PLAN DU RAPPORT
L' introduction présente les principales définitions du plein emploi .
Le premier chapitre présente de manière synthétique les éléments essentiels du débat sur la nature du chômage en France. Qu'est-ce que le chômage structurel et le chômage conjoncturel ? Peut-on évaluer leur part respective dans le chômage total ? Quel est le taux de chômage « frictionnel » ? Quelle est l'importance respective du chômage classique (dû à des coûts salariaux trop élevés) et du chômage volontaire (correspondant à des personnes ne voulant pas travailler à cause d'un gain potentiel de revenu jugé trop faible) ?
Le deuxième chapitre et l'annexe , fondés sur des travaux de simulation du Centre d'observation économique (COE) de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, commandés par votre Délégation, présentent différents scénarios d'évolution de l'emploi jusqu'en l'an 2010 . Peut-on atteindre un taux de chômage de l'ordre de 5 % en l'an 2010 si la croissance devient moins riche en emplois ? La « nouvelle économie » peut-elle permettre de compenser les effets d'une croissance pauvre en emplois, ou de réduire le taux de chômage structurel ? Quel serait l'impact d'une augmentation du taux d'activité (c'est-à-dire de la proportion de personnes disposant d'un emploi ou cherchant un emploi parmi celles en âge de travailler) sur le taux de chômage ?
Enfin, le troisième chapitre examine les politiques publiques qui pourraient être mises en oeuvre. Comment réduire le taux de chômage structurel ? Quelles seraient les politiques susceptibles d'accroître le taux d'activité ?
INTRODUCTION :
QU'EST-CE QUE LE PLEIN EMPLOI ?
Le chômage français a fortement diminué depuis l'année 1997 , comme l'indique le graphique ci-après.
Source : Insee.
Ainsi, le Premier ministre a déclaré que le retour au plein emploi d'ici à la fin de la décennie actuelle était l'objectif central de la politique économique du Gouvernement.
Cet objectif a été réaffirmé par le Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000, qui a fixé l'échéance de l'année 2010.
Le retour au plein emploi a également été jugé possible par le Commissariat général du Plan , dans son Rapport sur les perspectives de la France (juillet 2000), et par M. Jean PISANI-FERRY dans son rapport Plein emploi pour le Conseil d'analyse économique (décembre 2000).
La portée de ces affirmations dépend de la définition que l'on donne du plein emploi.
I. LE TAUX DE CHÔMAGE, INDICATEUR IMPARFAIT DU PLEIN EMPLOI
Une première approche consiste à définir le plein emploi par un faible taux de chômage.
Il existe un consensus des économistes pour affirmer que le taux de chômage de plein emploi ne peut être nul. Il existe en effet inévitablement un chômage frictionnel , correspondant aux personnes mettant un temps raisonnablement court à trouver un emploi.
1. Le plein emploi selon Beveridge : un chômage se limitant au chômage frictionnel
Les économistes estiment généralement que le chômage de plein emploi se limite au chômage frictionnel.
Telle est la définition retenue par l'un des principaux théoriciens du plein emploi, William BEVERIDGE . Celui-ci définit le plein emploi comme une situation où « le nombre des places vacantes [est] supérieur au nombre de candidats à un emploi, et [où] les places [sont] telles et localisées de telle façon que le chômage se ramène à de brefs intervalles d'attente » 3 ( * ) . Il évaluait ainsi le taux de chômage correspondant au plein emploi à 3 % de la population active au Royaume-Uni.
Telle fut la définition alors retenue par le gouvernement britannique. M. Hugh GAITSKELL , chancelier de l'Echiquier travailliste, définit en 1951 le plein emploi par un chômage de « 3 % en pic saisonnier ».
Dans son récent rapport sur le plein emploi, M. Jean PISANI-FERRY reprend la définition avancée par BEVERIDGE . Si l'on retient les hypothèses d'une durée moyenne de recherche d'un nouvel emploi de trois mois pour les personnes ayant déjà occupé un emploi, et de six mois pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, au plein emploi ainsi défini correspondrait en France un taux de chômage de 3,5 %.
* 3 Le plein emploi dans une société libre (Full Employment in a Free Society), 1944.