C. UNE « PÉRIPHÉRIE » DU BASSIN PARISIEN HORS ILE-DE-FRANCE BRIDÉE MALGRÉ LA DÉCENTRALISATION
Dans ses limites officielles, au recensement de 1999, le Bassin parisien compte près de 35 % de la population sur environ 25 % du territoire métropolitain, et 44 % du PIB, dont 30 % pour la seule Ile-de-France. Ces chiffres révèlent le fait que la « périphérie » du Bassin parisien hors Ile de France (16 % de la population sur 23 % du territoire hexagonal) est statistiquement affaiblie, en termes de population (densité moyenne : 77 hab/km2) comme en termes de richesse économique (13,1 % du PIB national en 1998), par rapport à Paris et à l'Ile-de-France (Tableaux 2.7, 2.8 et Figure 2.8). Ainsi, aucune des cinq régions françaises contiguës à l'Ile-de-France (Centre, Champagne-Ardenne, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie) ne pèse plus de 4 % de la valeur ajoutée nationale.
Tableau 2.7 - Poids des régions du Bassin parisien dans le produit intérieur brut (PIB) métropolitain en 1982 et 1998
Source : DATAR, Aménager la France de 2020 - Le
Bassin parisien, Paris,
La Documentation française, 2002, p.
114
Tableau 2.8 - PIB par emploi et par habitant des régions du Bassin parisien en 1982 et 1998
Source : DATAR, Aménager la France de 2020 - Le
Bassin parisien, Paris,
La Documentation française, 2002, p.
114
Figure 2.7 - PIB en Europe et dans le Bassin parisien
Source : DATAR, Aménager la France de 2020 - Le
Bassin Parisien, Paris,
La Documentation française, 2002, p.
40.
Les déséquilibres constatés entre l'Ile-de-France et les autres régions du Bassin parisien existent aussi avec l'ensemble des régions françaises, mais le plus souvent de façon moindre. En effet, les métropoles régionales hors influence parisienne ont pu développer leur potentiel sans subir les effets d'aspiration qu'imposent souvent la capitale aux régions périphériques. Ces dernières, supposées tirer parti du voisinage de la métropole parisienne, se voient non seulement privées d'une part de leur potentiel de développement mais encore contraintes de subir les effets secondaires d'un vaste mouvement d'urbanisation.
Cependant, si la région Ile-de-France devance de façon de plus en plus nette les autres régions en termes de PIB, elle n'atteint pas, en 1999, les résultats que l'on attendait d'elle sur le plan du développement économique. Cette contre-performance pourrait résulter de l'isolement de la région capitale qui ne s'appuierait pas suffisamment sur les régions situées à sa périphérie pour renforcer ses capacités.
Les six régions du Bassin parisien subissent une baisse de l'emploi, surtout la Champagne-Ardenne et la Basse-Normandie. La région Centre est la seule à faire exception ; la Basse-Normandie enregistre une poussée des cadres supérieurs qui ne comble que partiellement un retard en ce domaine. Dans la région Centre, le taux d'encadrement est le plus fort des six régions, mais il reste bien inférieur à la moyenne nationale. Toutes ces régions se caractérisent par une forte présence de l'emploi agricole et de l'emploi ouvrier.
Les entreprises ont refusé toute décentralisation véritable, se contentant, dans un premier temps, de déconcentrer des fabrications. Il s'agissait d'éviter les localisations trop lointaines et de donner la préférence aux cités les plus accessibles, comme Amiens ou les villes du Val-de-Loire. Ce sont en fait quelques axes privilégiés qui ont été les principaux bénéficiaires : vallée de la Seine de Paris à Rouen, vallée de l'Oise, Val de Loire, mais aussi le long de la voie ferrée Paris -Lyon et de ses antennes dans l'Yonne. Ainsi se renforcent des structures linéaires.
Aujourd'hui on prend conscience du fait que la désindustrialisation de la capitale, la décentralisation des activités « fordiennes », n'a pas été suivie par des décentralisations tertiaires, remettant en cause la concentration des structures de direction.
Son rôle s'est accentué dans les domaines de la recherche, des capitaux, des techniques, risquant d'aggraver un divorce déjà sensible entre le tissu socio-économique parisien et celui de la province, et d'accentuer par là même les différences de revenus avec le reste du pays.