3. La Jordanie dans le règlement de l'avenir palestinien
La structure démographique du Royaume depuis les deux conflits israélo-arabes de 1948 et de 1967, l'acquis de 20 années de souveraineté jordanienne sur la Cisjordanie ont, à plusieurs reprises, conduit les responsables jordaniens eux-mêmes, les Palestiniens, certains Israéliens et la diplomatie américaine elle-même à suggérer l'idée d'un lien institutionnel entre le Royaume et une entité, voire le futur Etat palestinien. Ecartant résolument l'option, provocatrice, un temps proposée par certains responsables israéliens, d'une Jordanie comme « patrie de rechange » des Palestiniens, les auteurs de ces propositions proposaient une union de la Palestine, au sein, sinon d'une fédération, au moins d'une confédération.
Ainsi, dès 1972, deux années après « Septembre noir » qui avaient vu s'affronter combattants palestiniens et armée jordanienne, le roi Hussein proposa un plan de Royaume arabe dont la Cisjordanie libérée constituerait une province palestinienne autonome, dans un cadre fédéral. Ce plan se heurta au refus de la majorité des pays arabes et de l'OLP, celle-ci étant consacrée comme l'unique représentant du peuple palestinien.
En 1982, le Président Reagan proposa un « autogouvernement des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, en association avec la Jordanie ». Cette initiative fut d'ailleurs reprise la même année par le roi Hussein en faveur d'une union jordano-palestinienne sous forme confédérale. L'idée, reprise en 1985 dans le cadre d'un accord Hussein-Arafat, fit cependant long feu : l'opposition américaine et israélienne à la perspective d'un Etat palestinien ne permit pas aux négociations d'aboutir. Prenant acte de ces refus successifs, le roi Hussein décida de rompre, en 1988, les liens administratifs qui subsistaient, par-delà l'occupation israélienne, entre la Cisjordanie et le Royaume. C'est toutefois sur la même ligne que se situait la diplomatie américaine en 1991, lors de la conférence de Madrid qui suivit la guerre du Golfe, en déclarant, dans la « lettre d'assurance » adressée à Israël que « en conformité avec la politique menée de longue date par les Etats-Unis, la confédération n'est pas exclue comme un aboutissement des négociations sur le statut final ».
La reconnaissance mutuelle intervenue à Oslo en 1993 entre Palestiniens et Israéliens, en même temps qu'elle permit la signature de l'accord de paix jordano-israélien, pourrait redonner, à terme, voire après la proclamation et la reconnaissance d'un Etat palestinien, une certaine validité à une option confédérale comme partie d'un règlement ultime.
Aujourd'hui cependant, comme l'ont démontré les entretiens de la délégation avec l'ensemble de ses interlocuteurs, le souci majeur des autorités jordaniennes est d' éviter que, du fait de la guerre larvée dans les territoires, un nouvel afflux de Palestiniens prenne le chemin du Royaume. Le contrôle des frontières reste, dans cette perspective, l'une des missions prioritaires et essentielle de l'armée jordanienne , apte à être déployée, à cette fin, en six heures le long de sa frontière occidentale.