N°
266
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 15 mars 2000
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur :
- le
projet de loi autorisant l'approbation des amendements à la convention
pour la
protection
de la
mer Méditerranée
contre la pollution
,
- le projet de loi autorisant l'approbation des amendements au protocole
relatif à la
protection
de la
mer
Méditerranée
contre la pollution d'origine
tellurique
,
- le projet de loi autorisant l'approbation des amendements au protocole
relatif à la
prévention
de la
pollution
de la
mer Méditerranée
par
les
opérations
d
'immersion
effectuées
par les
navires
et
aéronefs
,
- le projet de loi autorisant l'approbation du protocole relatif aux
aires
spécialement
protégées
et à la
diversité biologique
en
Méditerranée
(ensemble trois annexes
adoptées à Monaco le 24 novembre 1996),
Par M.
Aymeri de MONTESQUIOU,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Jean Bernard, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Xavier Dugoin, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Michel Pelchat, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir
les numéros
:
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Traités et conventions. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
La Méditerranée constitue un espace naturel d'une grande
originalité, riche d'une flore et d'une faune très diverses.
Au point de rencontre de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie, cet environnement
a contribué à façonner les grandes civilisations
nées sur les rives de la Méditerranée.
L'accord longtemps préservé entre l'homme et la nature est-il en
passe de disparaître ? Les équilibres naturels
particulièrement fragiles d'une mer semi-fermée sont en effet
soumis à la pression conjuguée de la démographie et de
l'industrialisation.
Comment sauvegarder l'environnement sans brider pour autant le
développement économique d'une région dont la
prospérité demeure très inégalement
répartie ?
La difficulté de concilier les intérêts de
l'écologie et de l'économie constitue la toile de fond
récurrente du débat relatif au renforcement de la protection de
l'environnement. Elle ne doit cependant pas servir de prétexte, comme ce
fut le cas trop souvent, à l'inertie. Un équilibre entre ces
préoccupations contradictoires doit être possible. Il sera le
fruit d'efforts entrepris à l'échelle de la communauté des
nations. D'une part, l'environnement constitue un patrimoine commun. Une
négligence isolée peut compromettre le bien-être de tous.
Il importe dès lors que soient fixés des principes reconnus de la
manière la plus large possible. D'autre part, une approche
internationale permet de favoriser la coopération entre pays
industrialisés et pays en développement.
Ces considérations expliquent le développement
considérable du droit international de l'environnement au cours des
trois dernières décennies.
La fragilité du bassin méditerranéen a conduit à
une prise de conscience précoce de la communauté internationale.
C'est ainsi que dès 1954, la Méditerranée se trouvait
classée " zone d'interdiction " par la convention
internationale de Londres pour la prévention de la pollution des eaux de
la mer par les hydrocarbures. Elle a été considérée
par la suite comme " zone spéciale " aux termes de la
convention internationale de Londres du 2 novembre 1973 pour la
prévention de la pollution par les navires. Il est enfin significatif
que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE),
créé en 1972 par la Conférence des Nations unies sur
l'environnement, réunie à Stockholm, ait choisi de consacrer le
premier plan d'action, prévu pour les mers régionales, à
la Méditerranée.
Le plan d'action pour la Méditerranée a permis de poser les bases
du dispositif juridique faisant l'objet des modifications aujourd'hui soumises
à l'examen de notre Haute assemblée sous la forme de quatre
protocoles. Le dispositif originel réunit un accord cadre, la convention
de Barcelone destinée à fixer les obligations minimales à
l'attention des Etats signataires et une série de protocoles
additionnels relatifs aux formes particulières de pollution, au contenu
plus précis et technique.
Vingt ans après la mise en place de ce cadre juridique, une mise
à jour s'est avérée nécessaire. Elle se traduit par
la modification de trois textes : la convention de Barcelone, le protocole
relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la
pollution d'origine tellurique et le protocole relatif à la
prévention de la pollution par les opérations d'immersion
effectuées par les navires. Ce souci de rénovation se manifeste
aussi par la substitution d'un nouvel accord au protocole relatif aux
accès spécialement protégés.
Avant d'analyser le contenu et la portée des dispositions des quatre
protocoles, votre rapporteur cherchera à dresser un état des
lieux de la pollution en Méditerranée et des moyens
engagés pour la combattre.
*
* *
I. LA POLLUTION EN MÉDITERRANÉE : UN RISQUE PERSISTANT EN DÉPIT DE LA PRISE DE CONSCIENCE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
A. UN ÉTAT DES LIEUX DIFFICILE À ÉTABLIR
1. Les facteurs de vulnérabilité
La
configuration du bassin méditerranéen constitue en
elle-même un facteur de vulnérabilité.
Fragile, l'équilibre écologique apparaît en outre soumis
à la pression croissante des activités humaines.
.
Une mer fragile
Mer semi-fermée, la Méditerranée présente plusieurs
caractéristiques qui l'exposent particulièrement aux risques de
pollution : absence presque totale de marées, circulation des
courants en eau profonde qui ramènent les déchets vers les
côtes... Certes, pendant longtemps les conséquences nocives des
activités humaines ont pu être éliminées de par les
mécanismes mêmes de la nature. Aujourd'hui cependant, l'importance
de la pollution dépasse de beaucoup les capacités naturelles
d'absorption et d'élimination.
.
Une pression croissante de l'environnement humain
La pression humaine exercée sur le milieu naturel combine les effets de
la démographie et des activités économiques. Le nombre des
riverains du bassin méditerranéen est passée de
212 millions en 1950 à 397 millions en 1993. Il devrait
représenter 540 millions en 2025. Cette croissance sera principalement
le fait des pays de la rive sud de la Méditerranée se traduisant
une urbanisation accélérée des côtes.
En outre, le littoral méditerranéen accueille chaque année
quelque cent millions de touristes (soit 33 % des flux touristiques
internationaux). Il apparaît ainsi comme la première région
touristique du monde.
Quant au développement économique, l'importance du trafic
maritime permet d'en attester l'indéniable vigueur : si la
Méditerranée représente 0,7 % de la superficie des mers et
des océans, elle accueille chaque jour quelque 600 navires, soit le
tiers du trafic pétrolier mondial.
Le développement économique a pu conduire à une
exploitation excessive des fonds marins. Les réserves halieutiques
seraient ainsi tombées, d'après certaines estimations, à
20 % de leur niveau naturel dans de nombreux points de pêche. Le bassin
méditerranéen est devenu importateur net de poissons.
2. Les sources de pollution
Le
développement parfois désordonné des activités
humaines a suscité différentes formes de pollution. Une partie de
la charge polluante provient directement de l'activité maritime.
L'essentiel (80 %) cependant est d'origine terrestre.
.
Les pollutions liées aux activités maritimes
Le trafic maritime en Méditerranée présente une
particulière intensité. Il porte principalement sur les produits
pétroliers. En outre, la concentration du trafic dans certaines zones,
en particulier dans les détroits (Dardanelles et Gibraltar) multiplie
les risques d'accidents et donc de pollution.
La Méditerranée n'a pas été épargnée
par les accidents qui ont éprouvé la côte atlantique. Ainsi
le naufrage du navire pétrolier Hower en 1991 aux abords de Gênes
a provoqué une marée noire en mer Ligure.
.
La pollution d'origine tellurique
Qu'il s'agisse des rejets urbains ou des rejets industriels, la pollution de la
Méditerranée a trouvé principalement son origine dans les
activités terrestres. Elle a pour vecteur le rejet des eaux
usées. Bien que la capacité de traitement des eaux usées
se soit accrue en Méditerranée, seuls 50 à 60 % des villes
côtières disposent d'une station d'épuration.
Ordinairement, les fleuves enrichissent la production biologique du littoral du
milieu marin. Cependant les effluents urbains ou industriels qu'ils drainent
peuvent provoquer des effets inverses, en particulier lorsqu'ils se jettent
dans des baies où, faute de marées, seuls les courants
générés par les vents exercent un effet -insuffisant- de
dispersion. A titre d'exemple, la quantité de produits pétroliers
bruts rejetés en Méditerranée, a été
évaluée à 0,88 million de tonnes par an, soit le quart de
la totalité des produits de cette nature rejetés dans l'ensemble
des océans ou des mers du globe.
Dans la mesure où les trois grands pays industrialisés du nord
-France, Italie, Espagne- représentent 85 % de l'industrie
manufacturière du bassin méditerranéen, ils peuvent
également être tenus pour les principaux responsables de la
pollution en Méditerranée -70 à 80 % de la pollution selon
certaines estimations. Toutefois, au regard du poids encore limité de
leur outil industriel, les pays en développement apparaissent plus
pollueurs que les Etats riverains membres de l'Union européenne (ils
assurent ainsi 15 % de la production manufacturière mais se trouveraient
à l'origine de 30 % de la pollution tellurique). En effet, la
vétusté, voire l'inexistence des installations de traitement,
conjuguée au relatif laxisme de la réglementation, conduit
à un rejet massif dans la mer de substances nocives. Il suffit
d'évoquer le littoral de la Palestine, où les réseaux
d'eaux usées et les stations d'épuration restent à
créer, ou le littoral maghrébin, gravement atteint par la
pollution industrielle (ainsi en Tunisie, certaines zones sont menacées
par les rejets liés à la fabrication d'engrais
phosphatés).
3. Les conséquences
La
pollution présente de graves conséquences tant pour
l'environnement naturel que pour la santé même des riverains.
Le plateau continental où se concentre l'essentiel des ressources
vivantes et minérales du milieu marin, apparaît, dans le
même temps, du fait même du voisinage avec les côtes, le plus
exposé aux effets de la pollution d'origine tellurique.
La rupture des équilibres écologiques se traduit d'abord par la
raréfaction, voire la disparition de certaines espèces animales
(le phoque moine notamment, localisé en majorité dans les eaux
grecques et sur les côtes sud de la Méditerranée), et
à l'inverse, par l'introduction de nouvelles espèces dont la
prolifération achève de modifier l'écosystème marin
et sa biodiversité.
La caulerpe (caulerpa taxifolia) -algue verte tropicale- s'est ainsi
répandue sur le rivage méditerranéen en France et en
Italie, aux dépens de l'herbier et de la faune qui lui sont
associés -poissons, oursins et autres invertébrés.
La pollution de la Méditerranée n'est pas non plus sans incidence
sur la santé des populations riveraines. Ainsi, d'après certaines
études, l'importance des effluents urbains rejetés en
Méditerranée pourrait être en partie à l'origine du
taux de morbidité due aux gastro-entérites (15 à 50 cas
par an pour 100 000 méditerranéens, à comparer aux cas
compris entre 0,1 et 10 par an dans les pays nordiques). Un expert observait
ainsi
1(
*
)
"
Aux infections
typhoïdiques est souvent associée dans le pourtour du bassin
méditerranéen une incidence élevée des formes
dysentriques, bacillaires et amibiennes, d'infections virales, surtout par le
virus de l'hépatite A
".
Au-delà de ces considérations d'ordre général, il
apparaît difficile de dresser un état des lieux précis de
la situation actuelle de la pollution en Méditerranée, faute de
données homogènes pour les différents pays. Nombre d'Etats
n'ont pas les moyens d'évaluation techniques nécessaires, ou
s'ils en sont dotés, ne sont pas toujours désireux de donner une
publicité à des résultats qui pourraient affecter la
fréquentation touristique -ressource de toute évidence
essentielle pour les économies de la région.
Malgré ces incertitudes, il semble que si le rejet de métaux
lourds (tels que le mercure) dans la mer ait régressé, la
pollution de caractère organique se soit plutôt accrue.
Sur ce point, les efforts pourtant indéniables de la communauté
internationale, n'ont pas porté tous leurs fruits.
B. LES EFFORTS, ENCORE INSUFFISANTS, DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Le
programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), créé en
1972 par la Conférence des Nations unies sur l'environnement,
réunie à Stockholm, a choisi de consacrer le premier plan
d'action prévu pour les mers régionales à la
Méditerranée. La priorité ainsi reconnue à la
Méditerranée traduisait l'acuité des périls
auxquels cette mer se trouvait confrontée. Le Plan d'action pour la
Méditerranée (PAM) comprend quatre volets.
Le premier présente une dimension
socio-économique
. Il
prévoit la planification intégrée du développement
et la gestion des ressources du bassin méditerranéen à
travers deux instruments. Le
Plan bleu
, d'abord, vise à
identifier des actions destinées à favoriser le
développement économique tout en sauvegardant l'environnement. Le
programme d'actions prioritaires
, ensuite, a vocation à
établir, au moyen d'un
réseau permanent
, la
coopération entre les Etats riverains de la Méditerranée
dans les domaines qui intéressent l'environnement.
Le deuxième volet revêt un caractère
scientifique
: il repose sur la mise en place du Programme de
surveillance continue et de recherche en matière de pollution dans la
Méditerranée (MEDPOL).
Le troisième revêt quant à lui une dimension
juridique
. Il prévoit en effet l'élaboration d'un projet
de convention destiné à fixer les principes de la
coopération en matière de lutte contre la pollution en
Méditerranée.
Le 16 février 1976, a ainsi été signée, à
Barcelone, la convention pour la protection de la mer
Méditerranée contre la pollution, entrée en vigueur le 12
janvier 1978.
Enfin, le PAM comprend un dernier volet institutionnel à travers la mise
en place, en 1977, des
centres d'activités régionales
du
Plan bleu et du Programme d'actions prioritaires. La France a ainsi
créé un centre d'activités régionales à
Sophia-Antipolis. Régi par la loi de 1901 sur les associations, il
bénéficie d'un budget annuel de l'ordre de 10 millions de francs.
Il apporte une assistance technique aux pays méditerranéens pour
la mise en place d'observatoires de l'environnement et assure également
une mission de prospective dans le domaine de l'environnement.
Plusieurs autres centres ont été créés à
Split (Centre d'activité régionale du programme d'actions
prioritaires), à Tunis (Centre d'activités régionales pour
les aires spécialement protégées), à Malte (Centre
régional méditerranéen pour l'intervention d'urgence
contre la pollution marine accidentelle), à Barcelone (Centre
d'activités régionales pour la production propre), à
Palerme (Centre d'activités régionales de
télédétection de l'environnement), à Marseille,
enfin (secrétariat des cent sites historiques). Ces structures sont
placées sous l'autorité de la réunion des parties
contractantes à la convention de Barcelone dont le secrétariat
(unité de coordination du PAM) est établi à Athènes.
Sur le plan financier, un fonds d'affectation spéciale a
été institué. Il a longtemps
bénéficié du soutien financier du PNUE, il repose
aujourd'hui principalement sur les contributions des Etats parties à la
convention de Barcelone.
*
La
convention de Barcelone marque une étape importante, non seulement parce
qu'elle établit pour la première fois un cadre de protection
spécifique pour la Méditerranée, mais aussi dans la mesure
où elle fixe un modèle de référence pour les
accords internationaux en matière de protection de l'environnement. En
effet, la convention tient compte de la disparité des niveaux de
développement parmi les Etats parties et instaure un système
juridique à deux niveaux : d'une part la convention pose
elle-même des obligations minimales auxquelles souscrivent les Etats
signataires, d'autre part, elle renvoie les dispositions techniques de lutte
contre des formes particulières de pollution à des protocoles
additionnels présentés à la signature des parties en
même temps que l'accord-cadre ou ultérieurement. De la sorte, les
parties peuvent différer la signature de ces protocoles si ces derniers
s'avèrent trop contraignants au regard de leur niveau de
développement. Du moins, ces protocoles fixent-ils un objectif à
atteindre.
Toutefois, le lien entre l'accord-cadre et les protocoles n'est pas totalement
laissé à la libre appréciation des pays signataires.
L'accord-cadre prévoit ainsi que nul ne peut être partie
contractante s'il n'adhère au moins à un protocole et que nul ne
peut être partie à un protocole s'il n'est pas en même temps
partie à la convention.
L'accord-cadre et les protocoles constituent ainsi véritablement un
ensemble complémentaire baptisé " système de
Barcelone ".
1. La convention de Barcelone
L'accord-cadre détermine des
obligations
d'objectifs
plutôt que de moyens.
En effet, les parties s'engagent de manière générale
à lutter contre toutes les formes de nuisances ; elles doivent
prendre en particulier toutes les mesures conformes au droit international pour
prévenir, réduire et combattre les différentes formes de
pollution (par les navires, par immersion ou provenant de l'exploitation des
fonds marins ou encore telluriques).
Comment atteindre de tels objectifs ? L'accord, sur ce point, impose pour
seule obligation une coopération déclinée sous trois
formes : la coopération scientifique pour instaurer une
surveillance en continu de l'évolution des polluants ; la
réunion des parties contractantes tous les deux ans ; la
concertation pour adopter les protocoles destinés à prescrire les
mesures, procédures et normes contraignantes nécessaires à
l'application des objectifs de la convention.
Le contrôle des objectifs assignés par l'accord-cadre fait l'objet
de procédures spécifiques qu'il revient aux Etats d'adopter mais
qui sont vérifiées par la Conférence des Parties. Enfin,
par souci de ne pas multiplier les dépenses, le secrétariat est
confié au PNUE.
Dans le sillage de l'accord-cadre, plusieurs protocoles ont été
adoptés. Ils fixent des objectifs précis et posent des principes
d'action parfois plus contraignants.
2. Les principaux protocoles adoptés
Le
protocole relatif aux immersions
(signé à Barcelone en
même temps que l'accord-cadre). Inspiré de la convention d'Oslo de
1972, il détermine une liste de substances interdites et de substances
soumises à autorisation. Il prévoit un permis
général pour toutes les autres substances. Une annexe au
protocole précise les modalités de déversement.
L'autorité désignée pour délivrer les permis
enregistre la nature et la quantité des déchets immergés
afin de garantir un suivi général de ce type d'opérations
en mer.
Le
protocole relatif à la pollution tellurique
applique à
la Méditerranée les dispositions générales
prévues par la convention de Paris de 1974. Dans la mesure où ce
protocole vise la cause majeure de pollution en mer, il impose une
élimination progressive des substances les plus dangereuses et une
réduction sensible des substances moins nocives. Les rejets soumis
à autorisation sont quant à eux soumis à des normes
techniques précises.
Le
protocole relatif aux aires protégées
vise à
assurer la protection de l'environnement marin dans des zones
d'intérêt scientifique, historique ou culturel. Les aires se
trouvent dans des zones placées sous souveraineté des
riverains : elles bénéficient de normes de protection et de
conservation relatives à la navigation, l'exploitation ou la protection
de la nature.
Un nouveau protocole signé le 1
er
octobre 1996 à Izmir
porte sur le
transport des déchets dangereux
-y compris
radioactifs-. Le navire transporteur de ce type de déchets doit se
signaler au riverain par une notification. lorsqu'il navigue dans sa mer
territoriale, S'il n'est pas soumis à autorisation, il doit toutefois
appliquer la réglementation de l'Etat riverain -en conformité
avec le droit international en vigueur- si celui-ci le juge nécessaire.
Ces obligations souscrites dans le cadre d'accords internationaux n'ont pas
contraint notre pays à réviser de manière substantielle la
réglementation française dans la mesure où les pouvoirs
publics ont de longue date pris en compte les risques liés à la
pollution.
Les premiers décrets destinés à lutter contre la pollution
marine ont été adoptés en 1853, et pour le cas particulier
de la Méditerranée, en 1859. La loi du 16 décembre 1964
fixe les principes fondamentaux dans le domaine de la lutte contre la pollution
avec notamment l'interdiction du déversement ou de l'immersion dans la
mer, des déchets industriels et radioactifs " susceptibles de
porter atteinte à la santé publique ainsi qu'à la faune et
à la flore marines ".
Les décrets du 22 janvier et du 23 février 1973 précisent
quant à eux les conditions de contrôle systématique de la
qualité et du débit effectif des eaux usées afin de
garantir la protection de l'environnement marin au regard des besoins de la
conchyliculture et des exigences sanitaires, économiques et touristiques
des régions côtières.
La loi sur le littoral de 1986 a complété ce dispositif.