c) Farines carnées et alimentation animale : une importance à relativiser
Alors que certains n'hésitent pas à affirmer que nos vaches étaient devenues carnivores et nourries exclusivement de farines, la commission d'enquête tient à rappeler la faible importance des farines de viande et d'os dans l'alimentation des animaux de rente. La comparaison utilisée devant la commission par M. Alain Glon présente une incontestable vertu pédagogique : « les quantités de farines utilisées ont toujours été très faibles ; c'est comparable à ce que pratique la ménagère qui incorpore un bouillon en cube dans le potage » .
(1) Dans l'alimentation des ruminants
On estime que les farines animales n'ont représenté avant leur interdiction, au maximum, que 4 % des aliments concentrés distribués aux ruminants, soit moins de 1 % de la ration totale.
Les vaches laitières ont été les principales « clientes » des farines animales. Pour toutes les autres catégories de bovins, qui représentent la majorité, l'emploi des farines n'a pu être envisagé qu'à titre de substitution par rapport aux tourteaux classiques, de soja essentiellement, en fonction des rapports de prix.
Cette situation globale recouvre ainsi des réalités hétérogènes : des fabricants d'aliments pour le bétail n'ont jamais utilisé de farines animales, préférant recourir à la licence INRA des tourteaux de soja tannés, même pour le troupeau laitier, tandis que des industriels ont pu insérer, dans leurs « formules » pour le cheptel allaitant, une dose de ces farines.
En revanche, il semble que l'incorporation de farines dans l'alimentation bovine ait été plus significative en Grande-Bretagne. M. Yves Montécot, Président du SNIA, a indiqué à la commission que les fabricants britanniques d'aliments pour animaux n'ont disposé que tardivement de la technique du tannage des tourteaux d'oléagineux. Protégée par un brevet, cette technique aurait ainsi contribué à limiter le recours aux farines animales en France dans l'alimentation des bovins.
(2) Dans l'alimentation des monogastriques
Les données fournies par l'AFSSA dans son avis du 11 avril 2001 sur les risques inhérents aux farines et aux graisses animales 22 ( * ) font état de l'utilisation, pour l'année 1999, de :
- 400.000 tonnes de farines animales (hors farines de poisson), dont 300.000 tonnes pour les volailles et 80 000 tonnes pour les porcs ;
- 270.000 tonnes de graisses animales, dont 130.000 tonnes destinées aux volailles, 80.000 tonnes aux porcs, et 60.000 tonnes consacrées à la fabrication d'aliments d'allaitement.
Selon les informations communiquées à la commission par M. Rémi Toussain, ces tonnages représentaient une moyenne de seulement 2 % de l'ensemble des matières premières incorporées dans l'alimentation du bétail, contre 50 % pour les céréales et 25 % pour les tourteaux de soja.
Il faut toutefois distinguer selon les espèces, puisque ce taux moyen pouvait atteindre 4 % dans l'alimentation des volailles, voire 6 à 7 % pour les dindes, alors qu'il n'excédait pas 1,5 % pour les porcs.
Composition moyenne d'un aliment composé
Céréales |
46 % |
Tourteaux d'oléagineux |
25 % |
Coproduits des industries céréalières |
9 % |
Graines protéagineuses et oléagineuses |
9 % |
Farines animales (*) |
3 % |
Fourrages déshydratés |
3 % |
Minéraux |
3 % |
Mélasse de betterave et de canne |
1 % |
Huile et graisse |
1 % |
(*) Ne sont pas utilisées dans les aliments pour ruminants
Source : SNIA
Enfin, la commission d'enquête tient à noter que la part des farines dans les aliments composés a eu tendance à se réduire à mesure du développement, depuis une dizaine d'années, des productions sous signes officiels de qualité (labels, agriculture biologique, certifications de conformité...) qui interdisaient leur usage.
* 22 Les risques sanitaires liés aux différents usages des farines et graisses d'origine animale et aux conditions de leur traitement et de leur élimination, AFSSA, 11 avril 2001.