B. LE SECTEUR FERROVIAIRE : UNE AMBITION LOUABLE DESSERVIE PAR DES STRUCTURES LOURDES ET UNE STRATÉGIE INSUFFISANTE

Le secteur ferroviaire concentre, à juste titre, toutes les attentions. En effet, sa part modale ne cesse de décliner au profit de la route, malgré le besoin de disposer, particulièrement dans certaines zones écologiquement fragiles, de transports substitutif à la route.

L'écart qu'il convient de combler porte surtout sur le transport de marchandises, qui est presque exclusivement réalisé par la route. D'où l'objectif très courageux de doubler le trafic fret en 10 ans, et de maintenir ainsi sa position par rapport à la route.

Mais cette ambition louable se heurte à de nombreux obstacles. La direction de la prévision avoue elle-même que " l'objectif de doublement du trafic fret est retenu à ce stade sans que soient clairement explicités les moyens d'y arriver ".

En effet, la SNCF n'est pas encore parvenue à se défaire de sa priorité absolue donnée aux voyageurs au détriment du fret.

D'autre part, l'entreprise SNCF doit faire face à un important accroissement de ses charges, résultant pour l'essentiel de ses charges de personnel et du financement de la politique des 35 heures.

De surcroît, le développement de l'activité fret de la SNCF nécessiterait des investissements de contournements, pour une vingtaine de milliards de francs, afin d'éviter les goulots d'étranglement autour des grandes villes, mais la priorité politique n'est pas donnée à ce type d'investissement.

1. Les résultats du secteur ferroviaire

a) Le trafic voyageurs

Le tableau suivant donne l'évolution, depuis 1995, du trafic voyageurs de la SNCF sur le réseau principal d'une part, avec la répartition entre TGV, trains rapides et express et services régionaux d'une part, et trafic d'Ile-de-France d'autre part.

Evolution du trafic voyageurs de la SNCF depuis 1995

catégorie de trains

1995

1996

1997

1998

1999

1999/1998

TGV

21,4

24,8

27,6

30,0

32,2

7,3 %

Trains rapides nationaux

18,9

18,9

17,8

17,5

16,8

- 4,0 %

Total grandes lignes

40,3

43,7

45,4

47,5

49,0

3,2 %

Services régionaux de voyageurs

6,8

7,2

7,5

7,7

8,0

3,9 %

total réseau principal

47,1

50,9

52,8

55,2

57,0

3,3 %

Ile-de-France

8,5

8,9

9,0

9,3

9,6

3,2 %

Total voyageurs

55,6

59,8

61,8

64,5

66,6

3,3 %

En milliards de voyageurs/kilomètre

L'ensemble du trafic voyageurs de la SNCF a progressé de 3,3 % en 1999 après avoir augmenté de 4,4 % en 1998 et 3,4 % en 1997.

On remarquera que si le trafic du réseau principal évolue de manière significative (+ 3,3 %), cette évolution est due en grande partie à l'évolution du trafic TGV (+ 7,3 %), alors que le trafic des trains rapides nationaux continue de chuter (- 4 %).

Le trafic régional de voyageurs a quant à lui enregistré une hausse significative (+ 3,9 %).

On observera que le nombre total de voyageurs/kilomètre a progressé de manière significative entre 1995 et 1999, passant de 55,6 à 66,6. Cependant, sur moyen terme, il ne s'agit que d'un rattrapage, puisque le trafic se situe en 1999 à peine au-dessus de celui de 1990. D'autre part, le trafic est poussé par le réseau grandes lignes et en particulier les TGV alors que les trafics régionaux stagnent globalement depuis dix ans.

Toutefois, compte tenu de la bonne tenue du trafic depuis 3 ans, l'objectif de 3 % de hausse du trafic par an retenu par la SNCF pour les années à venir semble plus qu'accessible.

b) Le trafic marchandises

Le tableau suivant donne l'évolution, depuis 1995, du trafic marchandises de la SNCF exprimé en milliards de tonnes-kilomètres, ainsi que l'évolution de la part de marché du rail :

1995

1996

1997

1998

1999

1999/1998

trafic fret

46,6

48,3

52,6

52,7

52,1

- 1,1 %

part de marché (en %)

24,8

25,8

27,4

26,6

25,5

- 1,1 %

Le trafic fret a connu une reprise importante à partir de 1995, reprise qui, après une excellente année 1997, s'est tassée en 1998, et s'est infirmée en 1999. Cette situation est due notamment à l'ampleur des conflits sociaux dans l'entreprise.

L'an dernier, la chute du trafic fret au premier trimestre 1999 était inquiétante. Ce recul, lié aux problèmes de saturation du réseau, aux suites des mouvements sociaux à la SNCF et à l'activité économique, s'est malheureusement confirmé.

Ainsi, malgré la reprise de 1997 (+ 8,7 %), la part de marché du fret ne cesse de se dégrader depuis 10 ans (passant de 28,8 % à 25,5 %) 7 ( * ) . Le fret a reculé à 57,5 milliards de tonnes/km , mais les prévisions pour 2000 (56 milliards de tonnes/km) et 2001 (57,5 milliards de tonnes/km) sont un peu meilleures. De fait, le trafic fret a enregistré une progression de 9,5 % au premier semestre 2000 (9 % pour le trafic conventionnel, 11 % pour le trafic combiné). L'évolution du trafic fret est en effet liée aux perspectives de croissance de secteurs lourds tels que la sidérurgie, la chimie, ou le bâtiment-travaux publics, qui sont aujourd'hui dynamiques.

* 7 Ce phénomène n'est pas propre à la France. Ainsi, en Belgique, le trafic de marchandises a augmenté de 73,9 % depuis 1990, mais la route a progressé de 165 % tandis que les chemins de fer régressaient de 4,5 % et les transports par voie navigable de 9,1 %. La part des chemins de fer a regressé de 28,5 % en 1970 à 15,7 % en 1997.

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