II. UNE GESTION PEU EFFICIENTE DES EMPLOIS UNIVERSITAIRES
Contrairement à la situation prévalant dans
l'enseignement primaire et secondaire, où les crédits de
personnels sont déconcentrés,
l'administration centrale
gère directement les emplois de l'enseignement supérieur
.
Cette gestion directe a une double dimension. Elle implique d'abord une
répartition fine des emplois à la fois entre les
établissements et par disciplines
29(
*
)
: tel emploi de professeur de
sciences économiques (5
ème
section du CNU) est
affecté à l'université de Nantes, par exemple. Elle se
traduit ensuite par
l'ouverture nationale des concours de recrutement
pour des emplois nommément désignés, même si la
plupart de ces concours sont organisés localement.
Un
exemple de spécification des emplois de maîtres de
conférences
offerts au recrutement en 2001
Maîtres de conférences. 67
ème
section : biologie des populations et écologie
Université Aix-Marseille III : communautés benthiques, eaux
douces :0396...
Université d'Avignon : génétique des populations
d'invertébrés : 0314...
Université Bordeaux I : microbiologie, milieux aquatiques :
0513...
Suit une liste de 43 autres emplois définis de la même
façon pour cette seule section.
Source : Journal officiel du 28 février 2001
Une gestion planifiée aussi fine des emplois exige, pour être
rationnelle, une information efficace du centre, l'administration centrale, par
la périphérie, c'est-à-dire par les établissements
autonomes où ils seront affectés.
Or cette information est de nature très complexe car elle ne se limite
pas à une simple connaissance du nombre présent ou futur
d'étudiants à encadrer dans telle ou telle filière. Du
recrutement d'un universitaire dépend peut-être la survie d'un
laboratoire de recherches ou l'ouverture d'une nouvelle filière
d'enseignement... La tentation est donc grande d'essayer d'accroître la
rationalité de la prise de décision à l'échelon
central par l'obtention de toujours plus d'information dont on oublie le
coût de la collecte et du traitement.
Le ministère a eu en effet le grand mérite de se doter
successivement de deux modèles sophistiqués d'aide à la
décision en matière de répartition des emplois et plus
généralement des moyens alloués aux établissements
(modèle GARACES, puis modèle SAN REMO
30(
*
)
). Toutefois, cet effort
considérable, supérieur à celui de beaucoup d'autres
départements ministériels, connaît ses limites, comme l'a
démontré la Cour des comptes dans le tome II de son rapport
public particulier consacré à
La fonction publique de
l'Etat
, paru en avril dernier et dont un chapitre est consacré
à la gestion des enseignants-chercheurs. L'impasse d'une gestion
fortement centralisée des emplois incitera donc votre rapporteur
à préconiser un développement progressif de la
capacité des université à mettre en oeuvre leurs propres
stratégies de gestion des ressources humaines.