C. FORTIFIER LE POTENTIEL DE L'INDUSTRIE MONTAGNARDE
1. Les créations et disparitions d'emplois dans l'industrie
En zone
de montagne, 3 actifs sur 10 environ sont employés dans le secteur
industriel. Le secteur industriel est indissociable d'un certain nombre
d'activités tertiaires induites.
Tous les secteurs sont représentés -construction mécanique
ou électrique, textile-habillement, métallurgie, chimie,
agro-alimentaire....- ; cependant, des traditions industrielles
spécifiques existent dans chaque massif : le jouet ou le
bois-ameublement dans les Vosges et le Jura, la tournerie-tabletterie et la
lunetterie dans le Jura, la micro- électronique dans
l'agglomération grenobloise ou encore la papeterie dans l'Isère,
dans les Pyrénées et les Vosges, la coutellerie à Thiers
(Auvergne), le décolletage (micro-mécanique) dans la
Vallée de l'Arve en Haute-Savoie.
Les observations de terrain et les données disponibles, permettent de
dégager le panorama suivant :
L'industrie représente 40 % des emplois dans le massif des
Vosges, avec des établissements industriels dans presque chaque commune.
Les industries de biens de consommation, avec des usines textiles et des
ateliers de travail du bois, représentent l'essentiel des
activités industrielles des communes de montagne ou des vallées
du versant lorrain. Ces activités sont plus diversifiées dans les
autres zones du massif, et notamment sur le versant alsacien, avec des
établissements de construction mécanique ou électrique.
La mission commune d'information a constaté que ce développement
industriel reposait sur une densité des réseaux de transport
supérieure à celle des autres massifs.
Dans le Jura, la part de l'industrie dans l'ensemble des emplois est
presque aussi importante que dans les Vosges. Toutefois, un assez grand nombre
de communes du centre du massif ou du Bugey n'ont pas d'établissement
industriel. Les activités dominantes relèvent du secteur des
biens d'équipements avec la mécanique de précision et
l'horlogerie dans le Nord-Est du massif, des biens intermédiaires, avec
les plastiques dans les districts du sud du massif, et dans une moindre mesure
des biens de consommation ou de l'agro-alimentaire.
La proximité de la Suisse est un facteur d'environnement
économique essentiel pour certaines parties du Jura.
L'industrie représente le quart du total des emplois dans les Alpes du
Nord. Les communes sans établissement industriel se situent
essentiellement dans l'Oisans et le sud de la Drôme ; la plupart des
communes de haute montagne comptent au moins un atelier de transformation. Le
tissu d'activités industrielles est assez diversifié dans le
sillon alpin, tandis que les vallées adjacentes restent largement
spécialisées dans le travail des métaux,
l'électrométallurgie ou la chimie. L'agro-alimentaire ou le
secteur de transformation du bois sont essentiels dans les zones de montagne.
Le massif des Alpes du Sud ne compte que 12 % d'emplois dans
l'industrie. La plupart des communes du centre du massif n'ont pas
d'établissement industriel. Les activités industrielles se
regroupent dans quelques pôles relativement spécialisés,
dans la vallée de la Durance notamment. L'agro-alimentaire ou les biens
de consommation occupent une place prédominante dans les
activités industrielles des autres communes.
La Corse compte également très peu d'emplois dans
l'industrie (7 % de l'ensemble des emplois). Ceux-ci se concentrent sur le
littoral, avec, la plupart du temps, une forte part de l'industrie
agro-alimentaire. Ces emplois se sont globalement maintenus, y compris à
l'intérieur de l'île où seules quelques communes ont de
très petits ateliers industriels.
Le quart des emplois relève de l'industrie dans le Massif central.
Ces emplois se concentrent dans plusieurs zones situées dans la partie
nord du massif : le nord-est, avec le bassin stéphanois mais aussi
les plateaux du Puy et la plaine du Forez, dont l'une des
spécialisations est la construction mécanique et la
métallurgie, la zone clermontoise et les pôles voisins de
l'Allier, avec notamment l'industrie du pneumatique, ou encore la zone de
Limoges. Le sud du massif comporte quelques pôles industriels, assez
isolés et de taille plus réduite, tels que les bassins de Carmaux
et de Castres-Mazamet, en reconversion. Comme dans d'autres massifs,
l'agro-alimentaire n'est une activité industrielle dominante que dans
certaines communes rurales.
Le massif des Pyrénées compte 17 % d'emplois dans
l'industrie. Dans l'ouest du massif, les activités industrielles se
regroupent essentiellement sur les piémonts et remontent assez peu vers
l'intérieur de la chaîne. A l'est, elles se concentrent dans
quelques vallées pénétrantes, comme celles de
l'Ariège ou de l'Aude, mais les Albères ou la Côte
Vermeille ont quelques établissements industriels. La gamme des
activités industrielles du massif est assez étendue, chaque zone
ou chaque pôle est relativement spécialisé...
Dans l'ensemble, les massifs français n'ont pas échappé au
repli des activités industrielles traditionnelles en dépit des
aides spécifiques à la reconversion. A l'exception du sillon
alpin et de ses zones proches, la diversification des activités
industrielles et leur diffusion autour des principaux pôles restent
limités. Cependant, les mouvements les plus significatifs concernent les
créations ou suppressions d'emplois dans des foyers isolés
possédant quelques activités industrielles : les exemples
sont rares dans les Alpes du Sud ou les Pyrénées mais plus
nombreux dans d'autres massifs.
L'agro-alimentaire recouvre de nombreuses activités. Certaines d'entre
elles, comme l'industrie du lait et les fabrications de produits laitiers, sont
implantées avant tout dans les zones d'élevage. Globalement, le
nombre de salariés des industries agro-alimentaires a crû
légèrement de fin 1989 à fin 1994, au plan national comme
dans chaque massif. De nombreuses communes de l'ouest de la France, où
ce secteur est particulièrement développé, ont connu des
créations d'emplois relativement importantes.