N° 248

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2000-2001

Annexe au procès-verbal de la séance du 3 avril 2001

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) à la suite d'une mission effectuée en Malaisie et à Singapour afin d'étudier l'évolution des relations économiques et commerciales de ces pays avec la France ,

Par MM. Jean HUCHON, Jacques BELLANGER, Gérard CORNU, Jean-Paul ÉMORINE, Bernard JOLY, Pierre LEFEBVRE
et Michel SOUPLET,

Sénateurs.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Paul Emorine, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Léon Fatous, Louis Moinard, Jean-Pierre Raffarin, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Christian Demuynck, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Philippe Labeyrie, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Jean-Pierre Vial.

Asie du Sud-Est

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Il y a dix ans, la Commission des Affaires économiques envoyait en Asie du Sud-Est une mission d'information 1 ( * ) chargée d'étudier le développement économique de cette zone prometteuse.

Le chemin accompli par l'Asie orientale est alors reconnu comme exemplaire : rattrapage économique, montée en gamme technologique, ouverture sur le commerce international, l'Asie du Sud Est gagne sur tous les tableaux et contraste, par la vigueur de sa croissance, avec l'atonie des vieux pays industrialisés.

Tout se passe en effet comme si, après deux siècles d'éclipse, débutant à la révolution industrielle européenne, l'Asie retrouvait la puissance économique qui fut la sienne jusqu'au XVII e siècle.

A compter des années 1980, les performances économiques de l'Asie du Sud Est fascinent économistes et milieux financiers occidentaux. Les expressions fleurissent pour qualifier le succès des économies émergentes d'Asie : " Dragons ", " Tigres ", " miracle asiatique "...

Le titre d'une publication remarquée de la Banque Mondiale 2 ( * ) , paru en 1993, après une décennie de croissance prodigieuse, " Le miracle du Sud Est asiatique, croissance économique et politique publique " est particulièrement révélateur de l'attraction intellectuelle exercée par ce modèle de développement. Les pays d'Asie sont cités en exemple pour leurs politiques publiques, actives mais vertueuses, leur spirale du développement, fondée sur l'épargne et l'insertion dans la division internationale du travail et leur bonne " gouvernance " économique.

La sphère pacifique victorieuse semble alors en passe de devenir le centre de gravité de l'économie mondiale globalisée, au risque même, craint-on parfois, d'une marginalisation européenne.

Dix ans plus tard, le contexte de la mission d'information réalisée, en janvier 2001, par la commission des affaires économiques à Singapour et en Malaisie est tout différent .

La crise financière asiatique est, en effet, entre temps venue balayer nombre de certitudes. Jamais, dans l'histoire économique récente, un groupe de pays ayant connu une réussite aussi fulgurante n'a été frappé aussi durement que les économies dynamiques d'Asie au cours des années 1997 et 1998. Aux turbulences économiques, -passagères pour plusieurs Etats de la zone, mais révélant ici et là les failles d'un modèle de développement qui semblait alors inattaquable- ont parfois succédé des crises politiques et sociales, aux racines autrement plus profondes. La diversité de l'Asie émergente, ensemble disparate, a éclaté au grand jour.

Secoué par la crise financière de 1997 et ses conséquences, éclipsé par l'éveil économique de la Chine, remis en cause par le ralentissement économique japonais, fragilisé par les incertitudes pesant sur la croissance américaine, menacé pour partie par une instabilité politique chronique, qu'est devenu le miracle économique de l'Asie émergente ?

Après les avoir portés aux nues, faut-il désormais vouer aux gémonies les économies d'Asie du Sud-Est ?

Soucieuse d'analyser les perspectives de croissance d'une région en convalescence, et d'encourager le développement de nos relations économiques avec les pays du Sud-Est asiatique, la mission de la commission des affaires économiques s'est rendue à Singapour et en Malaisie, les deux premiers partenaires commerciaux de la France dans la zone.

Les membres de la délégation souhaitent exprimer toute leur gratitude aux interlocuteurs politiques et économiques singapouriens et malaisiens, qui leur ont réservé un accueil chaleureux et attentif, ainsi qu'aux ambassades de France et aux services économiques implantés auprès d'elles, qui ont oeuvré avec compétence et efficacité pour le bon déroulement de leur mission.

Les visites et entretiens conduits sur place amènent la délégation à formuler deux remarques : tout d'abord, et au-delà des turbulences passagères, et déjà presque oubliées, il n'est pas douteux que le potentiel économique de ces pays reste intact.

Ensuite, la délégation a pu constater que les positions françaises , si elles s'accroissent rapidement depuis quelques années, demeurent, sur le plan économique, somme toute globalement modestes, non seulement par rapport aux Etats-Unis et au Japon -très présents dans la région- mais aussi, au sein de l'ensemble européen, par rapport à nos voisins britannique, allemand, voire néerlandais.

La délégation en est convaincue : il est temps, pour les entreprises françaises, de tourner résolument leur regard vers cette région du monde.

* 1 Rapport d'information n° 429, Sénat, 1988-1989, au nom de la Commission des Affaires économiques , par M. Jean François-Poncet, Président, MM. Richard Pouille, Jacques Bellanger, Marcel Bony, Jean Huchon, Paul Malassagne, Louis Moinard et Jean Simonin.

* 2 " The East Asia Miracle Economic Growth an Public Policy "

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