II La coopération des organismes de recherche
Si la coopération entre les industriels s'est intensifiée, malgré les préventions initiales, il en a été de même entre les organismes de recherche français et allemand, ce qui est prometteur pour l'avenir dans la mesure ou il faudra bien commencer à dégager des moyens importants pour étudier des réacteurs révolutionnaires du type de celui préconisé par le Pr. Carlo Rubbia 3( * )
.
A) La collaboration CEA/FZK
Suite
à la décision de lancement du projet du réacteur
franco-allemand EPR, de la constitution de la filiale commune NPI entre
FRAMATOME et SIEMENS, et de la structuration des relations entre les
autorités de sûreté françaises et allemandes, les
principaux organismes de recherche impliqués dans le projet, le
Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) et le centre de recherche de
Karlsruhe (Forschung Zentrum Karlsruhe : FZK) ont conclu en 1992 un accord
de coopération couvrant le domaine des futurs réacteurs à
eau sous pression (REP)
4(
*
)
. Il
se situe dans le prolongement de la collaboration très étroite
entre les deux organismes qui existait depuis de nombreuses années,
notamment dans le domaine des études sur les réacteurs à
neutrons rapides.
Un Comité Directeur a été chargé de coordonner les
travaux de recherche. Il comprend, pour le CEA, les Directeurs de la Direction
des Réacteurs Nucléaires (DRN) et de l'Institut de Protection et
Sûreté Nucléaire (IPSN) et leurs adjoints programmes et,
pour FZK, les Directeurs de trois Instituts de FZK et le chef de projet
réacteur à eau sous pression. Il se réunit deux fois par
an, alternativement en France et en Allemagne. Il a décidé que le
champ de la collaboration couvrirait en fait la recherche et le
développement (R & D) sur les problèmes d'accidents
graves des REP et a défini trois sous-domaines dont il a confié
la charge à trois groupes de travail. Chaque groupe de travail,
doté de trois coprésidents (DRN, IPSN et FZK), ce qui, au
passage, illustre la lourdeur des coopérations internationales
parfaitement égalitaires, se réunit en tant que de besoin en
séance plénière ou en réunion plus
spécialisée et rend compte de ses travaux lors des
réunions du Comité Directeur.
Les groupes de travail couvrent les trois domaines suivants :
1- Le comportement de la cuve du réacteur.
Ce domaine comprend la dégradation du coeur, la formation des bains de
corium
5(
*
)
en fond de cuve, la
tenue mécanique de la cuve ainsi que les phénomènes
d'explosion de vapeur.
2- Le comportement du corium hors cuve.
Ce domaine couvre le problème de la récupération du corium
hors de la cuve, ce dernier étant guidé vers un déversoir.
3- Les chargements de l'enceinte de confinement en conditions d'accidents
graves.
Ce domaine couvre les problèmes d'enceinte de confinement, à
savoir l'évacuation de la puissance résiduelle à long
terme, ainsi que le risque d'explosion d'hydrogène.
Cette coopération vise à harmoniser les recherches entre les
organismes de façon à éviter les doublons, à
profiter réciproquement de l'expérience acquise dans ces domaines
au cours des années passées, d'échanger des
résultats expérimentaux complémentaires et de comparer des
codes de calculs. Une concertation a également lieu pour conclure des
accords internationaux avec les autres pays du monde et, en particulier, au
niveau des organismes internationaux liés à la Commission
européenne ou à l'OCDE.
En alternance avec les congrès SFEN/KTG consacrés à l'EPR,
dont le dernier suivi par votre Rapporteur a eu lieu à Cologne en
octobre 1997, CEA et FZK présentent tous les deux ans, de manière
détaillée, leurs travaux de recherche aux industriels allemands
et français.
Mais, au cours des auditions auxquelles j'ai procédé, j'ai pu
constater que l'Union Européenne et nos principaux partenaires se
sentaient exclus d'un projet qui est par nature franco-allemand.