6. Une machine bureaucratique et paperassière : le règne de l'écrit
Paradoxe pour une population qui compte entre 20 et 30 % d'illettrés, la procédure dans les établissements pénitentiaires est essentiellement écrite. Dans les maisons d'arrêt de moins de 200 détenus, où le directeur connaît personnellement tous les détenus, ce formalisme est beaucoup moins pesant.
Les surveillants souffrent également de la multiplicité des écrits demandés. Leurs représentants ont noté, à de nombreuses reprises, l'importance prise par les tâches administratives et les comptes rendus d'incidents, au détriment du temps passé au " contact " des détenus.
Par ailleurs, les décisions d'affectation dans les établissements pénitentiaires semblent " occuper " beaucoup le ministère de la justice et les directions régionales. Elles s'effectuent selon des critères peu transparents et peu efficaces.
Le passage obligé des condamnés à plus de dix ans au " Centre national d'observation " (CNO) de Fresnes représente une lourde charge administrative.
Les détenus pâtissent beaucoup des dysfonctionnements de la " machinerie " pénitentiaire. Le Père Renaudin, aumônier des prisons, a expliqué qu'un détenu avait pu recevoir un formulaire du type " numéro d'écrou, nom, prénom. Suite au décret de grâce en date du 16 décembre 1999, vous bénéficiez d'une réduction de peine de 0 mois, 0 jour. Date de libération avant réduction : 10 février 2009. Nouvelle date de libération : 10 février 2009 ". La commission s'abstiendra de tout commentaire sur une telle bévue qui n'a sans doute pas contribué à remonter le moral de l'intéressé.