b) Des afflux d'eau supérieurs aux capacités d'évacuation
Lors de crues ordinaires, la Somme et son canal sont en mesure d'évacuer sans débordement les eaux de vidange de la nappe et les eaux de ruissellement.
Mais, lorsque la vidange de la nappe atteint un niveau exceptionnellement élevé, comme cela a été le cas en 1994 et 1995, et plus encore en 2001, des débordements se produisent dans le lit majeur du fleuve, et des sources nouvelles apparaissent.
Cette submersion du lit majeur de la Somme a commencé à la fin du mois de mars et s'est poursuivie tout au long du mois d'avril. Ce n'est qu'au cours du mois de mai, avec l'interruption des pluies et l'augmentation de l'évaporation, que la décrue s'est amorcée lentement.
(1) L'augmentation des débits
(a) Des débits exceptionnels
Les débits de la Somme ont progressivement augmenté à partir du début du mois de novembre, pour atteindre leur maximum en avril 2001 avec 24 m 3 /s à Péronne, 90 m 3 /s à Hangest-sur-Somme et 104 m 3 /s à Abbeville.
Les débits moyens par quinzaine ont été respectivement 3,6, 3,4 et 3 fois supérieurs aux débits moyens en période normale.
(b) Des débordements nombreux
En dépit d'une surveillance renforcée, des débordements se sont produits tout le long des berges et des digues de la Somme canalisée.
Le rapport d'étape de la mission d'expertise sur les crues du bassin de la Somme présidée par M. Claude Lefrou dresse la liste des zones touchées 31 ( * ) .
(2) La lenteur de la décrue
(a) L'inertie de la nappe
La lenteur de la décrue résulte tout d'abord de la grande inertie des nappes souterraines et de la poursuite de leur vidange longtemps après l'arrêt des précipitations.
Le maintien d'un débit de la Somme de 100 m 3 /s à Abbeville au début du mois de mai en l'absence de pluie témoigne de la poursuite de cet apport des eaux souterraines.
(b) Le faible relief et la complexité du réseau hydraulique
L'écoulement des eaux est d'autant plus difficile que la pente de la vallée est faible -0,33 % en moyenne- et le réseau de rivières, de canaux, de rieux, de fossés, d'étangs et de marais complexe.
(c) L'accès à la mer
L'évacuation des eaux dans la Manche a été contrariée par la coïncidence de ces fortes précipitations avec les grandes marées d'équinoxe 32 ( * ) qui impliquent la fermeture de l'écluse de Saint-Valéry-sur-Somme plusieurs heures par jour afin d'éviter la remontée de la mer dans le canal.
Votre commission d'enquête a recueilli des avis divergents sur le rôle de frein éventuellement joué par l'écluse. M. Claude Lefrou a estimé, quant à lui, qu'elle « n'a pas été un facteur limitant du drainage de l'ensemble du bassin ».
L'ensablement de la baie de Somme, provoqué par un afflux de sédiments en provenance de la mer que les effets de châsse ne parviennent à contenir, a lui aussi été mis en cause.
Le projet « Baie de Somme », engagé en 1992 par le conseil général et le syndicat mixte d'aménagement de la côte picarde, vise à préserver le caractère maritime de la baie et à développer les trois ports de Saint-Valéry, du Crotoy et du Hourdel. Après la parution des premiers résultats des études préalables, un programme de travaux doit être arrêté.
Proposition n° 2 : Veiller à ce que la mise en oeuvre du projet « Baie de Somme » prenne en compte le risque d'inondations et la nécessité de faciliter l'écoulement vers la mer des eaux de la Somme . |
* 31 « Celles-ci sont situées à la confluence du canal de la Somme et de la Somme naturelle à Fouilloy ; en rive gauche, entre l'usine Roquette et la commune de Blangy-Tronville ; en rive gauche du canal, dans le quartier habité de la rue de Verdun, à Amiens, et au droit du site des hortillonnages ; en aval d'Amiens, dans la zone maraîchère de l'île Sainte-Aragone ; en rives droite et gauche dans le secteur de Dreuil-lès-Amiens ; en rive droite, à l'aval de l'écluse d'Ailly-sur-Somme ; en rive droite, à l'amont et à l'aval de l'écluse de Picquigny ; en rive gauche de la rivière Somme, à l'usine hydroélectrique de Long ; en rive gauche, vers les marais de Fontaine-sur-Somme ; en rives droite et gauche, à la hauteur d'Epagne-Epagnette ; à l'amont d'Abbeville, le long du chemin du pâtis et sur le canal de transit ; en aval d'Abbeville ».
* 32 Le coefficient des marées s'est élevé à 105.