LE CONTRE EXEMPLE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE L

Lors des débats au Sénat le 8 décembre 1988 concernant la création de la "Bibliothèque de France", le ministre responsable s'était engagé à mettre en réseau les ressources des grandes bibliothèques universitaires et municipales françaises

Cette mise en réseau permettait à de nouveaux conservateurs répartis sur le territoire de participer à une mission commune, dans le cadre de directives pilotées par la Bibliothèque Nationale, elle-même renforcée et d'éviter de centraliser tous les moyens nécessaires à Paris.

Redistribuer par télématique des informations et mettre à disposition de tous les Français le patrimoine culturel était un vrai projet novateur. Cette idée est reprise, depuis 1993, mais c'est un groupement dénommé : U.S. National Digital Library (Stanford, Berkeley, Illinois, etc.) qui associe des fonds publics et des fonds privés de grandes sociétés informatiques qui le met en oeuvre....

En 1997, la Biblothèque Nationale de France a certes numérisé 30 millions de pages. Mais la mise en réseau effective et l'étude de moteurs de recherche adaptés ne correspondent pas à une priorité.

Au contraire, on veut limiter la consultation à un public parisien [11] , alors que le même terminal relié au réseau téléphonique national peut distribuer aux salles de lecture de toutes les bibliothèques de France, y compris celles de la Bibliothèque Nationale de France.

C'est la négation même de la modernité. Et c'est une injustice car les investissements consentis pour la Bibliothèque Nationale de France sont le fait de tous les Français.


· Aux États-Unis, se sont les collectivités locales (beaucoup plus que l'État fédéral) qui désormais sont les moteurs de l'informatisation de la société. La ville de Los Angeles a mis en place [12] un système qui permet à plus de 30% du personnel municipal de télétravailler dans des sites proches de leur domicile. L'objectif essentiel était de diminuer les transports automobiles, donc la pollution urbaine. Le résultat a été, en outre, des économies annuelles de 600 millions de dollars par suite de gains de productivité, de meilleure satisfaction au travail, de diminution d'absences pour maladies, de diminution de frais généraux.

Dans la région de San Francisco, toutes les écoles des quartiers difficiles ont été dotées d'ordinateurs reliés à Internet par accord entre le district, la ville et les industriels regroupés dans Smart Valley.

L'État de Caroline du Nord développe depuis plusieurs années une stratégie visant à transformer l'État en un site numérique, informatisant et câblant toutes les municipalités, les administrations et services extérieurs, les écoles, lycées, universités, h™pitaux, etc. Tout ceci en liaison avec les opérateurs télécom, les cablo-opérateurs et les industriels.


· En Italie, la ville de Sienne, grâce à des initiatives du maire relayées par les milieux concernés, est devenue une cité numérique exemplaire, tant en ce qui concerne l'éducation que les relations avec les administrés.


· En France, les collectivités locales restent trop souvent en attente. Certaines d'entre elles ont pris des initiatives dans le cadre des expérimentations en cours (ou d'incitations de la DATAR), ou d'appui à des initiatives émanant de tel recteur, tel directeur de collège, tel inspecteur d'académie, tel responsable municipal. C'est le cas dans diverses régions (Aquitaine, Alsace, Provence-Alpes-C™te d'Azur), ou dans divers départements (Rh™ne, Alpes-Maritimes), qui ont décidé de devenir "site numérique". Mais en général, ces initiatives restent limitées et méconnues. On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une stratégie nationale structurée, appuyée par des médias, le secteur économique, la population et tous les pouvoirs publics.

En matière de santé, l'utilisation de la télématique reste marginale. Certes, le carnet de santé électronique est expérimenté et l'informatisation des professions médicales commence, sous l'impulsion des Ministres concernés, mais sans mobilisation nationale. Quelques expériences de téléformation, de télédiagnostic, de télésurveillance médicale de patients, de saisie de données par les professions d'auxiliaires médicaux. Mais pas de mise en commun médiatisée des expériences.

La technique nous apporte de façon peu coúteuse la solution adaptée. Notre pays est leader mondial en matière de carte à puce électronique. Pourquoi ne pas gagner du temps, des compétences et ensuite conquérir des marchés mondiaux, en engageant plus rapidement un programme "carnet de santé électronique simple" et, en même temps, en sensibilisant et formant systématiquement les médecins. Leur ordinateur leur sert, pour l'essentiel, au traitement de texte et à un peu de bureautique. Ils peuvent très vite aller plus loin. Et de nombreux prestataires de services les y aideront sur tout le territoire.

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On pourrait multiplier les exemples. Le constat est clair.

La population française dispose d'une pratique de la télématique bas débit. L'informatisation est en retard et donc la télématique moyen débit aussi. Le manque de compréhension de l'urgence et une certaine frilosité (gouvernementale ? industrielle ? générale ?) empêchent de passer aux moyens débits qui existent et aux hauts débits qui ne demandent qu'à se mettre en place, surtout depuis la déréglementation.

Ces blocages ne résultent pas de problèmes financiers car les investissements nécessaires ne sont pas démesurés. Ils ne sont liés qu'à un manque de volonté et d'ambition, du à une méconnaissance de la réalité mondiale contemporaine et de la rapidité de son évolution.

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La France pourrait être en pointe dans l'entrée dans la Société de l'Information. Elle pourrait imposer au monde une partie de ses avances en logiciels techniques et en invention de matériels performants [13] .

Notre pays peut aussi contribuer au rayonnement et à la primauté de l'Europe par des services performants et une industrie de programmes et de contenus. La richesse de notre patrimoine et de notre passé, celui de l'Europe, nous imposent d'aller de l'avant, de devenir leaders. Au contraire, nous prenons du retard. C'est inadmissible.

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