2. Moderniser et adapter les espaces ludiques et sportifs
a) Les espaces nordiques
Comme
l'ont indiqué à la mission commune d'information les acteurs du
terrain et en particulier le réseau France ski de fond (composé
de 220 entités, regroupant 600 communes et
21 départements), la loi « montagne » a permis
d'asseoir le ski de fond sur des bases légales, et favorisé son
essor grâce à la formation et à la professionnalisation des
acteurs.
Aujourd'hui, l'enjeu est celui de l'adaptation du ski de fond à
l'évolution de la pratique, à travers un repositionnement de
l'ensemble de la filière nordique dans tous les massifs, tant au niveau
local qu'au niveau national.
(1) Un sport de masse
Les
statistiques publiées en mai 2002 par le service d'études et
d'aménagement touristique de la montagne (SEATM) chiffrent à
3,7 millions le nombre de personnes déclarant pratiquer le ski de
fond, et à 1,9 million le nombre de fondeurs réguliers. On
peut estimer que le nombre de pratiquants du ski nordique représente la
moitié de celui des skieurs alpins.
Face à cette demande, on recense environ 10.000 km de pistes
linéaires et 5.000 km d'itinéraires de randonnées,
à l'intérieur d'un domaine skiable nordique d'une superficie de
233.151 hectares géré par 335 sites (dont 237 font
payer la redevance). Cette offre se repartit entre 6 massifs,
11 régions, 35 départements et 835 communes.
Le ski nordique est donc une activité essentielle pour la montagne et
dont l'intensité capitalistique est bien moindre que celle du ski
alpin.
(2) 1500 emplois directs et environ 15 000 emplois indirects ou induits
Le ski
nordique, après avoir démarré dès 1962 sur la base
du bénévolat en milieu associatif, s'est par la suite
développé en créant des emplois salariés.
Aujourd'hui on recense 600 moniteurs de ski et 550 professionnels
brevetés d'Etat employés par les communes, auxquels s'ajoute le
personnel d'accueil et d'entretien, soit au total 1 500 emplois directs
selon le SEATM. Celui-ci évalue en outre le nombre d'emplois indirects
ou induits par le ski nordique à un chiffre compris entre 8.800 et
16.900.
D'après les indications du réseau France ski de fond à la
mission commune d'information, chaque 0,15 euro investi dans les espaces
nordiques se traduit par une retombée de 1,90 euro sur le tissu
économique local et de 4,50 euros globalement, pour les professions
de montagne, les artisans, les entreprises et le tourisme.
Cependant, la seule ressource des collectivités locales est
constituée par la redevance, alors que l'entretien des pistes est
très onéreux, et que ces mêmes collectivités ont
supporté très largement les charges d'investissement en termes de
bâtiments d'accueil et d'achat d'engins de damage.
Un certain nombre de sites, une centaine au total, dont la situation, les
capacités d'hébergement et l'offre de services ont d'ores et
déjà évolué pourront perdurer sur le plan
économique. A l'inverse, les sites qui n'ont pas les pistes ou une neige
suffisantes risquent de disparaître, sauf s'il existe une volonté
politique de les maintenir, comme c'est le cas dans l'Ardèche et la
Drôme, où les départements prennent en charge leur gestion
afin de maintenir une vie locale.
(3) Les voies du repositionnement de la filière nordique
En haute
altitude, les pratiques nordiques occupent une part croissante dans les
stations de ski alpin du fait de l'augmentation de la fréquentation
touristique et de la diversification des activités. Ainsi 50 % du
chiffre d'affaires annuel issu de la redevance d'accès aux pistes, soit
plus de 900.000 euros, est réalisé dans les Alpes du Nord,
où les facilités d'accès et les capacités
d'hébergement sont satisfaisantes, ce qui n'est pas toujours le cas dans
les villages de moyenne montagne, qui n'ont pas les ressources
financières suffisantes pour développer des structures d'accueil
Le constat des disparités, entre certaines entités de ski de fond
orientées vers des objectifs de rentabilité très stricts
et d'autres sites dont le fonctionnement repose largement sur le
bénévolat,
incite à préconiser le renforcement
de la cohérence et de la complémentarité des services
proposés par les différents sites sur un périmètre
géographique déterminé
.
En « moyenne montagne », où il a contribué au
maintien des emplois, le ski nordique constitue une activité importante
en matière d'aménagement du territoire, et plus
particulièrement en moyenne montagne. Cependant, la raréfaction
de la neige est une des difficultés majeures du ski nordique.
Face à cette situation, le réseau France ski de fond
préconise notamment de développer les pistes à une
altitude plus élevée, d'investir en neige de culture, de
favoriser les séjours scolaires en début de saison et
l'utilisation des pistes d'entraînement par les sportifs de haut niveau.
Fondamentalement,
l'avenir est aux sites qui ont la capacité de
diversifier leurs pratiques en fonction des attentes nouvelles de la
clientèle,
qui ne
sont plus seulement des attentes de sport,
mais également de bien-être, de convivialité, de
découverte du patrimoine et des paysages, et ce grâce notamment
à des espaces aménagés et sécurisés, des
sentiers de randonnées à pied ou à cheval, des
activités ludiques familiales, en hiver comme en été.
Telle est l'orientation choisie par le Massif central, où les
élus veulent généralement développer le tourisme
dans les villages.
Cette évolution des pratiques de ski nordique pose notamment le
problème de l'aménagement de l'espace, car les nouveaux
tracés des pistes devant désormais inclure plusieurs
activités -pistes de ski, de promenade en raquettes, chemins pour
piétons, stade de luges- doivent bénéficier de nouvelles
servitudes.
Les professionnels entendus par la mission commune d'information
préconisent également un élargissement de la redevance de
ski de fond à l'ensemble des pratiques nordiques.