C. UN MONDE RURAL AUX VOCATIONS DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIÉES
Ces profondes transformations démographiques se sont traduites par de véritables mutations de la population résidente. Dans les communes périurbaines, les agriculteurs ne représentent plus désormais que 3 % de la population active.
1. La montée des "cols blancs" et des retraités dans la population résidente
Les cadres supérieurs et surtout moyens forment maintenant plus du tiers du total et les employés 30 % ; ces derniers sont aussi nombreux que les ouvriers dont le nombre diminue mais se maintient cependant mieux qu'en ville. Dans l'espace à dominante rurale lui-même, les agriculteurs ne forment plus que 8 % des actifs. Les cadres sont certes moins nombreux que dans les communes périurbaines mais ils comptent cependant pour près du quart des actifs et les employés pour près de 30 % : ce sont ici les ouvriers qui dominent avec un bon tiers du total.
Dans la population non active, la montée en puissance des retraités est particulièrement spectaculaire. Ils représentent désormais environ 15 % de la population totale dans l'espace périurbain et près du quart dans l'espace à dominante rurale. Signe d'un vieillissement de la population rurale et donc d'un affaiblissement de son solde naturel (négatif dans l'espace à dominante rurale), la population des retraités joue souvent un rôle d'animation et de dynamisation de l'espace rural.
2. La poussée de l'emploi tertiaire et la recomposition territoriale de l'emploi industriel
L'évolution la plus spectaculaire concerne la rapide diminution de l'emploi dans l'agriculture : entre 1990 et 1999, plus du quart des emplois agricoles a disparu. Désormais les agriculteurs exploitants sont marginaux dans la population active française (2,5 % des actifs) et même dans la population rurale. Ce délestage de l'agriculture se traduit par la perte partielle ou totale du pouvoir municipal par les agriculteurs qui gardent malgré tout un pouvoir non négligeable grâce à la possession ou à l'exploitation de la terre.
A l'inverse, le nombre des emplois non agricoles augmente , surtout il est vrai dans les communes périurbaines (plus de 20 % de croissance entre 1990 et 1999). Ces communes reçoivent en effet à la fois des entreprises industrielles chassées des villes par la pression foncière ou par des problèmes environnementaux ou bien attirées à la campagne par la disponibilité en terrain ; elles voient également s'installer des grandes surfaces commerciales, des entreprises de transport ou de services (privés ou publics) qui se développent en même temps que la population.
Dans l'espace à dominante rurale, plus éloigné par définition des agglomérations, le potentiel d'emplois non-agricoles progresse modestement (+ 8 %), grâce essentiellement aux services publics et aux services aux particuliers (services de santé notamment, en rapport avec le vieillissement de la population) car l'emploi industriel a tendance à s'éroder : s'il progresse légèrement (d'environ 7 % entre 1990 et 1999) dans l'agro-alimentaire qui fournit un quart des emplois industriels, il diminue dans les industries de biens intermédiaires qui assurent 45 % de ces emplois.