L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
L'effort
financier en faveur de la ville qui figure dans le "jaune" budgétaire
pour 2000 est résumé dans le tableau suivant. Le montant total
approche 35 millions de francs.
Cependant, cet effort ne provient pas seulement de l'Etat, puisque les
collectivités territoriales y contribuent à hauteur de
3.700 millions de francs en 2000, contre 3.110 en 1999. Les versements
communautaires et les prêts de la Caisse des dépôts et
consignations sont également comptabilisés. Concernant les
prêts consentis à des taux favorables, la prise en compte du
montant total des dotations gonfle l'effort financier total, puisque la
subvention ne correspond en fait qu'au différentiel entre le taux
préférentiel du prêt et celui des prêts du
marché.
Enfin, les crédits de solidarité urbaine ne devraient pas
être comptabilisés dans l'effort financier de l'Etat, puisque ce
sont des ressources transférées entre les collectivités
locales.
L'effort financier de l'Etat stricto sensu
correspond donc seulement aux
crédits budgétaires des ministères et à
l'évaluation de la dépense fiscale, soit
un montant global de
18.197,71 millions de francs, en hausse de 6,8 % par rapport à
1999.
Etat récapitulatif de l'effort financier en faveur de la politique de la
ville
(en millions de francs)
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Evolution
|
A-1 Crédits spécifiques ville |
1.389,16 |
1.672,73 |
1.749,71 |
+ 4,6 |
A-2 Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
|
|
|
|
A-3 Crédits autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
|
|
|
|
A-4 Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville |
|
|
|
|
A-5 Solidarité urbaine (loi du 13 mai 1991) |
2.991,15 |
4.023,28 |
4.773,28 |
+ 18,6 |
TOTAL A |
13.533,56 |
17.691,67 |
19.614,15 |
+ 10,9 |
B- Dépenses fiscales et compensations |
3.089,60 |
3.364,00 |
3.357,00 * |
- 0,2 |
TOTAL A + B |
16.623,16 |
21.055,67 |
22.971,15 |
+ 9,1 |
C- Fonds européens concourant à la politique de Développement Social Urbain |
|
|
|
|
D- Intervention de la CDC |
4.200,00 |
6.230,00 * |
6.850,00 * |
+ 10,0 |
TOTAL DE L'ETAT |
21.869,16 |
28.360,67 |
31.251,15 |
+ 10,2 |
E- Contribution des collectivités territoriales 1 |
2.500,00 |
3.110,00 * |
3.700,00 * |
+ 19,0 |
TOTAL |
24.369,16 |
31.470,67 |
34.951,15 |
+ 11,1 |
* estimations
Ce tableau appelle une
remarque liminaire, déjà
formulée par votre rapporteur pour le " jaune "
présenté l'année dernière.
En effet,
l'état récapitulatif de l'effort budgétaire
consacré à la politique de la ville ne fournit que des
données en "
dépenses ordinaires et autorisations de
programme
" et ne donne aucune indication relative aux montants des
"
dépenses ordinaires et crédits de paiement
" qui
représentent
le montant réel des dépenses que le
gouvernement est autorisé à engager au cours de l'exercice
.
Cette présentation ne permet donc pas une appréciation
véritablement exacte de l'effort financier global, car elle conduit
à un
gonflement artificiel des montants inscrits au
"jaune".
la contribution des autres ministères
La
contribution des différents ministères à la politique de
la ville est récapitulée à l'intérieur de trois
agrégats distincts.
1. Les transferts en provenance d'autres ministères
au sein
de l'agrégat A1 "crédits spécifiques ville", ont
déjà été analysés dans la première
partie de ce rapport.
2.
L'agrégat A2 ("
crédits contractualisés
relevant de divers ministères
") retrace les crédits
contractualisés au sein des engagements "politique de la ville" de
chaque contrat de plan Etat-Région et le financement des contrats de
ville du XIIème plan.
Les contrats de ville
portent sur des programmes élaborés
conjointement par une ou plusieurs collectivités locales et l'Etat, et
constituent un instrument majeur de la politique de la ville. Ils ont pour
objet la lutte contre les processus d'exclusion et la réinsertion dans
la ville des quartiers en voie de marginalisation. La nouvelle
génération des contrats de ville doit entrer en vigueur au
1
er
janvier 2000.
Les Programmes d'Aménagement Concerté du Territoire (PACT)
urbain
n'ont pas été reconduits pour le XIIème plan.
Les territoires qui ont précédemment
bénéficié de cette procédure pourront être
repris, en partie ou en totalité, dans un contrat de pays, un contrat
d'agglomération ou un contrat de ville. Les 26 conventions du
XIème plan portaient sur une période de 5 ans, pour
accompagner le processus de conversion d'activité par des actions de
restructuration urbaine.
Les crédits de cet agrégat présentent un lien
étroit avec les instruments de la politique de la ville, et
s'élèvent à 442 millions de francs en 2000, en
réduction de 33 %.
3.
Les
crédits des autres ministères inscrits aux
programmes d'action des contrats de ville
(agrégat A3) sont en
hausse de 53,5 %, à 1.856 millions de francs. Il convient de
souligner la participation financière importante du ministère de
l'équipement, du logement et du transport aux programmes d'action des
contrats de ville.
4.
L'agrégat A4 "crédits relevant de divers
ministères concourant à la politique de la ville", connaît
une progression de 6,6 % en 2000,
et s'établit à 10,8
milliards de francs. Cette évolution consolide la forte hausse des
années précédentes, qui a considérablement accru le
poids de cet agrégat, soit environ un tiers de l'effort financier total
en faveur de la ville.
Ces crédits représentent près de
80 % des dépenses de l'Etat en faveur de la politique de la
ville
(somme des crédits des différents ministères,
hors dotations de solidarité, mais en tenant compte des dépenses
fiscales et des compensations).
Il convient de remarquer que
l'évaluation des contributions des
ministères diffère sensiblement d'une année sur
l'autre
, ce qui empêche pratiquement toute comparaison et conduit
à s'interroger sur la fiabilité du " jaune "
budgétaire comme outil d'appréciation de l'effort financier
consacré à la politique de la ville
.
A4. Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Equipement-logement-transports |
347,43 |
371,73 |
374,35 |
Culture |
92,13 |
91,97 |
91,97 |
Intérieur |
1.006,00 |
1.200,58 |
1.298,66 |
Aménagement du territoire-environnement |
133,70 |
12,51 |
20,28 |
Education nationale |
2.286,05 |
2.641,70 |
3.025,31 |
Jeunesse et sports |
135,55 |
37,00 |
118,00 |
DOM-TOM |
190,00 |
136,59 |
63,64 |
Emploi et solidarité |
2.224,43 |
4.725,46 |
4.840,00 |
Justice |
165,72 |
197,69 |
228,05 |
FAS |
- |
490,94 |
477,00 |
Fonction publique |
4,00 |
3,70 |
5,00 |
Défense |
59,30 |
213,60 |
248,50 |
Affaires étrangères-coopération |
2,40 |
2,70 |
2,70 |
Sous-total A-4 |
7.102,35 |
10.126,17 |
10.793,16 |
Les
autres sections du ministère de l'emploi et de la solidarité
contribuent massivement à la politique de la ville, puisque leur
contribution s'établit à 4,84 milliards de francs, en progression
de 2,4 %, et représentera donc, en 2000, plus de quatre fois le
montant des crédits inscrits au bleu "Ville".
Dans le cadre du programme " nouveaux services-emplois jeunes " mis
en place par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1996, l'effort financier
en direction des quartiers est évalué à 4.268 millions de
francs en 2000. Ce montant représente 20 % de la somme totale
consacrée aux emplois-jeunes, et correspond à l'objectif de
20 % d'emplois-jeunes attribués aux jeunes issus des quartiers de
la politique de la ville. La contribution du ministère de l'emploi et de
la solidarité est donc essentiellement liée à cette
dépense, qui constitue au demeurant une évaluation très
approximative. Au 30 juin 1999, la proportion de jeunes issus des quartiers de
la politique de la ville est évaluée à 15 %.
Le programme " trajet d'accès à l'emploi " (TRACE), mis
en oeuvre dans le cadre de la loi contre les exclusions, a pour but
d'accompagner de façon personnalisée des jeunes de moins de
25 ans confrontés à un risque d'exclusion professionnelle.
Ce programme constitue un outil important pour les quartiers en
difficulté. Au 30 juin 1999, on évalue à 44 % la
part des jeunes habitant les quartiers en difficulté parmi les
bénéficiaires du programme TRACE. Le nombre de jeunes
concernés sera au total de 60.000 en 2000, la dotation budgétaire
correspondante étant de 180 millions de francs pour le financement
des opérateurs externes. L'effort financier investi en faveur des jeunes
des quartiers en difficulté dans le cadre de ce programme est donc
évalué à 79,2 millions de francs.
Enfin, les crédits d'action sociale " concourant à la
politique de la ville, consacrés à la famille, à la lutte
contre l'exclusion et en faveur de l'intégration ",
s'élèveront à 109 millions de francs en 2000.
La loi de finances pour 1999 comportait d'importantes mesures nouvelles pour
mettre en oeuvre le volet sanitaire de la loi de lutte contre les exclusions,
soit 194 millions de francs. En 2000, les crédits des
collectivités locales et des organismes d'assurance maladie seront
également sollicités dans le cadre des programmes
régionaux d'accès à la prévention et aux soins
(PRAPS).