1. Peut-on diversifier le recrutement des professeurs ?
• Un recrutement profitant majoritairement aux
maîtres
de conférences
Plus importante que la promotion de classe au sein d'un corps donné par
les perspectives qu'elle offre, l'entrée dans le corps des professeurs
qui seule ouvrira l'accès aux échelles-lettres est une
étape essentielle du déroulement de la carrière. Lors des
concours de recrutement de 2000, 77% des professeurs nouvellement nommés
étaient antérieurement maîtres de conférences. La
maîtrise de conférences est ainsi devenue la voie principale
d'accès au professorat et cette tendance est renforcée par
l'organisation de concours internes de professeurs
« réservés » aux maîtres de
conférences ayant une certaine ancienneté et non
nécessairement « qualifiés ».
Toutefois votre rapporteur a constaté avec satisfaction une ouverture
marquée du recrutement vers l'étranger, notamment dans les
disciplines scientifiques. Au total, 6 % des professeurs recrutés en
2000 exerçaient préalablement une activité d'enseignement
ou de recherche à l'étranger.
• Une barrière à l'entrée des chercheurs ?
Il ne faudrait cependant pas que l'entrée dans le corps des professeurs
finisse par être réservée
de facto
aux seuls
maîtres de conférences. Or, la mobilité des chercheurs vers
l'enseignement supérieur apparaît encore excessivement
réduite, car souvent mal perçue par les universitaires qui la
freinent, alors que les problèmes administratifs d'harmonisation des
statuts ont été très largement résolus. Nombre de
chargés de recherche demandent à entrer dans l'enseignement
supérieur pour contourner les effets d'un blocage des carrières
estimé plus sévère au CNRS que dans l'université.
Mais les sections du CNU ou les commissions de spécialistes
élèvent des barrières à l'entrée des
chercheurs en se montrant relativement exigeantes en matière
d'expériences de l'enseignement : beaucoup d'entre elles rejettent
donc les dossiers de chargés de recherche n'ayant pas enseigné
48(
*
)
(et pratiquant de ce fait
une concurrence jugée déloyale vis-à-vis des maîtres
de conférences en s'investissant à temps complet dans leurs
travaux de recherche). En sens inverse, il a été indiqué
à votre rapporteur que des chercheurs refusaient d'assurer des cours en
1
er
cycle ! Ainsi ce type de mobilité n'a
concerné en 2000 que 6,7% des recrutements de professeurs. Ces
comportements peuvent paraître regrettables mais ils traduisent la
difficulté de rendre cohérente l'organisation duale de la
recherche que la France a choisie avec le principe du « chercheur
à vie ».
• Une diversification insuffisante vers les professionnels
Votre rapporteur estime de façon plus générale que le
« vivier » des professeurs doit se diversifier du fait de
la différenciation et de la professionnalisation de plus en plus
marquées des formations universitaires et aussi d'un certain tarissement
des vocations. Alors que 93 % de postes offerts en 2000 ont été
pourvus au niveau des maîtres de conférences, le taux de
couverture tombe à 72% pour les professeurs. La situation devient
même préoccupante dans le secteur des langues
étrangères (tant anglo-saxonnes que germaniques, slaves ou
romanes) où le nombre de qualifiés devient inférieur
à celui des postes offerts.
Il est probable que l'existence d'une filière uniforme de recrutement
des professeurs, si elle correspond assez bien aux disciplines classiques,
n'est plus adaptée aux besoins nouveaux des universités.
Celles-ci recourent déjà largement et librement à la
formule des professeurs associés à mi-temps (PAST) pour
bénéficier du concours de professionnels pendant une durée
limitée
49(
*
)
, mais ce sont
finalement, comme cela a été dit crûment à votre
rapporteur, «
des vacataires de luxe
»,
rémunérés à un tarif supérieur à
celui des heures complémentaires. Le recrutement de professeurs
associés à plein temps serait sans doute souhaitable, mais
combien de jeunes professionnels, par exemple en gestion, prendraient ce risque
insensé pendant trois ans en début ou milieu de
carrière ? Votre rapporteur souhaite qu'une réflexion
d'ensemble sur ces problèmes soit engagée et étendue
à l'avenir des agrégés du second degré assurant un
rôle grandissant dans les filières à vocation
professionnelle, notamment les instituts universitaires
professionnalisés (IUP).