D - Le problème de la situation des pays en voie de développement
Dans le
tableau du développement des cultures transgéniques dans le monde
on voit qu'un certain nombre de pays dits " émergents ", comme
la République populaire de Chine, le Mexique ou l'Argentine commencent
à apparaître comme importants ou même très importants.
Concernant les pays les plus pauvres du monde, on peut dire, très
rapidement, que le discours est considérablement plus important que les
réalisations concrètes, même si celles-ci ne sont pas
inexistantes.
Les problèmes des pays les moins avancés de la planète
sont assez souvent mis en avant par le discours résolument favorables
aux plantes génétiquement modifiées.
En effet on présente ces dernieres comme la future panacée qui
permettra d'apporter une solution présentée comme
définitive au problème de la faim dans le monde. Certains
éléments de ce discours me semblent devoir être pris en
grande considération tel, par exemple, celui insistant sur le
problème de la raréfaction des surfaces arables et de la
déforestation dans ces pays, deux phénomènes tout à
fait inquiétants pour ses conséquences au niveau mondial.
Mais
il y a un contraste assez saisissant entre ce discours et la
pauvreté des réalisations concrètes en faveur de ces
pays
. En effet, jusqu'à présent les variétés
végétales transformées génétiquement sont,
très majoritairement, des variétés de pays
industrialisés pour répondre à des problèmes
spécifiques de ces derniers. En effet on ne m'a cité aucune
recherche sur les modifications permettant à des plantes de mieux
résister à la sécheresse ou à la salinité.
Des actions existent néanmoins. Il faut tout d'abord saluer l'action
menée par l'O.R.S.T.O.M. en France, à Montpellier, et au sein du
laboratoire mixte de l'I.L.T.A.B. établi en Californie. Ainsi M. Claude
Fauquet, directeur de recherches à l'O.R.S.T.O.M. et codirecteur de
l'I.L.T.A.B., m'a-t-il fait part des travaux réalisés sur le
manioc, en tenant compte du fait que 600 millions de personnes consomment cette
plante dans le monde.
Les grandes firmes internationales du secteur font également quelques
efforts même s'il convient de rester vigilant sur leurs discours en la
matière. Ainsi Novartis a-t-il mis à la disposition du Centre
international du maïs et du blé (C.I.M.M.Y.T.) une souche de
maïs transgénique autorésistant à la fusariose.
Monsanto a de son côté effectué un transfert de technologie
concernant un riz modifié au profit de l'Institut international de
recherche sur le riz (I.R.R.I.). Cependant malgré ces quelques actions,
M. Ismaël Serageldin, vice-président de la Banque mondiale que j'ai
rencontré lors de ma mission aux Etats-Unis, a déploré la
grande insuffisance des transferts de technologie dans ce domaine entre les
pays industrialisés et les pays les plus pauvres de la planète.
Concernant ces pays, il sera aussi nécessaire de réfléchir
à certaines finalités de la réalisation de plantes
transgéniques dans les pays industrialisés dans la mesure
où un certain nombre de constructions aboutiront à des substituts
de produits actuellement importés des pays pauvres. On peut penser comme
exemple aux recherches menées pour faire produire des acides gras
saturés à chaîne courte ou moyenne à des colzas
poussant dans les pays du nord pour en substituer les huiles à celles
importées actuellement des pays tropicaux.