L'urgence de prendre une décision sur l'EPR
EDF a
manifesté un soutien constant au projet de réacteur
européen à eau pressurisée (EPR). A la mi-98, ce projet
paraît tout aussi important pour l'avenir de la production
nucléaire d'électricité en France.
La position d'EDF est la suivante : d'accord sur le principe pour
commander une tête de série, mais à la condition qu'il y
ait effectivement une série ultérieure.
Depuis le début de son recours au nucléaire, EDF met en oeuvre
avec constance une politique de paliers. Les effets en sont bien connus :
économies d'échelle, retour d'expérience maximal et, au
final, rentabilité optimale. Il ne saurait en être
différemment pour l'EPR.
Les premières tranches du palier CP0 arrivent en fin de vie. Avec une
durée de vie d'une quarantaine d'années, cette
échéance se profile vers 2015. Il est donc indispensable d'avoir
accumulé une expérience significative sur la tête de
série.
En conséquence, la décision pour la commande du premier EPR - en
tant que tête de série - ne saurait tarder. Pour avoir un
calendrier optimal, il s'agit de passer commande de la cuve en 1999-2000, et de
couler le premier béton en 2003. Plusieurs centrales existantes
pourraient accueillir le nouveau réacteur dans le cadre normal d'une
tranche de centrale supplémentaire. Les préférences
actuelles vont vers Penly et dans une moindre mesure vers Flamanville.
Bien évidemment, à la volonté clairement affichée
d'EDF, doit correspondre un engagement tout aussi clair des industriels, en
l'occurrence Framatome et Siemens.
Adaptations stratégiques et transposition de la directive européenne sur l'ouverture du marché de l'électricité
Alors
que l'ouverture du marché de l'électricité entrera en
vigueur dès le début 1999, il paraît dommageable à
EDF de prendre du retard dans la mise en oeuvre d'une stratégie
économiquement viable, celle du recours au Mox comme moyen
d'épuisement des quantités de plutonium.
Le renchérissement de l'option Mox par limitation du nombre de tranches
moxées nuirait à sa position concurrentielle. La remise en cause
de l'outil industriel de La Hague parait totalement inopportune pour les
mêmes motifs. Il convient que l'organisation prévue de longue date
se mette en place et produise des résultats en régime
stationnaire. Toute décision contraire conduirait à prendre parti
prématurément sur des questions qui doivent rester ouvertes
jusqu'au terme de 2006 prévu par la loi du 30 décembre 1991.