Projet de loi de finances pour 2000 - TOME III - ANNEXE 20 - EMPLOI ET SOLIDARITE : VILLE
JOYANDET (Alain), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III - ANNEXE 20 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
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Table des matières
-
III - VILLE
Rapporteur spécial : M. Alain JOYANDET
- LA PROGRESSION DES "CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE"
- L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
-
LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
- UNe mauvaise utilisation des autorisations de programme qui souligne les inconvénients de l'interministérialité
- Une nouvelle augmentation des crédits de fonctionnement et d'animation
- La nécessité d'assurer la formation des " professionnels de la ville "
- Les blocages des opérations de renouvellement urbain et de restructuration des quartiers
-
Les acquis du dispositif des zones franches
urbaines (ZFU) doivent
être préservés et consolidés
- Une remise en cause de l'efficacité des zones franches
- Le coût des zones franches urbaines : un élément important de l'évaluation du dispositif
- Des conclusions tempérées par la disparité des résultats et les difficultés de l'évaluation du dispositif
- La sortie du dispositif de zone franche
- Les maires sont unanimes quant à la contribution des zones franches à l'amélioration des conditions de vie dans leur commune
- La Lente mise en action de l'Epareca
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Philippe
MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 20
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
III
.
- VILLE
Rapporteur spécial
: M. Alain JOYANDET
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir les
numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
III - VILLE
Rapporteur spécial : M. Alain JOYANDET
En 2000, les
crédits inscrits au bleu " ville " sont en hausse de près de
40 % par rapport au budget voté de 1999. Cependant,
le projet de loi de
finances
est marqué par d'importants transferts de crédits
en provenance d'autres
ministères, dans le cadre du fonds d'intervention pour la ville (FIV), dont les
crédits
étaient transférés en gestion par les autres ministères jusqu'à cette année. Une
partie des crédits du Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France (FARIF),
précédemment inscrits sur le compte d'affectation spéciale n° 902-22, est
également transférée au budget de la ville. Au total, ces transferts
représentent un
montant de 297 millions de francs.
A structure constante, le budget de la ville augmente donc de
10,5 %.
Il convient de rappeler que, du fait du caractère interministériel de la
politique de la
ville, les crédits inscrits au "bleu" ville ne constituent qu'une
partie des
crédits "spécifiques ville", qui ne représentent eux-mêmes qu'une
fraction
de l'effort consenti par l'Etat à la politique de la ville. Cette note prend en
considération l'ensemble de ces crédits, qui appartiennent donc à des périmètres
concentriques selon l'intensité de leur lien à la politique des villes et au
développement social urbain.
En prenant en compte les autres sources de financement publiques comme celle
des Fonds
structurels européens, ou les contributions des collectivités locales, on
atteint un
total de près de 35 milliards de francs en faveur de la politique de la
ville, soit
un montant conforme à l'objectif fixé par le rapport Sueur. Les crédits
inscrits au
"bleu" ville ne représentent que 4 % de cet ensemble, et
constituent le
coeur de la discussion budgétaire, mais votre rapporteur considère qu'il est
indispensable de prendre en considération l'ensemble de l'effort financier de
l'Etat
étant donné le caractère interministériel de la politique de la ville.
LA PROGRESSION DES "CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE"
Le volume des crédits inscrits dans le "bleu" "Ville" est relativement faible, mais leur importance est certaine. En effet, ces crédits produisent un " effet de levier " indispensable à l'initiation et à l'accompagnement des programmes de la politique de la ville.
EXAMEN PAR TITRE DES CRÉDITS INSCRITS AU BLEU "VILLE"
Ville : Évolution des crédits 1999-2000 (à structure constante)
(en millions de francs)
DÉPENSES |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/1999
|
TITRE III
|
113,97 |
118,97 |
+ 4,38 % |
TITRE IV
|
658,30 |
727,03 |
+ 10,44 % |
TOTAL DÉPENSES ORDINAIRES |
772,27 |
846,00 |
+ 9,55 % |
TITRE V
|
16
|
6
|
- 62,50 %
|
TITRE VI
|
223,23
|
266,00
|
+ 19,15 %
|
TOTAL DÉPENSES EN CAPITAL
CP
|
239,23
|
272,00
|
+ 13,70 %
|
TOTAL (DO+CP) |
1.011,5 |
1.118 |
+ 10,53 % |
- au Titre III
"Moyens des services" figurent le chapitre 37-60, qui retrace les
moyens de
fonctionnement de la délégation interministérielle à la ville, et le chapitre
37-82
relatif aux dépenses déconcentrées de la politique de la ville ;
- le Titre IV "Interventions Publiques" est constitué d'un chapitre
unique, le
46-60, consacré aux "interventions en faveur de la ville et du
développement social
urbain". Les crédits de ce chapitre financent les dépenses contractuelles,
les
subventions aux associations dans le cadre du "partenariat national",
le soutien
aux opérations "villes, vie, vacances", ainsi qu'une partie des
subventions aux
services publics de quartiers et aux grands projets.
Des transferts de crédits importants sont effectués sur ce chapitre :
100 millions de francs en provenance du Fonds pour l'aménagement de
l'Ile-de-France
(FARIF) pour les actions déconcentrées en faveur du développement social urbain
en Ile
de France, et 160 millions de francs transférés des budgets de la Justice,
de la
Jeunesse et Sports, de l'Emploi et de la Solidarité, et de l'Aménagement du
territoire,
dans le cadre du fonds d'intervention pour la ville (FIV) ;
- le Titre V, avec un chapitre unique (57-71) est consacré aux dépenses
d'études et
d'assistance technique ;
- le Titre VI retrace, au chapitre 67-10, les subventions d'investissement
accordées par
l'Etat au fonds d'intervention pour la ville, aux dépenses contractuelles, et
aux grands
projets. Ce titre bénéficie également de l'inscription d'une partie des crédits
du
Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France précédemment ouverts sur le
chapitre IX du
compte d'affectation spéciale n° 902-22, qui a été rebudgétisé.
Il convient de souligner l'importance du poids relatif des dépenses
ordinaires dans
l'ensemble du budget de la ville, soit 75,7 % à structure constante, et
78,1 %
en tenant compte des transferts de crédits.
Examen des transferts en provenance d'AUTRES MINISTÈRES
Les transferts en provenance d'autres ministères sont retracés dans le fascicule "jaune".
|
LFI 1998
|
LFI 1999
|
PLF 2000
|
A-1.1 Crédits inscrits au bleu |
927,03 |
1.186,50 |
1.642,82 |
A-1-2 Autres budgets |
|
|
|
CAS-FARIF (Fonds d'Aménagement de la Région Île-de-France) |
192,00 |
215,00 |
- |
Transfert FIV (Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville) |
226,00 |
226,00 |
60,00 |
Transfert VVV (Villes - Vie - Vacances") |
20,30 |
20,10 |
20,10 |
Personnel DIV (Délégation Interministérielle à la Ville) |
13,53 |
14,83 |
16,49 |
Transfert MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie) |
10,30 |
10,30 |
10,30 |
Sous-total A-1-2 |
462,13 |
486,23 |
106,89 |
TOTAL CRÉDITS SPÉCIFIQUES VILLE |
1.389,16 |
1.672,73 |
1.749,71 |
La diminution des transferts des crédits spécifiques " ville " en provenance d'autres fascicules budgétaires est liée à la rebudgétisation du Fonds d'Aménagement de la région Ile-de-France (FARIF) et à la modification des modalités de gestion du Fonds d'intervention pour la ville (FIV).
examen tHéMATIQUE DES CréDITS SPécifiques ville
Les crédits spécifiques " Ville " peuvent être regroupés sous trois thèmes.
L'animation de la politique de la ville
Les crédits de la délégation interministérielle à la ville
Créée par
décret du 28 octobre 1988, la délégation interministérielle à la ville
(DIV) est
une structure administrative légère dotée de 90 fonctionnaires mis à
disposition
par différents ministères. Sa mission consiste à la fois à coordonner les
interventions, à animer les équipes, à évaluer les opérations, et à préparer les
travaux des instances de décision (Conseil national des villes et Comités
interministériels des villes).
Inscrits au chapitre 37-60 article 10, ses crédits de fonctionnement s'élèvent à
19,69 millions de francs pour 2000, soit une reconduction de la dotation
de 1999 (la
diminution de 0,8 % est uniquement liée à des transferts de crédits).
Le budget de communication de la DIV est reconduit, à 5 millions de
francs. Un
nouvel article est créé pour les crédits consacrés aux expertises et aux
colloques,
doté de 4 millions de francs.
Hors transferts de crédits et crédits consacrés au remboursement des frais de
soin aux
appelés ville en quartiers urbains,
les moyens de fonctionnement de la
Délégation
interministérielle à la ville progressent de 16,1 %.
Les crédits inscrits au titre V, chapitre 57-71, consacrés aux études et à
l'assistance technique, diminuent de 16 à 6 millions de francs en crédits
de
paiement, et de 18 à 6 millions de francs en autorisations de programme. La
progression importante enregistrée pour l'année 1999 correspondait en effet à
une
dotation exceptionnelle de 14 millions de francs délégués en préfecture de
région et de département, pour mener des bilans-diagnostics sur les sites
inscrits en
contrats de ville.
Fonctionnement |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
de la DIV |
AP ou DO |
AP ou DO |
AP ou DO |
Chapitre 37-60 art. 10 |
13,00 |
19,87 |
19,87 |
37-60 art. 50 |
3,40 |
5,00 |
5,00 |
37-60 art. 60 |
- |
- |
4,00 |
57-71 art. 10 |
2,00 |
18,00 |
6,00 |
TOTAL |
18,40 |
42,87 |
34,87 |
Les dépenses déconcentrées d'animation
Les dépenses déconcentrées d'animation, inscrites au chapitre 37-82 sont regroupées sous l'article 20 " Projet de service public de quartier et dépenses déconcentrées d'animation ". Elles s'établissent à 88,6 millions de francs, en augmentation de 1,1 % par rapport à 1999. L'abondement de crédits de 1 million de francs est lié à la nouvelle génération des contrats de ville.
Le partenariat national
Les crédits
consacrés aux initiatives locales dans le cadre du partenariat national
(chapitre 46-60
article 30), augmentent de 2,3 %, à 9 millions de francs. Ces crédits
permettent de passer des conventions de partenariat avec les grandes structures
associatives, afin de les faire participer à la réalisation des objectifs de la
politique de la ville. Ces conventions portent généralement sur trois ans, mais
peuvent
être conclues pour une année lorsqu'il s'agit d'actions innovantes.
Pour l'exercice 1999, la procédure d'attribution des subventions a été
aménagée. En
effet, les associations ont rempli un formulaire de demande de subvention
unique, mis au
point entre la DIV, les départements ministériels et la fonds d'action sociale
(FAS).
Les décisions d'attribution des subventions ne sont plus prises en comité
interministériel des villes, mais lors de réunions interministérielles sous
l'égide de
la DIV, consacrées uniquement à l'examen des dossiers de partenariat national,
ce qui
allège également la procédure en vigueur.
Les actions de la politique de la ville
Le Fonds Interministériel d'Intervention pour la Ville (FIV)
Le fonds
interministériel d'intervention pour la politique de la ville a été mis en
place en
1995 pour donner plus de souplesse à la gestion des instruments contractuels de
la
politique de la ville en améliorant la fongibilité des crédits déconcentrés.
Le projet de budget pour 2000 propose deux modifications importantes :
- une simplification de la nomenclature qui regroupe au sein du FIV l'essentiel
des
crédits de fonctionnement et d'investissement de la politique de la ville.
Désormais, le
FIV est alimenté par deux lignes budgétaires inscrites au bleu
"Ville", qui
regroupent deux types de financement de nature différente : des crédits
d'intervention
(chapitre 46-60 article 10) et des subventions d'investissement (chapitre 67-10
articles
10 et 40).
- une mise en base des transferts en gestion, à l'exception des
60 millions de
francs du ministère de la culture.
Le Fonds Social Urbain
a été créé en 1984 afin de permettre à l'Etat,
après
la décentralisation, de conserver les moyens d'intervenir de façon sélective
lorsque sa
responsabilité est engagée en matière de développement social des villes et plus
particulièrement des banlieues. Il
est intégré, à compter de l'année 2000,
dans le
fonds d'intervention pour la ville (FIV)
.
Les crédits du FIV sont délégués aux préfets de département et constituent une
dotation globale et fongible qui permet de financer pour partie des actions
inscrites aux
contrats de ville. Une circulaire annuelle précise les priorités et les règles
d'utilisation de ces crédits.
Bilan de
l'utilisation des crédits du FIV de 1996 à 1999
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 * |
Accompagnement et maîtrise d'oeuvre |
108,00 |
107,45 |
114,21 |
39,98 |
Action artistique et éducation culturelle |
91,00 |
83,78 |
87,89 |
32,49 |
Interventions en faveur de la jeunesse et des sports |
78,00 |
71,32 |
67,56 |
30,38 |
Actions pour la promotion de l'emploi |
23,00 |
35,66 |
48,56 |
9,58 |
Structures d'insertion par l'économie |
63,00 |
56,04 |
69,46 |
14,26 |
Action sociale en faveur des familles, de l'enfance et des jeunes |
178,00 |
168,47 |
193,82 |
77,37 |
Prévention de la délinquance, de la récidive et aides aux victimes d'infractions pénales |
66,00 |
63,42 |
89,91 |
24,26 |
Actions dans le domaine de la santé |
17,00 |
16,29 |
32,05 |
5,68 |
CAPS hors contrat de ville (1) |
- |
- |
17,34 |
0,90 |
TOTAL |
624,00 |
602,43 |
720,83 |
234,88 |
(en millions de
francs)
* dépenses d'intervention au
14 septembre 1999
.
(1) CAPS = Contrats d'action pour la prévention et la sécurité. Cet article
d'exécution a été créé dans la nomenclature pour 1998
A structure constante, les crédit de paiement du FIV augmentent en 2000 de
8,9 %,
pour s'établir à 1,05 milliard de francs, contre 963 millions en 1999 (montant
cumulé
du FIV et du FSU), tandis que les autorisations de programme progressent de
3,2 %.
L'augmentation des moyens du FIV s'explique par l'accroissement des crédits
d'intervention du chapitre 46-60, qui bénéficie d'une mesure nouvelle de 57,5
millions
de francs pour la nouvelle génération des contrats de ville, et par une hausse
de
28,2 millions de francs des subventions d'investissement. La progression
des crédits
du FIV est donc liée à l'entrée en vigueur de la nouvelle génération des
contrats de
ville.
Cette progression repose exclusivement sur les dotations inscrites au bleu
"Ville", les transferts provenant des autres ministères demeurant
d'une
remarquable stabilité.
Evolution des crédits du FIV et du FSU :
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
||
|
CP |
AP |
CP |
AP |
Transferts de crédits en provenance des autres ministères |
226 |
- |
60 |
- |
Fonds d'intervention pour la ville (contrats de vile et autres actions déconcentrées) : 46-60.10 |
530 |
- |
771 |
- |
Subventions pour la modernisation des services publics dans les quartiers (ancien) : 46-60.60 |
23,5 |
- |
- |
- |
Fonds d'intervention pour la ville (contrats de vile et autres actions déconcentrées) : 67-10.10 |
97 |
150 |
211,43 |
290,77 |
Contrats de ville, programmes d'aménagement concertés du territoire (PACT Urbains) et autres conventions (ancien) |
63,3 |
111 |
- |
- |
Fonds social urbain , puis Fonds d'intervention pour la ville : opérations non déconcentrées |
22,93 |
40 |
6 |
20 |
Total des crédits (FSU et FIV, puis FIV seul) |
962,73 |
301 |
1048,43 |
310,77 |
Le fonds
d'aménagement de la région Ile-de-France :
La Cour des Comptes considérait que l'utilisation des crédits du Fonds
d'Aménagement de
la Région Ile-de-France (FARIF) s'assimilait, pour la région parisienne, à
celle des
crédits du Fonds Social Urbain sur le reste du territoire. En conséquence, une
partie
des crédits du FARIF a été transférée vers le budget de la ville, soit
137,5 millions de francs en dépenses ordinaires et en crédits de paiement,
et
125 millions de francs en autorisations de programme.
Les grands projets urbains et les grands projets de ville
Les grands
projets urbains (GPU) constituent un programme spécifique au sein de la
politique de la
ville, bénéficiant d'un niveau important de subventions de l'Etat. Les
14 sites GPU
(un nouveau site a été décidé par le Conseil interministériel des villes du 2
décembre 1998, Chanteloup-les-Vignes) concernent des territoires comprenant des
quartiers
à forte proportion de logements sociaux ou de copropriétés dégradées, qui ont
connu
un fort accroissement de leurs handicaps urbains, sociaux et économiques.
Ces quartiers se caractérisent par une absence de valeur foncière et
immobilière, et
nécessitent des investissements en équipement et en infrastructures, mais
également sur
l'environnement et le patrimoine bâti, pour remettre ces quartiers dans une
dynamique de
marché. Les opérations du GPU consistent à engager une restructuration urbaine
profonde, sur dix à quinze ans, au service d'un projet de territoire à finalité
de
développement social et urbain.
Ces territoires sont inclus dans des contrats de ville, et, pour la plupart
d'entre eux,
bénéficient également des dispositifs des zones franches urbaines (ZFU) ou des
zones de
redynamisation urbaine (ZRU).
Pour ces projets, l'Etat a pris des engagements financiers importants. En 1994,
une
enveloppe spécifique du plan de relance de 605 millions de francs a été
affectée
aux GPU. Au sein de l'enveloppe " politique de la ville ",
une
enveloppe supplémentaire de 2.250 millions de francs a été réservée aux grands
projets urbains. Cette enveloppe a ensuite été répartie entre les différents
ministères. Un montant de 880,73 millions de francs a été affecté aux GPU
sur le
budget spécifique de la politique de la ville pour la période 1994-1999.
Après une mise en place du cadre opérationnel, parfois tardive sur certains
sites, une
montée en puissance des projets a pu être observée depuis 1997. Certaines
communes
connaissaient des difficultés pour participer au financement des grands projets
urbains.
En conséquence, une subvention spécifique de 12 millions de francs a été
accordée
pour ces communes en 2000, afin de permettre la poursuite des projets engagés.
L'identification des facteurs d'échec des GPU a conduit à envisager une réforme
du
dispositif.
50 Grands Projets de Ville (GPV) doivent donc remplacer les GPU
à compter
de l'année 2000
. Ce dispositif, dont le champ d'action est élargi, devrait
permettre
une meilleure coordination avec les actions menées dans le cadre des contrats
de ville.
Engagement des
crédits contractualisés dans le cadre des grands projets urbains (GPU)
(FARIF ; chapitre 67-10, articles 20 et 30)
Engagement des
crédits au logement dans le cadre des grands projets urbains (GPU)
(chapitre 65-48.10 du ministère du logement)
Années |
1994-1999 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Total métropole |
1132,0 |
202,1 |
228,3 |
223,5 |
223,5 |
104,2 |
(source : ministère de la ville)
Les opérations "Ville, Vie, Vacances"
Depuis 1982, le
dispositif "Ville, Vie, Vacances" a pour finalité de prévenir la
délinquance
et les comportements inciviques pendant les congés scolaires, et de revitaliser
les
quartiers en crise. Ce dispositif couvre aujourd'hui presque la totalité du
territoire,
soit 91 départements, et a fait l'objet d'un élargissement à l'ensemble des
périodes
de vacances, même s'il continue de privilégier la période estivale.
Un budget de 92 millions de francs, déconcentré à 90 %, est réservé à
ce
dispositif. En 1998, 870.000 jeunes ont participé à 10.500 projets
" Ville Vie
Vacances ", contre 620.000 en 1997. Ces actions sont financées à
hauteur de
50 millions de francs par les crédits inscrits au bleu "ville",
auxquels
s'ajoutent des transferts en gestion provenant
d'autres ministères. Pour
un franc
versé par l'Etat, l'ensemble des partenaires mobilise plus de 4 francs. Ainsi,
en règle
générale, les subventions ne couvrent qu'entre 20 et 30 % du budget.
Le dispositif " Ville Vie Vacances " a été critiqué pour ses
dérives, notamment liées aux phénomènes de délinquance dans les communes
d'accueil.
La généralisation des plans d'accueil des jeunes dans les communes touristiques
(PAJECOT) permet de prévoir des dispositifs d'encadrement, et conduit à une
meilleure
acceptation du dispositif par les communes. Cette mesure sera renforcée avec la
signature
d'une charte par les communes " émettrices " et les communes
d'accueil afin de coordonner et organiser le départ des jeunes.
Un renforcement des équipes d'encadrement, en nombre et en qualification, a été
demandé par le ministère de la ville. Le taux moyen d'encadrement est passé de
un
encadrant pour 29 jeunes en 1996 à un encadrant pour 19 jeunes en 1998. Le
recours aux
emplois saisonniers non qualifiés sur la prévention est devenu moins fréquent,
tandis
que des actions de formation sont désormais prévues pour des encadrants
temporaires du
type emploi-jeune.
La circulaire du 2 février 1999 relative aux activités " Ville Vie
Vacances " rappelle la nécessité de veiller à l'encadrement de
groupes de
jeunes sur le plan de la formation, et de celle des responsables de projet, qui
doivent
posséder un niveau supérieur au brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur
(BAFA). Les
règles de sécurité font l'objet d'une attention particulière, et conduisent des
préfets à ne pas financer des actions " à risques ".
D'autres
actions n'ont pas été financées car elles ne s'inscrivaient pas dans le champ
d'application du dispositif, ou parce que le public visé ne correspondait pas
aux
critères de la circulaire, ou encore parce que l'association s'est vue refuser
l'agrément préfectoral.
Le ministère de la ville reconnaît cependant que "
le public
visé par
le dispositif nécessite un niveau de formation que ne détient pas la majorité
des
encadrants
"
. Si les mesures prises afin de sécuriser et de
rationaliser le dispositif " Ville Vie Vacances " sont
positives, la
qualité de la formation des encadrants semble donc encore insuffisante.
Type
d'activités des actions " Ville Vie Vacances "
Promotion de la santé |
1,05 % |
Départs autonomes |
1,15 % |
Activités d'utilité collective |
3,9 % |
Insertion professionnelle |
4,6 % |
Acquisition d'un savoir-faire technique |
5,4 % |
Sorties à la journée |
12,1 % |
Activités d'expression artistique |
12,5 % |
Séjours extérieurs encadrés |
17 % |
Animation de quartier |
20 % |
Activités sportives |
22,3 % |
Egalité devant le Service public
L'aide aux
services publics de quartier et les dépenses déconcentrées d'animation ont été
réunies dans un article unique du chapitre 37-82, qui s'établit à
88,6 millions de
francs, en augmentation de 1,1 %.
Le chapitre 46-60, article 60 "subventions aux services publics de
quartier" a été fusionné dans le Fonds d'intervention pour la ville.
Cette modification de la nomenclature budgétaire vise à permettre une plus
grande
fongibilité des crédits.
L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DE L'EFFORT FINANCIER GLOBAL EN FAVEUR DE LA VILLE
L'effort
financier en faveur de la ville qui figure dans le "jaune" budgétaire
pour 2000
est résumé dans le tableau suivant. Le montant total approche 35 millions
de
francs.
Cependant, cet effort ne provient pas seulement de l'Etat, puisque les
collectivités
territoriales y contribuent à hauteur de 3.700 millions de francs en 2000,
contre
3.110 en 1999. Les versements communautaires et les prêts de la Caisse des
dépôts et
consignations sont également comptabilisés. Concernant les prêts consentis à
des taux
favorables, la prise en compte du montant total des dotations gonfle l'effort
financier
total, puisque la subvention ne correspond en fait qu'au différentiel entre le
taux
préférentiel du prêt et celui des prêts du marché.
Enfin, les crédits de solidarité urbaine ne devraient pas être comptabilisés
dans
l'effort financier de l'Etat, puisque ce sont des ressources transférées entre
les
collectivités locales.
L'effort financier de l'Etat stricto sensu
correspond donc seulement aux
crédits
budgétaires des ministères et à l'évaluation de la dépense fiscale, soit
un
montant global de 18.197,71 millions de francs, en hausse de 6,8 %
par rapport
à 1999.
Etat récapitulatif de l'effort financier en faveur de la politique de la
ville
(en millions de francs)
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Evolution
|
A-1 Crédits spécifiques ville |
1.389,16 |
1.672,73 |
1.749,71 |
+ 4,6 |
A-2 Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
|
|
|
|
A-3 Crédits autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
|
|
|
|
A-4 Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville |
|
|
|
|
A-5 Solidarité urbaine (loi du 13 mai 1991) |
2.991,15 |
4.023,28 |
4.773,28 |
+ 18,6 |
TOTAL A |
13.533,56 |
17.691,67 |
19.614,15 |
+ 10,9 |
B- Dépenses fiscales et compensations |
3.089,60 |
3.364,00 |
3.357,00 * |
- 0,2 |
TOTAL A + B |
16.623,16 |
21.055,67 |
22.971,15 |
+ 9,1 |
C- Fonds européens concourant à la politique de Développement Social Urbain |
|
|
|
|
D- Intervention de la CDC |
4.200,00 |
6.230,00 * |
6.850,00 * |
+ 10,0 |
TOTAL DE L'ETAT |
21.869,16 |
28.360,67 |
31.251,15 |
+ 10,2 |
E- Contribution des collectivités territoriales 1 |
2.500,00 |
3.110,00 * |
3.700,00 * |
+ 19,0 |
TOTAL |
24.369,16 |
31.470,67 |
34.951,15 |
+ 11,1 |
* estimations
Ce tableau appelle une
remarque liminaire, déjà formulée par votre
rapporteur pour
le " jaune " présenté l'année dernière.
En effet, l'état
récapitulatif de l'effort budgétaire consacré à la politique de la ville ne
fournit
que des données en "
dépenses ordinaires et autorisations de
programme
"
et ne donne aucune indication relative aux montants des "
dépenses
ordinaires et
crédits de paiement
" qui représentent
le montant réel des dépenses
que le
gouvernement est autorisé à engager au cours de l'exercice
.
Cette présentation ne permet donc pas une appréciation véritablement exacte de
l'effort
financier global, car elle conduit à un
gonflement artificiel des montants
inscrits au
"jaune".
la contribution des autres ministères
La contribution
des différents ministères à la politique de la ville est récapitulée à
l'intérieur
de trois agrégats distincts.
1. Les transferts en provenance d'autres ministères
au sein de
l'agrégat A1 "crédits spécifiques ville", ont déjà été analysés
dans la première partie de ce rapport.
2.
L'agrégat A2 ("
crédits contractualisés relevant de divers
ministères
") retrace les crédits contractualisés au sein des
engagements
"politique de la ville" de chaque contrat de plan Etat-Région et le
financement
des contrats de ville du XIIème plan.
Les contrats de ville
portent sur des programmes élaborés conjointement
par une
ou plusieurs collectivités locales et l'Etat, et constituent un instrument
majeur de la
politique de la ville. Ils ont pour objet la lutte contre les processus
d'exclusion et la
réinsertion dans la ville des quartiers en voie de marginalisation. La nouvelle
génération des contrats de ville doit entrer en vigueur au 1
er
janvier 2000.
Les Programmes d'Aménagement Concerté du Territoire (PACT) urbain
n'ont
pas été
reconduits pour le XIIème plan. Les territoires qui ont précédemment bénéficié
de
cette procédure pourront être repris, en partie ou en totalité, dans un contrat
de
pays, un contrat d'agglomération ou un contrat de ville. Les 26 conventions du
XIème
plan portaient sur une période de 5 ans, pour accompagner le processus de
conversion
d'activité par des actions de restructuration urbaine.
Les crédits de cet agrégat présentent un lien étroit avec les instruments de la
politique de la ville, et s'élèvent à 442 millions de francs en 2000, en
réduction de 33 %.
3.
Les
crédits des autres ministères inscrits aux programmes
d'action des
contrats de ville
(agrégat A3) sont en hausse de 53,5 %, à
1.856 millions de francs. Il convient de souligner la participation
financière
importante du ministère de l'équipement, du logement et du transport aux
programmes
d'action des contrats de ville.
4.
L'agrégat A4 "crédits relevant de divers ministères
concourant
à la politique de la ville", connaît une progression de 6,6 % en
2000,
et
s'établit à 10,8 milliards de francs. Cette évolution consolide la forte hausse
des
années précédentes, qui a considérablement accru le poids de cet agrégat, soit
environ un tiers de l'effort financier total en faveur de la ville.
Ces
crédits
représentent près de 80 % des dépenses de l'Etat en faveur de la politique
de la
ville
(somme des crédits des différents ministères, hors dotations de
solidarité,
mais en tenant compte des dépenses fiscales et des compensations).
Il convient de remarquer que
l'évaluation des contributions des ministères
diffère
sensiblement d'une année sur l'autre
, ce qui empêche pratiquement toute
comparaison
et conduit à s'interroger sur la fiabilité du " jaune "
budgétaire
comme outil d'appréciation de l'effort financier consacré à la politique de la
ville
.
A4. Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville
|
LFI 1998 AP ou DO |
LFI 1999 AP ou DO |
PLF 2000 AP ou DO |
Equipement-logement-transports |
347,43 |
371,73 |
374,35 |
Culture |
92,13 |
91,97 |
91,97 |
Intérieur |
1.006,00 |
1.200,58 |
1.298,66 |
Aménagement du territoire-environnement |
133,70 |
12,51 |
20,28 |
Education nationale |
2.286,05 |
2.641,70 |
3.025,31 |
Jeunesse et sports |
135,55 |
37,00 |
118,00 |
DOM-TOM |
190,00 |
136,59 |
63,64 |
Emploi et solidarité |
2.224,43 |
4.725,46 |
4.840,00 |
Justice |
165,72 |
197,69 |
228,05 |
FAS |
- |
490,94 |
477,00 |
Fonction publique |
4,00 |
3,70 |
5,00 |
Défense |
59,30 |
213,60 |
248,50 |
Affaires étrangères-coopération |
2,40 |
2,70 |
2,70 |
Sous-total A-4 |
7.102,35 |
10.126,17 |
10.793,16 |
Les autres
sections du ministère de l'emploi et de la solidarité contribuent massivement à
la
politique de la ville, puisque leur contribution s'établit à 4,84 milliards de
francs,
en progression de 2,4 %, et représentera donc, en 2000, plus de quatre
fois le
montant des crédits inscrits au bleu "Ville".
Dans le cadre du programme " nouveaux services-emplois
jeunes " mis en
place par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1996, l'effort financier en
direction des
quartiers est évalué à 4.268 millions de francs en 2000. Ce montant représente
20 % de la somme totale consacrée aux emplois-jeunes, et correspond à
l'objectif de
20 % d'emplois-jeunes attribués aux jeunes issus des quartiers de la
politique de la
ville. La contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité est donc
essentiellement liée à cette dépense, qui constitue au demeurant une évaluation
très
approximative. Au 30 juin 1999, la proportion de jeunes issus des quartiers de
la
politique de la ville est évaluée à 15 %.
Le programme " trajet d'accès à l'emploi " (TRACE), mis en
oeuvre
dans le cadre de la loi contre les exclusions, a pour but d'accompagner de façon
personnalisée des jeunes de moins de 25 ans confrontés à un risque
d'exclusion
professionnelle. Ce programme constitue un outil important pour les quartiers en
difficulté. Au 30 juin 1999, on évalue à 44 % la part des jeunes
habitant les
quartiers en difficulté parmi les bénéficiaires du programme TRACE. Le nombre
de jeunes
concernés sera au total de 60.000 en 2000, la dotation budgétaire
correspondante étant
de 180 millions de francs pour le financement des opérateurs externes.
L'effort
financier investi en faveur des jeunes des quartiers en difficulté dans le
cadre de ce
programme est donc évalué à 79,2 millions de francs.
Enfin, les crédits d'action sociale " concourant à la politique de la
ville,
consacrés à la famille, à la lutte contre l'exclusion et en faveur de
l'intégration ", s'élèveront à 109 millions de francs en 2000.
La loi de finances pour 1999 comportait d'importantes mesures nouvelles pour
mettre en
oeuvre le volet sanitaire de la loi de lutte contre les exclusions, soit
194 millions
de francs. En 2000, les crédits des collectivités locales et des organismes
d'assurance
maladie seront également sollicités dans le cadre des programmes régionaux
d'accès à
la prévention et aux soins (PRAPS).
LA Dépense fiscale est stable
Le projet de loi
de finances pour 2000 prévoit un coût de la dépense fiscale et des exonérations
et
allégements de charges sociales stable, soit 3,357 milliards de francs
contre
3,364 milliards de francs en 1999.
Ces dépenses sont la conséquence de mesures dérogatoires destinées à compenser
les
handicaps et les inégalités de situation de certains quartiers, en favorisant la
création et le développement d'activités économiques et d'emplois marchands
dans ces
quartiers.
Elles se répartissent de la manière suivante :
- Pour les
zones de redynamisation urbaine
(ZRU), créées par la loi
d'orientation
pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février
1995 :
|
1998 |
1999 |
2000 |
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
780,00 |
880,00 |
900,00 |
Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce |
150,00 |
150,00 |
150,00 |
Exonération de TP compensée par l'Etat |
526,00 |
480,00 |
480,00 |
Exonération de charges patronales sur les 50 premiers salariés |
78,70 |
91,00 |
100,00 |
TOTAL |
1.534,70 |
1.601,00 |
1.630,00 |
(en millions de
francs)
- Pour les
zones franches urbaines
(ZFU) créées par la loi relative à la
mise en
oeuvre du pacte de relance pour la ville du 14 novembre 1996 :
|
1998 |
1999 |
2000 |
Exonération d'impôt sur les bénéfices |
320,00 |
350,00 |
360,00 |
Exonération de TP |
252,00 |
287,00 |
287,00 |
Exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties |
50,00 |
58,00 |
58,00 |
Exonération de cotisations patronales sur les 50 premiers emplois |
908,90 |
1.043,00 |
997,00 |
Exonération personnelle d'assurance maladie des artisans et commerçants |
24,00 |
25,00 |
25,00 |
TOTAL |
1.554,90 |
1.763,00 |
1.727,00 |
(en millions de
francs)
Les chiffres pour les années 1999 et 2000 correspondent à des estimations.
La solidarité urbaine
La
dotation
de solidarité urbaine
(DSU), instituée par la loi d'orientation pour la
ville de
1991, a pour but d'améliorer les conditions de vie dans les communes
confrontées à une
insuffisance de ressources et à des charges sociales élevées. Elle est répartie
entre
les communes de 5.000 à 9.999 habitants d'une part, et les communes de plus de
10.000
habitants d'autre part, en fonction de critères d'éligibilité tels que le
pourcentage
de bénéficiaires d'aides au logement dans la commune, le potentiel fiscal, le
parc de
logements sociaux et le revenu moyen par habitant.
Les crédits alloués à la DSU en 2000 devraient s'élever à 3,8 milliards de
francs en 2000 contre 3,27 milliards en 1999, soit une progression de
16 %. En
effet, le projet de loi de finances pour 2000 prévoit d'abonder la DSU à
hauteur de
200 millions de francs, afin de compenser la prise en compte des résultats
du
recensement de 1999. La DSU continuera également de bénéficier en 2000 de
l'abondement
exceptionnel de 500 millions de francs prévus par la loi de finances pour
1999, et
d'un accroissement supplémentaire de 500 millions de francs annoncé au mois
d'octobre par le premier ministre.
En Ile-de-France, le
Fonds de solidarité de la région Ile-de-France
(FSRIF),
alimenté par un prélèvement sur les ressources fiscales des communes de la
région,
redistribue les sommes prélevées en appliquant les critères proches de ceux
utilisés
pour la DSU. Les sommes redistribuées ont augmenté de près de 20 % entre
1996 et
1999, et sont stables pour 2000.
Pour 2000, les dotations de la DSU et du FSRIF sont estimées respectivement
à 3.800
et 726 millions de francs, soit un total de 4.526 millions de francs,
en
progression de 12,7 %.
LA CONTRIBUTION de la caisse des dépôts et consignations
La Caisse des
dépôts et consignations participe massivement au financement de la politique de
la ville
à travers une série de prêts, attribués dans le cadre de programmations
concertées
établies avec la Délégation Interministérielle à la Ville :
- les prêts projets urbains (PPU) sont destinés au financement des
investissements en
matière de développement social urbain, économique et social dans la géographie
prioritaire de la ville. L'enveloppe affectée aux PPU pour 1998 était de
3,5 milliards de francs, et les versements s'établissent à
2,5 milliards de
francs. Les estimations pour 1999 et pour 2000 s'élèvent à 3,3 milliards de
francs.
- les prêts " reconstruction démolition ", décidés par le
Comité
interministériel des villes du 30 juin 1998, sont dotés d'une enveloppe de
10 milliards de francs. La somme engagée à la fin de l'année 1998 est
assez faible
(29 millions de francs), mais une accélération a été constatée en 1999,
avec
388 millions de francs engagés entre le 1
er
janvier et le 30
août 1999.
Les estimations de consommation sont de 1 milliard de francs pour 1999 et
3,2 milliards de francs pour 2000.
La participation de la Caisse des dépôts et consignations au financement de
la
politique de la ville est estimée à 6,8 milliards de francs en 2000, contre
6,2 milliards en 1999.
La Caisse des dépôts et consignations a récemment annoncé qu'elle affectera 3
milliards de francs sur trois ans, à un fonds destiné à la rénovation urbaine,
dans le
cadre de la politique de la ville.
LE concours des fonds structurels
La mise en place
des fonds structurels pour la période 1994-1999 avait conduit la France à
inclure
un important volet relatif à la politique de la ville dans les projets qu'elle
soumettait
à la Commission européenne. Dans le cadre des programmes européens en cours, les
opérations qui ont été engagées au 31 décembre 1999 bénéficieront de
financements
sur 2000 dont le montant sera sensiblement équivalent à ce qu'il était en 1999,
soit
1.075 millions de francs.
Les nouveaux programmes européens qui viendront se substituer à ceux de
l'actuelle
génération dans le courant de l'année 2000 devraient comporter une dimension
urbaine
plus importante. Il convient notamment de souligner que les zones urbaines en
difficulté
de la région Ile-de-France seront désormais éligibles à " l'objectif
2 ".
Parmi les quatre nouveaux programmes d'initiative communautaire, trois pourront
concerner
la politique de le ville : le programme Urban, moins bien doté que le
programme
actuel, le programme Interreg, qui pourra traiter la dimension urbaine des
problèmes
interrégionaux ou transfrontaliers, et le programme Equal, dédié aux ressources
humaines, qui pourra prendre en compte des projets concernant les populations en
difficultés d'insertion dans les quartiers de la politique de la ville.
Le montant des crédits de ces programmes qui viendront abonder les contrats de
ville ne
peut être estimé actuellement, mais les financements européens consacrés à la
politique de la ville devraient croître de manière importante.
LES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
Votre rapporteur prend acte de la progression de 10 % des crédits du budget de la ville en 2000, qui consolide la hausse " sans précédent " enregistrée en 1999, et confirme la volonté du gouvernement d'afficher le caractère prioritaire de la politique de la ville. Cependant, il considère que l'utilisation qui est faite des moyens consacrés à la politique de la ville n'est pas satisfaisante.
UNe mauvaise utilisation des autorisations de programme qui souligne les inconvénients de l'interministérialité
Une mauvaise utilisation des crédits d'investissement
Le faible taux de consommation des crédits d'investissement au cours des
dernières
années a conduit le ministère de a ville à mener une enquête dont les
conclusions
sont :
- un délai de deux ans peut s'écouler entre l'engagement comptable d'une
autorisation de
programme et le démarrage effectif des travaux correspondants, conformément à la
circulaire en vigueur sur la gestion des crédits du fonds social urbain.
- de nombreuses opérations n'ont jamais fait l'objet d'une déclaration
d'achèvement,
bloquant ainsi inutilement une partie des autorisations de programme engagées
sur
plusieurs années
Compte tenu de ce constat, le délégation interministérielle à la ville a
demandé aux
préfets de procéder au recyclage des autorisations de programme non-utilisées,
et une
procédure d'annulation des anciennes autorisations de programme est en cours.
Votre rapporteur s'étonne d'un tel
laxisme qui a conduit à la
non-consommation des
crédits votés
, et souhaite que les mesures prises par la DIV permettent une
meilleure utilisation des autorisations de programme. En effet, l'effet
d'annonce des
augmentations du budget de la ville n'a de sens que si les dotations
correspondantes sont
effectivement consommées.
Les inconvénients de " l'interministérialité "
Le rapport Sueur
soulignait que "
les modalités de gestion financière handicapent
aujourd'hui la mise en oeuvre des projets contractualisés. Il faut notamment
déplorer
les nombreux décalages provoqués par la multiplicité des financements, et les
rigidités induites par l'absence de fongibilité de la plus grande part des
crédits
".
Votre rapporteur approuve ces observations et se félicite donc de la réforme de
la
nomenclature budgétaire du FIV, qui devrait permettre une plus grande
fongibilité des
crédits, ainsi que des mesures prises pour simplifier et l'accélérer la mise à
disposition des crédits déconcentrés, qui représentent près de 95 % du
total des
crédits de la ville.
Cependant, les problèmes de financement des actions de la politique de la ville
seront
toujours aussi importants. En effet, la conception interministérielle de la
politique de
la ville implique, pour financer chaque action, de solliciter des crédits
auprès de
plusieurs ministères, le budget du ministère de la ville ne permettant pas de
prendre en
charge des actions lourdes. Ce mode de fonctionnement conduit à des retards
importants
dans la mise en oeuvre des projets, et accroît ainsi
" l'inertie " de
la politique de la ville.
Votre rapporteur considère donc que les efforts engagés doivent être
poursuivis. Les
solutions passent par
un transfert des crédits d'autres ministères vers le
budget de
la ville, mais également par la mise en place de structures regroupant les
différentes
contributions des ministères, et limitant ainsi les décalages entre les divers
abondements, qui bloquent la mise en oeuvre des grands projets
.
Une nouvelle augmentation des crédits de fonctionnement et d'animation
Une progression des crédits de fonctionnement des instances chargées de la politique de la ville
Les crédits de
fonctionnement de la DIV et du CNV augmentent de 15,1 %, progression liée à
l'inscription d'une mesure nouvelle de 4 millions de francs en faveur des
expertises
et des colloques. Cette mesure nouvelle est destinée à financer les
" expertises,
colloques et animations nécessaires à la réflexion et à la diffusion des
expériences
innovantes avec les acteurs d'une politique territorialisée "
, et
correspond donc davantage à des crédits d'animation qu'à des moyens de
fonctionnement
stricto sensu.
Votre rapporteur s'interroge sur cette croissance des dépenses d'études et
d'animation.
La DIV a organisé plusieurs manifestations importantes au cours de l'année
1999, sur
l'éducation et la ville, l'emploi, et le renouvellement urbain notamment.
Le
coût
d'organisation de ces manifestations, soit environ 7 millions de francs, a
nécessité des mouvements de crédits importants en gestion, au détriment du
fonctionnement de la DIV.
En effet, 6,17 millions de francs ont été
transférés, au sein chapitre 37-60, de l'article 10 (fonctionnement de la DIV) à
l'article 50 (communication) afin d'assurer le financement de ces colloques.
Le budget de fonctionnement de la DIV a également été amputé de 2,5 millions de
francs
pour financer la montée en charge des remboursement des soins des appelés de
ville, et a
été réduit par un gel d'1 millions de francs de crédits. En conséquence, la
rénovation et la mise en réseau des outils informatiques de la DIV prévue pour
1999 ont
du être partiellement reportés sur l'exercice 2000. Or, votre rapporteur
insiste sur
l'importance d'une meilleure évaluation des actions de la politique de la ville
et la
nécessité pour la DIV de disposer des outils informatiques adaptés à cet
objectif.
Votre rapporteur s'étonne de l'importance des mouvements de crédits, qui
portent sur
8 millions de francs, soit 40 % de la dotation initiale des crédits de
fonctionnement de la DIV. En conséquence, il s'interroge :
- sur les besoins réels de la DIV en crédits de fonctionnement ;
- sur la " sincérité " des crédits du budget de la ville.
Votre rapporteur considère enfin que les dépenses consacrées à la communication
et aux
colloques sont considérables, puisqu'elles s'élèvent à 11,17 millions de
francs
pour l'année 1999, et 9 millions de francs pour 2000.
Le ministère de
la ville
doit reconsidérer le volume des dépenses de communication et d'animation
,
car la
valeur ajoutée des colloques et des études n'apparaît pas justifier le niveau de
crédits inscrit pour l'année 2000.
Le développement des prestations de cabinets de consultants au service de la politique de la ville
Votre rapporteur
constate une progression sensible de la sollicitation des organismes de
consultants par
les collectivités locales pour la réalisation de diagnostics préalables à la
mise en
place des différents mécanismes de contractualisation. Les diagnostics de
sécurité,
qui constituent un préalable indispensable à la conclusion des contrats locaux
de
sécurité (CLS), ont ainsi permis à quelques cabinets spécialisés de bénéficier
de
marchés, pour des montants qui atteignent facilement 100.000 francs. Il convient
d'indiquer la qualité très inégale des diagnostics fournis, dont certains se
limitent
à une compilation de statistiques qui n'apporte aucune valeur ajoutée pour la
définition des actions à mener.
Votre rapporteur s'interroge également sur la fréquence des études commandées
par les
collectivités et les organismes en charge de la politique de la ville, au
détriment des
dépenses de formation des acteurs sur le terrain et des dépenses d'intervention
proprement dites. En effet, 38 études commandées par la DIV et le CNV ont
été
réalisées par des organismes extérieurs depuis le début de l'année 1998, dont
certaines ne semblent pas d'une grande portée pratique. Certains thèmes méritent
d'être cités, à titre d'exemples : études sur " l'utilisation des
contremarques par les jeunes de moins de 25 ans ", sur les
" usages de l'internet et démocratie locale ", conception et
réalisation d'un " guide méthodologique sur les jardins
d'insertion ".
La nécessité d'assurer la formation des " professionnels de la ville "
La formation insuffisante du personnel d'encadrement des dispositifs d'animation de la politique de la ville
La formation des
acteurs de la politique de la ville sur le terrain, ainsi que l'évaluation des
actions
menées, sont des domaines d'actions pour lesquels les efforts du ministère de
la ville
sont significatifs, mais semblent insuffisants.
Votre rapporteur souhaite rappeler les problèmes auxquels ont donné lieu
certaines
opérations " Ville Vie Vacances ", dus en grande partie à
l'insuffisance
en nombre et en qualification des encadrants
. Le ministère de la ville a
édicté des
normes plus strictes concernant la formation des encadrants, mais reconnaît que
celle-ci
demeure parfois insuffisante. Votre rapporteur souligne donc la nécessité d'un
contrôle
systématique et approfondi des projets subventionnés par le ministère de la
ville, car
les défaillances de l'encadrement décrédibilisent l'ensemble du dispositif. Des
formations pratiques doivent être également développées pour les acteurs
confrontés
aux publics difficiles (directeurs de centres sociaux, médiateurs, encadrants)
d'une
manière déconcentrée. Votre rapporteur considère donc qu'une partie des crédits
consacrés à la communication, aux colloques et aux expertises pourrait être
utilisée
de manière plus utile dans le cadre de programmes de formation, car
la
qualité du
personnel d'encadrement des publics difficiles constitue un facteur essentiel
de la
réussite des actions sociales menées dans le cadre de la politique de la
ville
.
La formation des emplois-jeunes affectés à la politique de la ville
Votre rapporteur
s'interroge également sur la qualité de la formation dispensées aux
emplois-jeunes
affectés dans les quartiers visés par la politique de la ville. Dans le cadre
des
contrats locaux de sécurité (CLS), des moyens supplémentaires sont apportés par
l'Etat
avec la création, à terme, de 35.000 emplois de proximité, soit 20.000
adjoints de
sécurité (ADS) placés auprès de la Police Nationale, et 15.000 agents locaux de
médiation sociale (ALMS) proposés aux collectivités locales, aux bailleurs
sociaux et
aux autorités organisatrices de transports publics. Au début du mois d'août
1999,
12.600 ADS et plus de 6.500 ALMS avaient été recrutés. Ces emplois sont
affectés
en priorité dans les départements prioritaires et les quartiers sensibles.
Les adjoints de sécurité bénéficient d'une formation de deux mois, dont 60
heures
consacrées aux techniques professionnelles (armement, tir, secourisme,
self-defense,
gestes d'intervention, préparation physique...). Pour les ALMS, la nécessité
d'une
formation initiale a été rappelée dans la circulaire interministérielle du 7
juillet
1999 sur les CLS. Un guide destiné aux employeurs et aux formateurs d'ALMS a été
réalisé et diffusé aux préfets, aux élus locaux et aux structures souhaitant
employer
des ALMS, et l'Association Française pour le Formation des Adultes (AFPA) a mis
au point
un certificat professionnel de niveau V " agent de médiation,
information,
service ".
Ces dispositions semblent cependant largement
insuffisantes,
compte tenu du caractère délicat des missions de médiation sociale.
Les blocages des opérations de renouvellement urbain et de restructuration des quartiers
Votre rapporteur
considère que la politique de la ville doit porter davantage ses efforts sur la
restructuration des quartiers, car les actions d'accompagnement social
obtiennent des
résultats parfois précaires dans les quartiers où les conditions d'habitat sont
fortement dégradées. Les opérations de construction-démolition doivent également
être développées, car
une partie du parc de logements sociaux atteint un
degré
d'obsolescence qui ne permet pas d'envisager de restructuration
.
Votre rapporteur souscrit donc pleinement aux observations du rapport Sueur sur
ce sujet,
qui n'ont malheureusement pas été suivies d'effet. Celui-ci constatait que
"
beaucoup
de quartiers relevant de la politique de la ville doivent être profondément
transformés. A la réparation, il faut aujourd'hui préférer l'ambition. (...)
C'est
dire que nombre d'opérations " construction-démolition "
sont
aujourd'hui pleinement justifiées. Elles requièrent des moyens financiers
importants, et
donc l'effort sur le long terme évoqué précédemment (...). Pour infléchir et
inverser
les tendances lourdes à la ségrégation, organismes de logement social et
collectivités
doivent s'engager de concert dans la recomposition du tissu urbain. Cela passe
par des
opérations de construction-démolition mises en oeuvre (pour ce qui est de la
construction) sur des aires urbaines vastes, par des rénovations profondes, par
l'" essaimage " de constructions ou réhabilitations, par de
multiples
petits programmes s'inscrivant dans l'environnement urbain
existan
t. "
Des mesures en faveur du développement du logement social
Les constructions de logements sociaux ont sensiblement décliné au cours des dernières années, en dépit des moyens budgétaires dégagés. Le parc de logements sociaux comprend au 1 er janvier 1998, 3,907 millions de logements, dont 25,5 % de logements construits depuis la réforme de 1977 (création des PLA), et 18 % construits avant 1960. Le nombre de logements très sociaux s'accroît et représente aujourd'hui 1 % du parc. Le taux de vacance est en hausse, avec 3,1 % du parc en 1997 contre 2,7 % en 1996. Ce taux recouvre cependant des réalités très diverses selon les régions.
Evolution du nombre de logements locatifs sociaux mis en chantier de 1988 à 1999 (en milliers de logements par an)
Année |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
PLA |
54 |
59 |
55 |
62 |
70 |
77 |
77 |
63 |
53 |
44 |
42 |
39 |
Remarque :
pour 1999, il s'agit d'une estimation
Votre rapporteur prend acte des mesures prise par le gouvernement pour relancer
la
construction des logements sociaux, car le
coût des PLA
(Prêts locatifs
aidés),
soit 4,3 % jusqu'à il y a peu, rendait difficile le montage financier des
nouveaux
projets. Cette réforme intervient alors que le gouvernement n'a pas réussi,
contrairement à ce qui avait été annoncé, à relancer la construction des
logements
sociaux en 1998 et en 1999.
Le décret n° 99-794 du 14 septembre 1999 a modifié l'économie générale du
logement locatif social en créant un prêt locatif unique, le " Prêt
locatif
à usage social " (PLUS), qui remplace l'ensemble des PLA existant à
l'exception des PLA d'intégration. Le nouveau dispositif est conçu pour
favoriser la
mixité sociale en réduisant les phénomènes de sélectivité engendrés par les
PLA.
Les obstacles persistants au développement et à la rénovation de l'habitat social.
L'existence des
contingents
préfectoraux pour l'attribution des logements sociaux
rend souvent les
communes
réticentes à de nouvelles constructions, afin d'éviter l'installation de
familles
difficiles sur leur commune.
La
raréfaction des terrains et le coût du foncier
rendent également le
montage
des projets difficiles en Ile de France. Or,
les modalités de
financement de
l'achat des terrains sont
trop dépendantes du versement d'une subvention de
la part de
la commune
, qui entraîne ensuite la participation de l'Etat, et parfois, du
département et de la région. En conséquence, la commune contrôle l'achat des
terrains
pour la construction de logements sociaux.
Enfin, les difficultés de portage des projets et de coordination entre les
acteurs
constituent un problème essentiel pour la mise en oeuvre des opérations de
renouvellement urbain. Le développement des
restructurations de patrimoine
entre les
organismes HLM
, par le biais d'échanges entre organismes est un préalable
indispensable à une meilleure prise en charge des projets. En effet, ces
initiatives
permettront
de déterminer des " chefs de file " dans les quartiers, et
de
constituer des équipes de maîtrise d'ouvrage compétentes pour la conduite des
projets
immobiliers.
Les opérations de démolition-reconstruction
Le dispositif en
vigueur pour les opérations de construction-démolition est marqué par une faible
consommation des crédits, et ne laisse pas augurer une montée en puissance dans
les
années à venir. Or, les villes doivent faire face à la déqualification rapide
d'une
partie du parc immobilier de logement sociaux, constitués pour les trois-quarts
de
bâtiments âgés de plus de vingt ans.
La réalisation d'un
audit permettant d'évaluer la part du parc immobilier
destiné à
être renouvelé
est parfaitement possible, mais n'est pas engagée car elle
mettrait
à nu les insuffisances et les contraintes de l'Etat comme des bailleurs
sociaux. La
réalisation de cette étude nécessiterait de prendre en compte des critères
techniques
tels que la rapidité d'obsolescence de la construction, ainsi qu'un examen de
l'état de
l'équipement et des parties communes des immeubles. La montée de la vacance peut
également constituer un indicateur fiable d'une déqualification rapide et
durable d'un
ensemble immobilier.
Les opérations de construction-démolition sont difficiles à mettre en oeuvre
car les
objectifs des acteurs (bailleurs sociaux, communes, habitants) divergent
sensiblement. De
plus, le
coût de ce type d'opération
est considérable, puisque, au coût
de la
démolition et de la reconstruction, s'ajoute le manque à gagner sur les loyers
pour
l'organisme.
L'organisme HLM doit donc assumer une perte d'exploitation sur
plusieurs
années
. En conséquence, des
dispositifs financiers moins pénalisants
pour ce
type d'opérations devraient être mis en place. Des incitations à la démolition
devraient remédier au fait que
les tours que l'on veut détruire sont souvent
rentables, alors que les nouveaux logements ne sont rentables qu'après
plusieurs années
.
Le problème des copropriétés dégradées
Les opérations
de rénovation des logements dans les quartiers défavorisés sont particulièrement
difficiles dans les copropriétés. En effet, de nombreux accédants à la propriété
dans les années 1980 ont perdu les moyens d'acquitter les charges pour assurer
l'entretien des parties communes. Les conditions d'habitat se sont en
conséquence
fortement dégradées.
A la suite de la baisse du taux de rémunération du livret A en juillet 1999, le
gouvernement a décidé une extension des emplois des fonds d'épargne gérés par la
Caisse des dépôts et des consignations, avec la mise en place d'une enveloppe de
5 milliards de francs pour réhabiliter entre autre les copropriétés
dégradées.
Votre rapporteur espère que le projet de loi sur l'urbanisme, l'habitat et les
transports, qui devrait être examinée par le Parlement au printemps 2000,
comportera des
dispositions permettant d'améliorer les solutions aux problèmes de
fragilisation ou de
dégradation des immeubles en copropriété.
Les acquis du dispositif des zones franches urbaines (ZFU) doivent être préservés et consolidés
Les zones
franches urbaines créées en application de la loi du 14 novembre 1996
relative à
la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville ont fait l'objet de
nombreuses
critiques de la part du gouvernement, qui s'est appuyé sur les rapports de
l'Inspection
générale des affaires sociales (IGAS), de l'Inspection générale des finances
(IGF) et
de l'Inspection Générale de l'administration (IGA) pour faire le bilan des zones
franches urbaines et des zones de redynamisation urbaine dans un rapport remis
au
Parlement.
Votre rapporteur considère que
le dispositif des zones franches urbaines
constitue un
outil performant pour permettre de développer l'activité économique dans les
quartiers
défavorisés
. Il souligne cependant que ce dispositif doit s'inscrire dans
le cadre
d'un projet global porté par une commune.
L'environnement social et urbain constitue en effet un élément déterminant dans
le
choix d'implantation des entreprises. L'inscription de la zone franche dans un
cadre
global de la redynamisation du quartier et dans un grand projet urbain de
requalification
de l'environnement permet à la zone franche de produire un " effet de
levier " et d'améliorer la perception du quartier par ses habitants et
vis-à-vis de l'extérieur. Dès lors, la zone franche participe d'un projet
global qui
prend en compte l'ensemble des dispositifs de la politique de la ville. Il
existe par
exemple une forte complémentarité entre les ZFU et les grands projets urbains,
puisque
ceux-ci ont une vocation structurante qui permet de favoriser l'intégration des
nouvelles
entreprises dans les villes.
Une remise en cause de l'efficacité des zones franches
Le rapport du
gouvernement met en valeur les phénomènes d'effet d'aubaine et de fraude
engendrés par
le dispositif des zones franches urbaines, et propose une moralisation du
dispositif en
vigueur pour en limiter les effets pervers.
Le conseil interministériel sur la ville (CIV) du 2 septembre 1999 a arrêté le
principe
de plusieurs modifications législatives ou réglementaires qui devraient entrer
en
vigueur pour l'année 2000 :
- la notion d'emploi exclusif en zone franche urbaine sera précisée afin
d'éviter
d'ouvrir droit à exonération de charges sociales en cas de simple domiciliation
de type
boîte aux lettres ou de rattachement fictif à un simple bureau
secondaire ;
- le droit à exonération de charges sociales et de taxe professionnelle sera
supprimé
en cas de transfert d'une ZFU à une autre, afin d'éviter le
" nomadisme
d'entreprises " ;
- un nombre d'heures minimum de travail hebdomadaire sera fixé pour la
comptabilisation
des embauches ouvrant droit à application de la clause d'embauche locale ;
- la création d'emploi et d'activité sera renforcée en diminuant le taux
d'exonération
en cas de simple transfert afin de limiter les effets d'aubaine et les
déplacements
d'entreprises " chasseur de prime " ;
- le droit au régime de faveur ne sera pas ouvert en cas de licenciement dans
l'année
précédant le transfert ou l'embauche en ZFU ;
- une déclaration spécifique des embauches et sorties d'emploi sera créée afin
d'améliorer l'évaluation du dispositif.
Le coût des zones franches urbaines : un élément important de l'évaluation du dispositif
Le rapport remis
par le gouvernement au Parlement souligne que "
le coût des
dispositifs
d'exonération en ZFU et ZRU est en moyenne relativement élevé, en particulier
au regard
des implantations d'emplois dans les quartiers concernés
". Le
rapport
estime le coût par emploi implanté à 220.000 francs dans les ZRU et à 200.000
francs
par emploi net implanté pour les ZFU, en imputant au bénéfice du dispositif le
tiers
des emplois implantés.
Votre rapporteur souhaite émettre des réserves sur les modalités de cette
évaluation,
qui tend à remettre en cause les zones franches du fait du coût élevé au regard
des
résultats obtenus en terme d'emplois :
- l'évaluation est très incertaine, puisque le tiers des emplois implantés sont
considérés comme des créations nettes. Or, les données statistiques disponibles
ne
permettent pas de vérifier une telle proportion d'emplois
" délocalisés " ;
- les emplois maintenus ne peuvent pas être comptabilisés dans l'évaluation.
Or, ces
emplois sont pris en compte pour évaluer l'impact de la réduction du temps de
travail
sur l'emploi. Par conséquent, le gouvernement sélectionne ses critères
d'évaluation
selon des objectifs politiques ;
- l'évaluation ne prend pas en compte le coût social du chômage et de la
non-employabilité des personnes bénéficiant d'un emploi grâce aux zones
franches. Or,
le coût réel ne doit pas être évalué de manière absolue, mais relativement au
coût
pour la société d'un plus fort taux de chômage dans ces quartiers ;
- le coût par emploi net implanté dans la ZFU n'apparaît pas considérable par
rapport
au coût d'un emploi-jeune du secteur public, qui est proche de 150.000 francs.
L'évaluation du coût par emploi net implanté dans les zones franches ne permet
donc pas
de porter un jugement sur l'efficacité du dispositif. De plus, votre rapporteur
considère que la réussite des zones franches ne peut être évaluée à l'aune de ce
seul critère.
Votre rapporteur souhaite en effet rappeler que
les zones franches ne
constituent pas
prioritairement un outil au service de la création d'emplois, mais vise au
rééquilibrage de l'activité économique en faveur des quartiers défavorisés
.
En
conséquence, les délocalisations d'emplois vers les zones franches participent
largement
aux objectifs visés par le dispositif, dans la mesure où celles-ci ne résultent
pas
d'une démarche de " chasseur de primes " à court terme.
Les critères de réussite de la zone franche semblent donc avoir été modifiés
par le
gouvernement, qui souhaite réduire les exonérations fiscales accordées pour les
emplois
délocalisés en zone franche. Or, votre rapporteur rappelle que les objectifs
fixés par
le gouvernement de l'époque portaient sur la création de 7.000 emplois en cinq
ans.
Actuellement, 25.000 emplois nouveaux ont été créés dans l'ensemble des zones
franches.
Votre rapporteur dénonce donc l'évaluation des résultats des zones franches,
qui est
basée exclusivement sur la création nette d'emplois, et ne tient pas compte de
la
multiplicité des objectifs recherchés, et considère que cette approche
marginalise la
contribution des zones franches à la politique de la ville.
Des conclusions tempérées par la disparité des résultats et les difficultés de l'évaluation du dispositif
Le rapport du
gouvernement souligne la forte disparité des résultats selon les zones
franches, et
l'existence de problèmes liés à l'offre foncière, qui détermine souvent les
possibilités d'implantation d'entreprises de plus de dix salariés. Il indique
également
que l'impact de la zone franche sur le maintien d'entreprises qui n'auraient
pas pu
survivre sans mesures d'allégements fiscaux et sociaux, en particulier les
commerçants
et artisans de proximité, n'est pas mesurable.
Le rapport note également que certaines communes ont réalisé en 1997 et 1998 des
aménagements pour favoriser l'implantation d'entreprises dans leur ZFU, qui
commencent à
produire leurs effets, et dont les résultats ne seront mesurables
qu'ultérieurement.
Concernant le coût des ZFU, il est précisé que l'augmentation des recettes
fiscales,
aujourd'hui compensée par l'Etat, pourrait également être prise en
considération,
puisque
" on peut considérer qu'une partie significative des
implantations
par créations nettes d'entreprises se maintiendra en ZFU, y compris après
l'extinction
du régime de faveur et sera source de recettes fiscales supplémentaires
durables pour
les communes concernées ".
La sortie du dispositif de zone franche
Votre rapporteur se félicite que le gouvernement n'ait pas souhaité remettre en cause l'existence des zones franches et ait assuré que les entreprises bénéficieront des exonérations jusqu'au terme défini par la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville. Le gouvernement multiplie cependant les critiques du dispositif, sans aborder réellement la question de la sortie de celui-ci. Or, pour des entreprises industrielles dont l'implantation nécessite des investissements importants, la question de la sortie du dispositif peut s'avérer déterminante dans leur choix de localisation.
Les maires sont unanimes quant à la contribution des zones franches à l'amélioration des conditions de vie dans leur commune
Les effets
d'aubaine sont le propre de tout dispositif d'incitation fiscale
. Selon les
maires des
communes où sont implantées les zones franches, les cas de fraude mis en
exergue par le
rapport présenté au Parlement constituent des cas isolés qui sont en général
rapidement identifiés. Les maires soulignent en effet l'efficacité des
contrôles de
l'URSSAF et la vigilance des communes qui souhaitent recueillir les bénéfices
des
implantations d'entreprises, et n'ont donc aucun intérêt à tolérer des
situation de
fraude ou de détournement du dispositif.
Les maires insistent également sur les conséquences positives de la zone
franche sur le
désenclavement des quartiers, l'environnement urbain, et l'image du quartier
défavorisé.
La Lente mise en action de l'Epareca
L'établissement public d'aménagement et de restructuration des espaces
commerciaux et
artisanaux (EPARECA) a été créé par la loi du 14 novembre 1996 relative à
la
mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, avec pour mission, de
faciliter des
interventions de remembrement des espaces commerciaux et artisanaux dans les
sites urbains
en difficulté. L'établissement a la faculté légale de créer, étendre,
transformer ou
reconvertir des surfaces commerciales et artisanales en zone urbaine sensible.
Il
intervient sur saisine d'une collectivité locale, en accord avec les instances
locales de
l'Etat. La mission de l'établissement est de relancer des centres commerciaux
puis de
s'en séparer, et non d'être investisseur à long terme.
La création de cet établissement répond à un réel besoin, car de nombreux
centres
commerciaux et petits commerces situés en zone urbaine sensible connaissent des
difficultés importantes.
Or, l'EPARECA n'a pas su répondre aux attentes des communes, notamment du fait
du retard
considérable de son installation, réalisée seulement au début de l'année 1999.
En
conséquence, de nombreuses communes ont du se passer de l'intervention de
l'établissement pour mener à bien leurs actions, et la dotation initiale de
l'établissement n'a pas été intégralement consommée. Une montée en puissance du
dispositif est cependant constatée, puisque 68 dossiers sont actuellement
instruits
ou à instruire, et 6 autres sont entrés en phase opérationnelle.
L'action de EPARECA est décevante, du fait de l'insuffisante déconcentration de
ses
moyens opérationnels et de la limitation de son objet. L'EPARECA se comporte en
effet
comme un investisseur privé, malgré une moindre exigence de rentabilité. Enfin,
sa
participation est trop souvent exclusive de celle du fonds d'intervention pour
la
sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC).
Par conséquent, la restructuration des espaces commerciaux ne peut souvent pas
être
menée dans de bonnes conditions par les communes, qui sont contraintes de
recourir à des
montages financiers complexes et mal définis.