G. L'IMPACT DE L'AUGMENTATION DU PRIX DU PÉTROLE
• Au niveau macro-économique, une augmentation du prélèvement pétrolier a un triple effet.
- Tout d'abord, elle réalise un prélèvement sur l'économie française, du fait de l'augmentation de la facture pétrolière. A court terme, le pétrole n'ayant pas de substitut, l'augmentation de son prix est presque intégralement reversée aux pays producteurs.
Le modèle e-mod.fr étant national, il n'intègre pas le fait que le choc pétrolier devrait susciter une diminution de la demande adressée (les pays exportateurs de pétrole n'utilisant pas l'intégralité de leur gain de revenu pour augmenter leurs importations) et une moindre dégradation de la compétitivité française que celle projetée par l'OFCE.
En particulier, il ne permet pas de dire lequel de ces deux phénomènes l'emporterait, et donc si l'impact de l'augmentation du prix du pétrole sur l'économie française serait plus ou moins fort que celui indiqué dans la variante de l'OFCE.
- Ensuite, l'augmentation du prix du pétrole réduit l'activité économique .
En effet, elle entraîne pour les entreprises une plus forte croissance du prix des consommations intermédiaires en produits pétroliers (carburants pour les transporteurs, produits pétroliers bruts pour les raffineurs et les industries du plastique) et pour les ménages une plus forte croissance des prix à la consommation (fioul domestique, carburants).
Les prix de production, l'emploi et surtout les salaires s'ajustant avec retard, le pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages serait diminué et le taux de marge des entreprises (ratio excédent brut d'exploitation/valeur ajoutée) se dégraderait.
Cette dégradation du taux de marge entraînerait une baisse de l'investissement productif.
Cependant, à court terme, l'impact sur le PIB serait réduit par deux mécanismes. D'une part, les ménages diminueraient leur épargne pour conserver leur niveau de consommation. D'autre part, les importations se réduiraient du fait d'une demande intérieure plus faible.
- Enfin, l'augmentation du prix du pétrole est un facteur d'inflation.
Ce phénomène s'explique par le fait que chaque agent cherche à transmettre à d'autres le coût supplémentaire qu'il a subi. Par exemple, les entreprises augmentent leurs prix, et les salariés accroissent leurs revendications salariales.
Cependant, selon le modèle, la boucle inflationniste est rapidement enrayée. En effet, les salaires horaires ne sont pas indexés de façon unitaire sur les prix à la consommation. Par ailleurs, la hausse du chômage induite par la baisse de l'activité par rapport à une situation sans choc pétrolier est un facteur de modération salariale.
Cela évite le gonflement des coûts de production pour les entreprises mais aussi réduit l'évolution du pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages. A moyen terme, le taux d'inflation d'équilibre de l'économie a été diminué.
Compte tenu du bouclage, la hausse du prix du pétrole entraîne une baisse du taux d'épargne financière de l'Etat, des entreprises et une progression du taux d'épargne financière des ménages du fait de la hausse du chômage.
Au total, une augmentation du prélèvement pétrolier à hauteur de 1 % du PIB (analogue à celle observée du deuxième trimestre de l'année 1999 au troisième trimestre de l'année 2000, correspondant au passage du prix du baril de Brent de 15,4 à 30,4 dollars) aurait un impact sur le PIB de - 0,5 point.
Les autres résultats de la variante sont présentés dans le tableau ci-après.
AUGMENTATION DE 1 POINT DE PIB
DU PRELEVEMENT PETROLIER
Ecart en % du compte courant |
1 an |
2 ans |
3 ans |
4 ans |
5 ans |
PIB total en volume |
-0.5 |
-0.5 |
-0.5 |
-0.6 |
-0.7 |
Importations |
-0.7 |
-0.7 |
-0.8 |
-0.8 |
-0.9 |
Consommation des ménages |
-0.7 |
-0.7 |
-0.9 |
-1.0 |
-1.1 |
Consommation des administrations |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
Investissement : |
|||||
Investissement productif |
-1.2 |
-1.3 |
-1.4 |
-1.4 |
-1.5 |
Investissement logement |
-1.2 |
-1.2 |
-1.7 |
-2.0 |
-2.2 |
Variations de stocks (contribution) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
Exportations |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
Productivité du travail (par tête) |
-0.2 |
0.0 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
Effectifs totaux (en milliers) |
-76 |
-77 |
-102 |
-117 |
-127 |
Effectifs totaux (en %) |
-0.3 |
-0.3 |
-0.4 |
-0.5 |
-0.5 |
Taux de chômage (en point) |
0.2 |
0.2 |
0.3 |
0.3 |
0.4 |
Salaire horaire |
0.0 |
-0.1 |
-0.2 |
-0.5 |
-0.9 |
Salaire horaire réel |
-0.3 |
-0.4 |
-0.4 |
-0.5 |
-0.6 |
Revenu disponible brut |
-0.6 |
-0.6 |
-0.8 |
-1.0 |
-1.4 |
Taux d'épargne |
-0.2 |
-0.2 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
Prix du PIB |
-0.7 |
-0.7 |
-0.8 |
-1.0 |
-1.3 |
Prix de la consommation des ménages |
|
|
|
|
|
Soldes (en point de PIB) |
|||||
Etat |
-0.3 |
-0.4 |
-0.4 |
-0.5 |
-0.5 |
Entreprises |
-0.4 |
-0.2 |
-0.3 |
-0.3 |
-0.2 |
Ménages |
-0.1 |
0.0 |
0.1 |
0.1 |
0.1 |
Nation |
-0.8 |
-0.8 |
-0.8 |
-0.8 |
-0.8 |
Prix des imports |
4.7 |
4.6 |
4.3 |
3.9 |
3.6 |
Prix des exports |
-0.1 |
-0.1 |
-0.2 |
-0.4 |
-0.6 |
Taux de change |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
Le tableau se lit comme suit : lors de la cinquième année du choc, le PIB en volume est inférieur de 0,7 % à celui du compte central, le niveau des prix à la consommation est inférieur de 0,3 % à celui du compte central.
Source : Calculs OFCE, e-mod.fr