détention relativement courte par rapport à l'assurance vie et les fonds pension .

Tableau 4 - Europe : Actifs des investisseurs institutionnels 1980-2000
(en % du PIB)

Royaume-Uni

Allemagne

France

Italie

Assurance-vie et fonds pension

1980

36.7

19.5

7.6

2.5

1990

89.6

33.9

18.4

6.9

1998

166.2

48.1

58.7

17.5

2000

168.2

55.9

69.3

22.6

Fonds mutuels

1980

5.7

N/d

n/d

n/d

1990

11.6

9.2

30.4

3.6

1998

25.5

28.1

45

34.9

2000

32.4

40.4

60.6

41.4

Source : Byrne et Davis 2002

Les conséquences générales pour le secteur bancaire sont clairement visibles dans le tableau 5 ; sous la pression concurrentielle des zinzins 86 ( * ) , la structure des actifs bancaires dans les économies continentales à évolué de plus en plus vers les actions et les fonds mutuels, ce qui n'a pas été le cas au Royaume-Uni.

Tableau 5 - Europe : Actifs du secteur bancaire, 1980-2000 (en % du total)

Royaume-Uni

Allemagne

France

Italie

Monnaie et dépôts

1980

25.0

0.5

31.2

23.0

1990

38.0

0.3

35.1

27.0

1998

33.7

8.4

36.1

17.0

2000

34.9

9.0

35.0

16.2

IMM

1980

2.5

0.4

1.9

8.4

1990

5.8

0.5

3.5

4.3

1998

4.8

0.4

10.5

2.2

2000

4.2

0.8

9.3

0.7

Prêts

1980

69.1

83.4

55.9

36.3

1990

49.9

80.7

54.1

46.5

1998

44.6

61.7

33.8

57.2

2000

45.8

59.5

32.3

58.9

Obligations

1980

2.0

10.1

2.5

24.0

1990

4.8

13.3

5.1

18.3

1998

11.7

20.7

7.7

17.6

2000

7.0

19.5

7.6

14.6

Actions

1980

0.0

1.6

1.9

1.5

1990

1.4

2.4

1.6

1.6

1998

2.3

6.4

9.2

5.4

2000

2.9

7.9

13.3

7.9

Fonds mutuels

1980

1.3

0.0

0.0

0.0

1990

0.0

0.3

0.6

0.0

1998

0.0

2.2

1.3

0.1

2000

0.1

2.7

1.9

0.3

Reserves BC (or monétaire et SDRs)

1980

n/d

3.9

6.6

6.9

1990

n/d

2.5

N/d

2.3

1998

n/d

0.2

0.8

1.4

2000

n/d

0.6

0.7

1.3

Total en % du PIB

1980

134.6

142.5

193.0

128.3

1990

263.2

178.2

209.4

98.9

1998

315.2

232.0

249.3

140.2

2000

346.0

251.8

276.3

151.4

Source : Byrne et Davis 2002

* 86 Le secteur bancaire à généralement vu sa position concurrentielle vis-à-vis des zinzins empirer au cours des années 1990. Dans un environnement de taux d'intérêt baissiers, la rémunération des produits d'épargne traditionnels fournis par le secteur bancaire, (enjeux de ressources bancaires), n'a pas été très compétitive par rapport aux OPCVM et autres produits liés aux marchés financiers, alors en plein boom. Du coup le secteur bancaire a dû se tourner de plus en plus vers les mêmes marchés afin de re-gagner des parts de marché de l'épargne et retrouver une rentabilité acceptable.

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