CHAPITRE
II :
DES MUTATIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES DONT ON NE MESURE
PAS ENCORE LA PORTÉE
La possibilité, offerte par les progrès des télécommunications et de l'informatique, de recevoir et d'émettre de l'information sous toute forme, en tout lieu et sur tout support, produira des changements économiques de l'importance de ceux qu'a amenés la généralisation de la distribution d'électricité .
Il n'est naturellement pas envisageable de mesurer toutes les conséquences sociales d'un progrès technologique de cette ampleur.
Mais, dans la sphère économique et économicosociale, on peut discerner - avec prudence et sans prétention d'exhaustivité - plusieurs lignes de forces de changement : l'évolution des modes de travail dans les entreprises, de leurs produits, et l'affranchissement des contraintes de distance.
I. L'ÉVOLUTION DES MODES DE TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES
La reconfiguration actuelle de l'organisation du travail en entreprise et les progrès de productivité qui y sont associés sont d'essence différente de ceux de la décennie précédente. Il ne s'agit plus, pour les entreprises, de profiter des seuls apports de l'informatique, mais de tirer toutes les conséquences de sa confluence avec les télécommunications .
Ce que l'on qualifie, peut-être improprement, d'économie de l'Internet, a quatre principaux secteurs d'élection : la gestion de la chaîne logistique, les supports de clientèle, la productivité directe des salariés et le commerce électronique entre entreprises.
A. LA GESTION DE LA CHAÎNE LOGISTIQUE
La recherche d'avantages compétitifs dans la gestion de la chaîne logistique est un apport direct de la transformation des télécommunications.
Informés plus rapidement des besoins de la demande, les industriels cherchent à se mettre en état d'adapter aussi rapidement leur production.
Le croisement des techniques de positionnement et de télécommunication offre, alors, des possibilités d'accentuer l'efficacité de la chaîne de transport et de livraison des marchandises.
La mise en place de ces flux tendus produit deux types de gain de productivité , l'un sur les coûts de production, l'autre dérivé de la réduction du temps de mise sur le marché.
B. LE SUPPORT DE CLIENTÈLE
Il s'agit de mettre en place des réseaux où les clients peuvent se connecter directement sur des services d'assistance, leur permettant soit d'apporter eux-mêmes une solution à leur problème, soit de permettre à un opérateur de rectifier à distance les systèmes défaillants.
Naturellement, ce qui est vrai de l'assistance technique l'est également de l'installation. Par exemple, en France, lorsqu'il souhaite contracter un forfait Internet, le client se voit remettre un disque et le soin d'assurer lui-même la charge de cette installation - sauf à prendre à sa charge les frais de déplacement d'un installateur.
On conçoit assez aisément que la généralisation de ces pratiques entraîne deux types de réductions de frais : celles liées à la diminution des temps de déplacement et d'intervention auprès de la clientèle, et celles liées au déport vers celle-ci du coût du temps d'installation ou de réparation.
Pour être tout à fait exact, ce service de clientèle d'un type nouveau est d'abord apparu dans le domaine des produits informatiques et de télécommunication. Mais il se diffuse vers d'autres secteurs, à proportion du déploiement des équipements et des services de la chaîne informatique-télécommunications. En tout état de cause, il est porteur d'avantages de compétitivité tout aussi importants que ceux obtenus sur l'amélioration de la gestion de la chaîne logistique.