II. UNE CONCENTRATION ET UNE SPÉCIALISATION PERSISTANTE DES FONCTIONS SOCIO-ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES

A. UNE HÉGÉMONIE FRANCILIENNE TOUJOURS D'ACTUALITÉ

Depuis l'après-guerre, l'agglomération parisienne a gagné près de 3 millions d'habitants, et a ainsi conservé son poids démographique au sein du territoire national. Pourtant le changement le plus important pour Paris ne concerne pas sa taille, mais ses fonctions métropolitaines. En tout état de cause, l'hégémonie francilienne est toujours d'actualité.

1. Un poids démographique sans comparaison en Europe

Que les trois quarts de la population vivent aujourd'hui dans des « aires urbaines » ne fait que nous rapprocher de la situation des pays de niveau de développement comparable. Mais que l'agglomération parisienne abrite 19 % de la population française nous place à part. Enfin, que la « région capitale » soit plus peuplée que l'ensemble des grandes métropoles régionales, qu'il y ait un rapport de 1 à 7 avec la seconde agglomération du pays, voilà sans doute ce qui singularise la France.

Si l'agglomération de Londres est d'une taille démographique tout à fait comparable à celle de Paris (avoisinant les 10 millions d'habitants), les systèmes urbains affichent des différences notables (Tableau 2.1). En Grande-Bretagne, l'écart entre la capitale et les grandes villes est moins prononcé que du côté français ; les cinq grandes villes (Birmingham, Glasgow, Leeds, Manchester, Liverpool) rassemblent près de 11 millions d'habitants, soit l'équivalent de la région urbaine de Londres 3 ( * ) . En France, il faut prendre en compte les neuf principales aires urbaines pour aboutir au même résultat.

Du côté britannique, les villes de plus de 500 000 habitants (en dehors de Londres) totalisent près de 20 millions d'habitants, soit le double de leur équivalent français.

L'armature urbaine allemande comporte deux singularités d'origine différente. La première est l'existence de l'énorme conurbation industrialo-urbaine de la Ruhr, qui avoisine les 10 millions d'habitants ; la seconde est la situation de Berlin, qui a subi une éclipse d'un demi-siècle ; de 1940 à 1990, de la seconde guerre mondiale à la chute du mur.

Tableau 2.1 - Agglomérations millionnaires de l'Union européenne

Source : INSEE, Portrait de la France - Le recensement de 1999, p. 11

Tableau 2.2 - Une hiérarchie urbaine beaucoup plus marquée en France
que dans les pays voisins

France

Allemagne

Royaume-Uni

Italie

Espagne

Ecart entre la 1 ère agglomération et la somme des 3 suivantes

2,6

0,6

1,3

0,5

0,7

Ecart entre la 1 ère agglomération et la seconde

7,1

1,3

3,4

1,3

1,2

Source : INSEE; Base de données Géopolis ; FME

La figure 2.1 et le tableau 2.2 mettent en évidence la forte hiérarchie urbaine en France, qui se distingue nettement des pays voisins.

Figure 2.1 - Population des principales agglomérations en France
et dans 4 autres pays d'Europe

Source : INSEE; Base de données Géopolis ; FME

* 3 Source : F. Damette, J. Scheibling, La France, permanences et mutations, Paris, Hachette Supérieur, 1995

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