C. LES ENTREPRISES DE PRESSE
Par
delà les chiffes statistiques que l'on rappelle ci-après, il faut
signaler que la presse connaît actuellement une très nette
tendance à la concentration.
Selon la dernière enquête annuelle d'entreprise de la Direction
générale des Stratégies Industrielles, en 1997,
97 entreprises de 20 personnes ou plus, dont l'activité
principale est l'édition de journaux, employaient au total
28.537 personnes (contre 29.259 en 1996), dont 26.198 au titre
de cette seule activité. En ajoutant à ce dernier effectif celui
employé au titre d'une même activité "édition de
journaux", mais exercée cette fois en tant qu'activité secondaire
par d'autres entreprises des secteurs industriels, on obtient l'effectif total
de la branche, soit 26.309 personnes (contre 26 253 en 1996).
Cette source indique également que, pour la même année,
311 entreprises de 20 personnes ou plus, dont l'activité
principale est
l'édition de revues et périodiques,
employaient au total 20.998 personnes (contre 20.656 en 1996),
dont 19.487 au titre de cette seule activité. En ajoutant à
ce dernier effectif celui employé au titre d'une même
activité " édition de revues et périodiques ",
mais exercé cette fois en tant qu'activité secondaire par
d'autres entreprises des secteurs industriels, on obtient l'effectif total de
la branche, soit 19.992 personnes (contre 19.841 en 1996).
Depuis 1945, la presse française a connu un important mouvement de
concentration. La régression du lectorat et partant du nombre de titres,
l'importance des investissements nécessaires pour mener à bien la
modernisation, les synergies qui se font jour entre les titres, ont eu pour
conséquence de multiplier les rapprochements sans que le concentration
en France atteigne et de loin le niveau atteint dans les autres grands pays
industrialisés.
Certes, on a vu à partir de 1975, la montée en puissance des
groupes multimédias, bien différents de l'empire Prouvost ou,
plus récemment du groupe Hersant : les groupes
" Vivendi ", " Bernard Arnault ", " Pinault ",
" Matra-Hachette ", " Chargeurs ", " Dassault "
prennent pied dans le secteur, tandis que des groupes familiaux, notamment dans
la presse de province faisaient plus que résister. LVMH a repris la
Tribune et Investir ; Pinault a acheté Le Point et Chargeurs 66% de
Libération. Fin 1997, " Dassault " rachète les
publications Valmonde, après avoir essayé de reprendre l'Express.
Ainsi en témoigne l'évolution récente du groupe Hersant,
aujourd'hui partagé entre France Antilles et la Socpresse. Après
la vente de France-soir, l'ouverture du capital du Figaro à des
investisseurs étrangers, la cession des titres de l'Ouest (Presse
Océan, Le Maine libre, le courrier de l'Ouest), on peut signaler le
rachat de la Voix du Nord par le groupe belge Rossel dans lequel le groupe est
présent à 40%, tandis que le rapprochement avec Nord Eclair fait
naître des craintes au sein du titre.
Un autre exemple de l'adaptabilité de la presse est donné par le
Parisien, ébranlé par la disparition accidentelle de son
fondateur et par une grève longue au milieu des années 70, le
groupe est repassé à l'offensive après s'être
séparé de ses journaux féminins et de ses titres de
l'Ouest, en créant " Aujourd'hui ", une édition
nationale du Parisien et en envisageant notamment à partir du journal
l'Equipe une expansion dans le domaine de la télévision.
La presse qu'on dit ainsi trop facilement en crise, est un monde qui bouge
même si le secteur souffre du côté de l'offre d'un handicap
dû à des contraintes sociales particulières et d'une
fragilité financière qui lui interdit de se lancer dans de
nécessaires programmes d'adaptation aux nouvelles technologies.
Tel est le rôle des crédits d'aide à la presse dont le
rôle est à la fois de favoriser le maintien du pluralisme mais
aussi d'inciter le secteur à se moderniser.
Présentation DES
CRédits
A structure constante, hors abonnements de l'État à l'AFP, les
crédits inscrits au budget général consacrés
directement aux aides à la presse, croissent de 3,2 % pour se
monter, en 2000, à
266,8 millions de francs
, soit une
augmentation de 8,1 millions de francs par rapport à 1999.
Cette
croissance de 3,2 %,
nettement supérieure à la
moyenne de celle des autres budgets de l'État -qui est de 0,9 %
pour l'ensemble des dépenses et de 1,2 % pour les seules
dépenses civiles - est sensible comparée à l'inflation
prévue qui est de 0,9 %. Elle confirme un retournement de tendance
par rapport aux années antérieures : la croissance des
crédits est légèrement supérieure à celle du
budget 1999 (+ 2,6 %), alors que 1998 s'était
caractérisée par un léger recul de 1 % des dotations
hors AFP et 1997 avait été marquée par d'importantes
annulations de crédits (36 millions de francs sur près de
268 millions de francs).
Si l'on tient compte de l
'AFP
, dont les dotations devraient
s'accroître de 1,2 % en 2000 pour atteindre
607,4 millions
de francs
, ce budget paraît encore relativement favorisé par
rapport aux autres budgets de l'État.
En dépit d'une mise en oeuvre, semble-t-il décevante, le Fonds de
modernisation de la presse alimenté par une taxe parafiscale sur le
"hors médias", vient encore renforcer le sentiment que la presse est un
secteur auquel les pouvoirs publics restent attentifs.