2. La population : une société plurielle, à prédominance chinoise
a) Une société multi-ethnique et multilingue
Singapour est marquée, comme le reste de l'Asie du Sud-Est, par la diversité de ses souches de peuplement . Les autorités classent la population en quatre groupes ethniques : les Chinois, les Malais, les Indiens et les personnes d'une autre origine. Toutefois, dans cette société multiethnique, l'influence chinoise est numériquement prépondérante -ce qui distingue Singapour d'autres Etats de la zone-. L'importance de la diaspora chinoise est une donnée incontournable : trois singapouriens sur quatre sont d'origine chinoise.
RÉPARTITION DE LA POPULATION RÉSIDENTE PAR ETHNIE EN 1999
Source : Yearbook of Statistics, 2000
Singapour dispose de quatre langues officielles : le malais (qui est aussi la langue nationale), le chinois (mandarin), le tamoul et l'anglais. L'anglais est la langue de l'administration et des affaires. Le cursus scolaire des enfants singapouriens les amène à apprendre deux langues dont obligatoirement celle de l'ethnie à laquelle ils appartiennent (par exemple, le mandarin pour les Chinois, même s'il ne s'agit pas de leur langue maternelle, qui peut être un autre dialecte chinois). Ainsi, le mandarin est-il de plus en plus utilisé au sein de la communauté chinoise, remplaçant des dialectes comme le cantonais, le hokkien, le teochew, le hakka, le haimanese et le foochow. Le recensement décennal de 1990 a d'ailleurs montré qu'un nombre croissant de Singapouriens était multilingue. Parmi les personnes âgées de 15 ans et plus, l'anglais et le mandarin sont de plus en plus utilisés en famille (21 % des familles parlant anglais à la maison et 24 % parlant mandarin), au détriment principalement des autres dialectes chinois (parlés par 60 % des familles en 1980 et seulement 38 % en 1990).
La pratique religieuse est libre à Singapour. Le recensement décennal de 1990 indique que 86 % des Singapouriens âgés de 10 ans ou plus témoignent d'une foi religieuse. Les religions pratiquées sont, elles aussi, multiples :
LES RELIGIONS DANS LA SOCIÉTÉ SINGAPOURIENNE
1990 (% total de la population résidente) |
|
Bouddhistes/Taoïstes |
54 |
Musulmans |
15 |
Chrétiens |
13 |
Hindouistes |
4 |
Autres |
14 |
b) Une population jeune, marquée par une proportion croissante de non résidents
De 1984 à 1987, le taux de progression annuel de la population nationale s'était replié de 1,6 à 1,4 % sous l'effet de la politique de planification familiale très active engagée à la fin des années 1960. L'indice de fécondité est actuellement assez bas, à environ 1,4 enfant par femme . Le tableau suivant détaille quelques données sur la population singapourienne :
LA POPULATION SINGAPOURIENNE EN 1999
Population totale |
4 millions d'habitants |
Population résidente |
3,2 millions d'habitants |
Taux de croissance annuel de la population résidente |
+1,7 % |
Espérance de vie |
77,6 ans |
Indice de fécondité |
1,4 enfant par femme |
Taux d'alphabétisation des 15 ans et plus |
93,5 % |
Source : Yearbook of Statistics 2000
Depuis le milieu des années 1980, une nouvelle politique en faveur de la natalité encourage les Singapouriens à avoir 3 enfants ou plus, surtout si leurs moyens le leur permettent . Les femmes diplômées sont la cible principale de ce nouveau programme public. Le taux d'accroissement de la population résidente s'est redressé, à environ 1,7 ou 1,8 %, contre 1,4 % en 1987.
La nouvelle politique familiale se fixait un objectif de 4 millions d'habitants en 2010, qui a été atteint en juin 2000. Le Gouvernement veut désormais renforcer le poids notamment démographique de l'île-Etat dans la région et répondre aux besoins en matière de main-d'oeuvre qualifiée.
La population singapourienne reste, à l'image de l'Asie, une population jeune : l'âge médian est de 33,4 ans en 1999 (il était de 29,3 ans en 1989) et les plus de 65 ans ne représentent que 7 % de la population, comme cela est illustré ci-après :
RÉPARTITION DE LA POPULATION RÉSIDENTE
PAR TRANCHE D'ÂGE EN 1999
Source : Yearbook of Statistics, 2000.
Conséquence du faible taux de fécondité, et d'une politique active d'attraction de la main-d'oeuvre qualifiée étrangère, entre 1990 et 2000, la population non-résidente a augmenté plus rapidement que la population résidente : la croissance est de 142 % pour la première sur la décennie, contre 13 % pour la seconde.
La population non-résidente (755.000 personnes) est composée à 50 % d'expatriés (dont environ 10.000 Européens, 100.000 Japonais, 28.000 Australiens et autant d'Américains, 100.000 Taiwanais...) et à 50 % de travailleurs non et semi-qualifiés (employés de maison et ouvriers sur les chantiers).