D. VERS UNE ÉTHIQUE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES D'INFORMATION ET DE COMMUNICATION ?
1. Les fondements de la démarche
a) Les enjeux de société
La diversité des sujets abordés au cours de la
présente étude montre que la technologie numérique a des
retentissements dans tous les domaines de la vie sociale, technique,
industrielle, commerciale, culturelle, psychologique, politique. On l'a dit:
" l'ère
Cyber
inaugure une transformation culturelle dont
les secousses se feront profondément sentir, dont les retentissements
vont affecter radicalement nos sociétés
144(
*
)
"
. Les progrès
techniques fulgurants conduisent à des changements qualitatifs et
à un paradoxe :
plus la société glisse vers la
communication par l'image, moins celle-ci est fiable
.
L'important est moins dans les risques de manipulation -qui existaient
déjà auparavant- ou dans les risques de confusion
réel/virtuel, que dans la perte de confiance dans l'image et, dans le
même temps, l'impression qu'en cette matière tout est
désormais possible. L'évolution est irréversible. Nous
vivons un profond changement culturel et, pour la première fois, nous en
sommes conscients. Mais, devant l'avalanche de possibilités nouvelles,
le paysage est troublé, les repères disparaissent.
Les questions posées, et les réponses qu'aujourd'hui on peut
proposer -telles que l'apprentissage de l'image, la formation du regard...-
montrent à l'évidence que la technologie de l'image
numérique dépasse le seul cadre professionnel. Elles sont autant
d'appels pour que la société civile s'en saisisse.
Si l'on veut croire encore que l'homme est libre de son destin, qu'il n'est pas
conditionné par les progrès techniques qui
pénètrent la société moderne, il est
nécessaire de définir des orientations pour engager cette
révolution. Deux pistes peuvent être explorées :
ne pas aborder les NTIC avec une suspicion telle qu'elle briserait
l'élan d'une évolution qui recèle un potentiel
extraordinaire d'innovations, de capacités de communication et
d'échanges entre les hommes, et d'apprentissage ;
en esquisser les limites. Aucune réponse spécialisée
n'est adaptée. Tout contrôle sera inopérant et la
réglementation nationale est vouée à l'échec. Les
chartes déontologiques risquent d'être insuffisantes, n'ayant pas
"force de loi".
C'est dans une démarche éthique que l'on peut chercher une
réponse à ces enjeux de société.