3. Donner à l'agriculture biologique la part qui lui revient
La viande produite dans le cadre de l'agriculture biologique a bénéficié récemment, comme les autres viandes possédant un signe officiel de qualité d'un regain d'intérêt de la part des consommateurs.
Régie par le règlement européen du 19 juillet 1999 concernant le mode de production biologique des produits animaux et d'origine animale, la production de viande « biologique » repose sur un modèle d'élevage extensif caractérisé notamment par les éléments suivants :
- une obligation d'activité liée au sol ;
- une réduction des pollutions par une limitation des apports d'azote ;
- une alimentation des animaux par des végétaux produits à la ferme selon des modes de production biologiques ;
- l'interdiction de recourir à des substances modifiant la croissance ou le cycle productif des animaux.
Si les productions sous label « agriculture biologique » ont eu tendance à croître ces dernières années, cette production est largement due à la progression du cheptel biologique qui a augmenté de 40% en 1999, de sorte que 3500 éleveurs sont aujourd'hui concernés par ce mode de production. Plus des deux tiers des ventes de viandes biologiques auraient lieu en grandes surfaces, selon un panel Secodip.
Cette progression apparaît néanmoins insuffisante au regard des attentes des consommateurs français. L'élevage biologique bovin ne représente encore que 0,6% du troupeau français, soit un total de 50 000 bêtes. de l'agriculture biologique est en croissance depuis plusieurs années.
A l'occasion d'un déplacement de la commission d'enquête dans le département de l'Allier, le responsable d'un abattoir coopératif, qui commercialise en partie des viandes issues de l'agriculture biologique, a fait part aux sénateurs de sa difficulté à s'approvisionner en ce produit, alors qu'il existe une forte demande qu'il ne peut satisfaire.
Pourtant, il semblerait que les spécificités de l'agriculture biologique, qui garantit avant tout le recours à des pratiques respectueuses de l'environnement, soient mal connues des consommateurs.
De fait, l'attribution de ce label n'est assorti d'aucune obligation de résultat en termes qualitatifs, contrairement au signe « label rouge ».
Surtout, l'agriculture biologique ne représente pas -loin s'en faut- l'assurance d'une sécurité sanitaire parfaite.
A titre anecdotique, un cas d'ESB sur une vache « biologique » a été récemment détecté. Il s'agissait d'une vache laitière en fin de parcours, convertie depuis environ un an et demi à l'élevage biologique. Cette affaire pose la question de la durée des délais de conversion imposés lors d'un passage à l'agriculture biologique. Cette période n'est que d'un an en matière de viande bovine. Par ailleurs, les contrôles opérés par les organismes certificateurs mériteraient peut être d'être renforcés.
Enfin, d'aucuns considèrent que l'agriculture biologique n'est pas une agriculture durable dans la mesure où le renoncement à amender les sols qu'elle implique contribue à épuiser ceux-ci, sans tenir compte des intérêts des générations futures. On peut lui préférer la notion d'agriculture raisonnée qui vise à protéger l'environnement -par un recours modéré à la fertilisation, une gestion équilibrée des ressources, notamment en eau- et à garantir la sécurité alimentaire, tout en préservant la rentabilité de la production. Si elle implique une qualification des exploitations, l'agriculture raisonnée exclut en revanche toute différenciation des produits.
L'agriculture biologique ne saurait donc constituer un modèle pour l'agriculture de demain. Elle ne représente d'ailleurs que 1,1 % de la surface agricole utile en France. Il convient toutefois d'encourager, en les encadrant, les producteurs qui souhaitent s'y spécialiser pour répondre à un marché qui existe, au risque sinon de voir croître la part des produits biologiques importés, dont les conditions de production sont difficilement contrôlables, comme l'a révélé la mise à jour récente d'un trafic de fausses céréales biologiques importées.