Projet de loi relatif à l'établissement, à Paris, d'un Bureau de la Ligue des Etats arabes
DULAIT (André)
RAPPORT 472 (98-99) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
- INTRODUCTION
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT11 Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des parlementaires.
N°
472
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 30 juin 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et la Ligue des Etats arabes relatif à l'établissement, à Paris, d'un Bureau de la Ligue des Etats arabes et à ses privilèges et immunités sur le territoire français (ensemble une annexe) ,
Par M.
André DULAIT,
Sénateur,
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir le numéro :
Sénat
:
371
(1998-1999).
Traités et conventions. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser l'approbation de
l'accord signé au Caire le 26 novembre 1997 entre la France et la Ligue
des Etats arabes, relatif à l'établissement par cette
dernière d'un Bureau à Paris, et à ses privilèges
et immunités sur le territoire français.
Créée en 1945, la Ligue des Etats arabes compte aujourd'hui 22
pays membres ayant en commun l'arabe comme langue officielle. Organisation
politique régionale longtemps cimentée par l'hostilité
à Israël, elle a été fortement affectée par
les divisions du monde arabe consécutives aux accords de Camp David,
puis à la guerre du Golfe, avant de retrouver, ces dernières
années, un rôle politique plus important.
Le présent accord vise simplement à clarifier le statut juridique
du Bureau de la Ligue des Etats arabes installé à Paris depuis
1974 en lui conférant les immunités et privilèges
similaires à ceux dont bénéficient habituellement les
organisations internationales établies en France.
Votre rapporteur effectuera une rapide présentation de la Ligue des
Etats arabes avant de détailler le dispositif de l'accord.
I. LA LIGUE DES ETATS ARABES, PRINCIPALE ORGANISATION POLITIQUE DU MONDE ARABE.
Bénéficiant d'un statut d'observateur aux Nations Unies en tant qu'organisation régionale et regroupant 22 pays membres, la Ligue des Etats arabes constitue la principale organisation politique du monde arabe. Toutefois, les profondes divisions qui ont affecté les pays arabes durant de nombreuses années, ne lui ont pas permis de jouer le rôle qu'elle s'était assigné lors de sa création.
A. LA COMPOSITION ET LE FONCTIONNEMENT DE LA LIGUE DES ETATS ARABES
1. Une organisation d'Etats à vocation essentiellement politique
La Ligue
des Etats arabes a été
créée le 22 mars 1945 par
sept Etats
(Arabie Saoudite, Egypte, Irak, Liban, Syrie, Yémen,
Transjordanie) à la suite d'une initiative égyptienne. Elle
compte aujourd'hui 21 Etats auxquels s'ajoute l'Organisation de
Libération de la Palestine (cf. tableau). Tout Etat qui a adopté
l'arabe comme langue officielle peut devenir membre de la Ligue.
Association d'Etats souverains, la Ligue a pour objectif premier le
resserrement des rapports entre Etats-Membres. Les principes fondateurs
excluaient même le recours à la guerre à l'intérieur
de la Ligue et prévoyait des mécanismes de résolution des
litiges.
Le deuxième objectif de la Ligue consiste à défendre les
intérêts des Etats membres sur la scène internationale.
C'est une organisation régionale, reconnue comme telle par l'ONU
où elle possède le statut d'observateur.
Liste des pays membres de la Ligue des Etats arabes
PAYS |
DATE D'ADMISSION |
Algérie |
16.08.1962 |
Arabie Saoudite |
22.03.1945 |
Bahrein |
11.09.1971 |
Comores |
20.11.1993 |
Djibouti |
04.09.1977 |
Egypte |
22.03.1945 |
Emirats Arabes Unis |
02.12.1967 |
Irak |
22.03.1945 |
Jordanie |
22.03.1945 |
Koweit |
20.07.1961 |
Liban |
22.03.1945 |
Libye |
28.03.1953 |
Maroc |
01.10.1958 |
Mauritanie |
26.11.1973 |
Oman |
29.09.1971 |
Qatar |
11.09.1971 |
Somalie |
14.02.1976 |
Soudan |
19.01.1956 |
Syrie |
22.03.1945 |
Tunisie |
01.01.1958 |
Yémen |
22.03.1945* |
Autorité palestienne |
09.09.1976** |
*
12.12.1967 pour le Yémen démocratique réunifié avec
le Yémen du Nord le 22 mai 1990.
** avant cette date, membre à statut particulier.
2. Les principes d'organisation et de fonctionnement
Le
siège permanent
de la Ligue des Etats arabes est depuis l'origine
installé
au Caire
. Il a été toutefois
transféré à Tunis entre 1978 et 1990, à la suite de
l'exclusion de l'Egypte, consécutive aux accords de Camp David.
La Ligue des Etats arabes se compose de quatre types d'organes :
- les
Conférences arabes au sommet
qui réunissent, en
principe, au moins une fois par an, les Chefs d'Etat arabes. Instituées
depuis 1964, elles ne sont pas prévues dans les statuts de la Ligue
arabe. Elles sont devenues de fait l'instance suprême au sein de laquelle
s'élabore le consensus arabe sur les grandes questions
politico-diplomatiques, économiques ou sociales ;
- le
Conseil,
composé des représentants des Etats membres
disposant chacun d'une voix. C'est l'organe politique suprême. Il peut se
tenir au niveau des Chefs d'Etat, des Chefs de gouvernement ou des ministres
des Affaires étrangères et se réunit en session ordinaire
2 fois par an, en mars et en septembre. Ses décisions obéissent
à la règle de l'unanimité, mais les décisions
prises à la majorité sont contraignantes pour les Etats qui les
ont votées ;
- les
conseils ministériels
spécifiques rassemblant les
ministres techniques compétents ;
- le
secrétariat général,
qui est l'organe
administratif et exécutif de la Ligue. Son secrétaire
général, élu pour un mandat de 5 ans renouvelable, est
actuellement M. Esmat Abdel Meguid, ancien ambassadeur d'Egypte en France et
ancien ministre égyptien des Affaires étrangères.
A l'initiative de l'actuel secrétaire général, ont
été élaborés des projets de réforme de la
charte constitutive de la Ligue, afin notamment de généraliser la
procédure de vote à la majorité qualifiée. Ces
tentatives n'ont pour l'instant pas abouti.
En outre, les Etats membres ont créé une quinzaine
d'organisations
spécialisées
dans les
domaines les plus divers : union postale, union des
télécommunications, Organisation Arabe pour l'Education, la
Culture et les Sciences (A.L.E.S.C.O.), Fonds Arabe de Développement
Economique et Social (F.A.D.E.S.), organisation arabe pour le
développement agricole, fonds monétaire arabe, organisation arabe
pour le développement industriel.
B. UN RÔLE LONGTEMPS AFFECTE PAR LES DIVISIONS DU MONDE ARABE
Essentiellement orientées sur l'action diplomatique, les activités de la Ligue arabe ont évolué au gré des tensions entre pays arabes sur la question israélienne et la crise du Golfe.
1. La recherche d'un rôle politique plus affirmé
Jusqu'aux accords de Camp David, la Ligue des Etats arabes
avait
affirmé son unité sur la scène internationale sur le
thème de la décolonisation tout d'abord (face à la France,
au Maroc, en Tunisie et en Algérie et face au Royaume-Uni à Oman
ou au Yémen du Sud), puis sur la
question
israélienne,
véritable ciment de l'organisation.
La Ligue des Etats arabes a présidé à la création
de l'Organisation de libération de la Palestine en 1964, puis à
pris une part active à sa montée en puissance jusqu'à sa
reconnaissance, lors du sommet de Rabat en 1974, comme
" représentant unique et légitime du peuple
palestinien ".
C'est également elle qui a organisé le boycott arabe contre
Israël ou qui a pris des initiatives telles que le détournement de
rivières se déversant dans le lac de Tibériade lors de
l'annexion par Israël de ce dernier.
La marche vers un processus de paix va cependant créer en son sein un
net clivage entre pays du " Front du refus " et pays arabes
modérés, qui nuira à l'efficacité de son action.
L'exclusion de l'Egypte,
après les accords de Camp David, marque
le début d'une
période de déclin pour
l'organisation
.
Cet effacement se prolonge avec l'invasion du Koweït par l'Irak, en 1990,
qui divise profondément et durablement les pays arabes et paralyse
l'action de la Ligue. Enfin, les accords d'Oslo de 1993 et l'accord
israélo-jordanien de 1994 privent l'organisation du thème
fédérateur que constituait le conflit israélo-arabe. La
ligue des Etats arabes se retrouve alors marginalisée et impuissante
à peser sur la résolution des différends touchant le monde
arabe (crise irakienne, Sahara occidental, crise libyenne). Par ailleurs, des
regroupements sub-régionaux (Conseil de Coopération du Golfe,
Union du Maghreb Arabe) ont accentué sa marginalisation.
La période récente semble désormais plus favorable
à une reprise des activités de l'organisation. Les
difficultés du processus de paix au Proche-Orient et le dialogue
euro-méditerranéen ont contribué à lui redonner une
certaine importance. C'est en son sein que les huit pays arabes du processus de
Barcelone coordonnent leurs positions avant les conférences
euro-méditerannéennes et que les Arabes ont réagi aux
crises majeures du processus de paix.
S'il faut bien convenir que la Ligue des Etats arabes n'a pas répondu
à son objectif fondateur, compte tenu de son impuissance à
régler les différends entres pays membres, elle a
néanmoins survécu à des crises majeures et demeure un lieu
de rencontre pour les Etats arabes, maghrébins et moyen-orientaux,
malgré la diversité de leur orientation politique et de leur
niveau de développement économique. Elle constitue donc un cadre
irremplaçable de
dialogue politique régional
.
2. Les autres activités de l'organisation
La
coopération en matière de défense, qui constituait un
objectif de l'organisation, ne s'est pas concrétisée, et le
" Pacte de défense collective " entrée en vigueur en
1952, n'a jamais fonctionné, que ce soit lors de la crise de Suez en
1956 ou des différentes guerres israélo-arabes (1967, 1973).
En matière de coopération économique, les initiatives sont
demeurées extrêmement limitées et se sont réduites,
en 1962, à la création entre 7 Etats membres de l'Union
économique arabe, structure intergouvernementale prenant des
décisions à la majorité des deux-tiers, puis en 1964,
à la création d'un
Marché arabe commun
entre
l'Egypte, l'Irak, la Jordanie, le Koweit et la Syrie. Ce dernier devait en
réalité constituer une zone de libre-échange au sein de
laquelle le désarmement douanier a dans les faits peu progressé.
La Ligue des Etats arabes encourage toutefois le projet de création
d'une zone arabe de libre-échange lancé en 1998 et auquel 14
Etats se sont ralliés, projet dont l'aboutissement est prévu
à l'horizon 2007.
3. Les difficultés financières de la Ligue des Etats arabes
Depuis
plusieurs années, la Ligue des Etats arabes éprouve des
difficultés à faire face à ses charges financières
en raison d'arriérés de contribution des Etats membres qui
s'élèvent à 135 milliards de dollars, certains de ces
arriérés provenant d'Etats qui contestent le niveau de leurs
quotes-parts. L'Irak et la Libye sont à ce jour les deux principaux
Etats en retard de paiement.
Cette situation a conduit l'organisation à solliciter des avances des
fonds de pension de son personnel ainsi que du Fonds d'aide technique aux Etats
africains.
Un accord est toutefois intervenu au mois de juin pour le remboursement
échelonné d'un tiers du montant total des
arriérés.
II. L'ACCORD RELATIF AU BUREAU FRANÇAIS DE LA LIGUE DES ETATS ARABES
La conclusion en 1997 d'un accord destiné à faciliter le fonctionnement du Bureau de la Ligue des Etats arabes à Paris s'inscrit dans le cadre des relations confiantes établies entre l'organisation et la France.
A. LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LA LIGUE DES ETATS ARABES
Si la
Ligue des Etats arabes est apparue à l'origine comme un organisme
d'inspiration britannique, son transfert en Tunisie en 1979, à la suite
des accords de Camp David et de la mise à l'écart de l'Egypte, a
permis de
renforcer l'influence
, en son sein,
de la francophonie
.
Grâce aux nombreux Tunisiens qui ont assuré son fonctionnement
pendant cette période, notre langue et nos méthodes de travail
ont pénétré tous les rouages de l'organisation. La Ligue a
fini par diffuser en français et en arabe la quasi totalité de
ses publications, de ses communiqués officiels et de ses bulletins
d'information.
Cette évolution s'est répercutée sur la qualité de
notre relation avec l'organisation. Notre image en est sortie renforcée
sur un plan culturel comme sur un plan politique. Les membres de la Ligue
soulignent aujourd'hui le rôle moteur que la France a joué dans la
définition des prises de position européennes sur le processus de
paix et le lancement du partenariat euro-méditerrannéen.
La Ligue soutient souvent publiquement les positions de la France sur des
dossiers importants tels que le processus de paix au Proche-Orient, la crise
iraquienne ou la médiation entre le Yémen et l'Erythrée.
Elle sert également d'utile relais dans la mise en oeuvre de la
réforme financière de l'Institut du Monde arabe. Enfin, les
autorités françaises entretiennent d'excellentes relations avec
son Secrétaire Général, M. Esmat Abdel Meguid, qui est
régulièrement reçu par le Président de la
République et le ministre des Affaires
étrangères.
B. LA NECESSITE D'AMELIORER LE STATUT JURIDIQUE DU BUREAU DE L'ORGANISATION A PARIS
1. Les insuffisances du statut actuel
Le Bureau de la Ligue des Etats arabes à Paris a
été créé en 1974.
Ses membres bénéficient actuellement des
privilèges
et immunités
diplomatiques d'usage,
uniquement s'ils figurent
sur la liste diplomatique d'une Ambassade arabe ou d'une autre mission
internationale bénéficiant du statut diplomatique. Ainsi, le
Directeur du Bureau, M. Mohamed Trablesi, est-il rattaché à
la Délégation permanente de la Tunisie auprès de l'Unesco.
Cette situation pose problème dans nos relations de travail avec le
Bureau de la Ligue, dans la mesure où le
statut de ses
membres
reste incertain
: ils sont tantôt assimilés à des
fonctionnaires internationaux, tantôt à des diplomates et doivent
dans ce cas trouver une Ambassade " d'accueil ". Cette situation est
aussi une source de difficultés pour les chancelleries diplomatiques des
Etats arabes, obligées de prendre sur leurs quotas de diplomates pour
faciliter le travail des représentants de la Ligue. La plupart des pays
arabes membres de la Ligue accordent un statut diplomatique aux bureaux de la
Commission européenne ouverts sur leur territoire.
2. La portée de l'accord du 26 novembre 1997
La Ligue
des Etats arabes possède actuellement
un bureau dans
8
pays
européens, à savoir, outre la France,
l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Grèce, l'Italie et
le Royaume-Uni.
A l'image d'accords déjà conclu avec la Belgique, l'Espagne, la
Grèce, l'Italie et bientôt le Royame-Uni, cet accord du 26
novembre 1997 conclu avec le gouvernement français vise à
accorder au Bureau français de la Ligue le
statut diplomatique
.
Cet accord de siège, destiné à faciliter le travail et la
représentation de la Ligue des Etats arables dans ses contacts avec les
autorités françaises, officialise l'activité du bureau de
la Ligue en France et lui consent, avec les réserves d'usage, des
immunités et privilèges similaires à ceux dont
bénéficient habituellement les organisations internationales
établies en France.
L'article premier reconnaît la capacité juridique de la Ligue des
Etats arabes et la compétence des juridictions françaises.
L'article 3 garantit l'inviolabilité des locaux du Bureau de la Ligue
arabe avec les réserves d'usage.
L'article 4 lui garantit l'immunité de juridiction et d'exécution
dans le cadre de ses activités officielles.
L'article 6 précise que ses biens et avoirs sont exempts de
perquisition, de saisie, de confiscation, de réquisition,
d'expropriation et de contrainte administrative ou judiciaire.
L'article 7 exonère de tous d'impôts directs le Bureau et les
biens mis à sa disposition par la Ligue et l'article 8 exonère
les acquisitions ou location de locaux des droits d'enregistrement, de bail et
de taxe de publicité foncière.
L'article 10 exonère des droits et taxes à l'importation le
matériel importé dans le cadre de l'activité officielle du
Bureau.
L'article 11 garantit l'inviolabilité de la correspondance officielle du
Bureau.
Les articles 12, 13 et 14 définissent le statut du personnel du Bureau
de la Ligue, notamment les privilèges et immunités diplomatiques
accordés au Directeur du Bureau et ses adjoints dans la limite de trois.
Jusque-là, les membres du Bureau parisien de la Ligue
bénéficiaient des privilèges et immunités
diplomatiques dans la mesure où ils étaient inscrits sur la liste
diplomatique d'une Ambassade arabe.
CONCLUSION
La
reconnaissance du statut diplomatique du Bureau parisien de la Ligue des Etats
arabes permettra de faciliter les activités de celle-ci et paraît
d'autant plus justifiée que plusieurs de nos partenaires
européens ont entrepris une démarche similaire.
Elle s'inscrit par ailleurs dans le cadre des bonnes relations que la France
entretient avec une organisation importante pour le dialogue au sein du monde
arabe.
C'est pourquoi votre commission des Affaires étrangères vous
propose d'adopter le présent projet de loi.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission a procédé à l'examen du présent rapport
au cours de sa séance du 30 juin 1999.
A la suite de l'exposé du rapporteur, M. Xavier de Villepin,
président, a demandé si tous les pays arabes étaient
membres de l'organisation et si celle-ci, compte tenu des divergences internes
au monde arabe sur des sujets tels que le Sahara occidental, pouvait
valablement peser sur le règlement de certains conflits.
M. André Dulait, rapporteur, a alors apporté les
précisions suivantes :
- tous les pays arabes appartiennent à la Ligue des Etats arabes qui
compte -a-t-il rappelé- 22 membres, y compris l'Autorité
palestinienne ;
- créée dans le prolongement du mouvement panarabe apparu dans
les années 1930, la Ligue des Etats arabes n'a pu réaliser
l'ensemble de ses objectifs initiaux et elle est demeurée impuissante,
durant une longue période, à peser sur la résolution de
conflits qui divisent le monde arabe.
La commission a alors approuvé le projet de loi qui lui était
soumis.
PROJET DE LOI
Article unique
Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et la Ligue des Etats arabes relatif à l'établissement, à Paris, d'un Bureau de la Ligue des Etats arabes et à ses privilèges et immunités sur le territoire français (ensemble une annexe), fait au Caire le 26 novembre 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. 1( * )
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT1(
*
)
-
Etat
de droit et situation de fait existants et leurs insuffisances
: les
membres du Bureau parisien de la Ligue des Etats arabes
bénéficient actuellement des privilèges et
immunités diplomatiques d'usage uniquement s'ils figurent sur la liste
diplomatique d'une Ambassade arabe ou d'une autre mission internationale
bénéficiant du statut diplomatique. Ainsi, le Directeur du
Bureau, M. Mohamed Trabelsi, est-il rattaché à la
Délégation permanente de la Tunisie auprès de l'Unesco.
Cette situation pose problème dans nos relations de travail avec le
Bureau de la Ligue, dans la mesure où le statut de ses membres reste
incertain : ils sont tantôt assimilés à des
fonctionnaires internationaux, tantôt à des diplomates et doivent
dans ce cas trouver une Ambassade " d'accueil ". Cette situation est
aussi une source de difficultés pour les chancelleries diplomatiques des
Etats arabes, obligées de prendre sur leurs quotas de diplomates pour
faciliter le travail des représentants de la Ligue. Trois Etats membres
de l'Union européenne ont jusqu'ici signé un tel accord de
siège avec la Ligue : il s'agit de l'Espagne, de la Belgique et de
la Grèce. La plupart des pays arabes membres de la Ligue accordent un
statut diplomatique aux bureaux de la Commission européenne ouverts sur
leur territoire.
-
Bénéfices escomptés en matière
:
*
d'emploi
: trois Français ont été
jusqu'à présent recrutés localement par le Bureau de la
Ligue des Etats arabes à Paris. L'accord de siège créera
des conditions favorables à de nouveaux recrutements.
*
d'intérêt général
: créée
en 1945, la Ligue est apparue à l'origine comme un organisme
d'inspiration britannique. Son transfert en Tunisie en 1979 à la suite
des accords de Camp David et de la mise à l'écart de l'Egypte
nous a été très bénéfique en terme
d'influence, notamment sur le plan de la francophonie. Du fait de ce nouvel
environnement et grâce aux nombreux Tunisiens qui ont assuré son
fonctionnement pendant cette période, notre langue et nos
méthodes de travail ont pénétré tous les rouages de
l'organisation. La Ligue a fini par diffuser en français et en arabe la
quasi-totalité de ses publications, de ses communiqués officiels
et de ses bulletins d'information. Cet avantage s'est répercuté
sur la qualité de nos liens d'ensemble avec l'organisation et par
là sur celle de nos relations avec chacun de ses Etats membres.
Resserrer nos liens avec la Ligue par un accord de siège apporte la
garantie que cet héritage francophone sera préservé. Notre
image en est sortie renforcée sur un plan culturel et sur un plan
politique. Les membres de la Ligue soulignent aujourd'hui le rôle moteur
que la France a joué dans la meilleure prise en compte par l'Europe de
leurs intérêts et dans l'établissement du dialogue
euro-arabe, puis plus récemment du processus
euro-méditerrannéen. Il n'est pas rare qu'ils citent notre
exemple à la plupart de nos partenaires européens. La Ligue
soutient souvent publiquement les positions de la France sur des dossiers
importants tels que le processus de paix au Proche-Orient, la crise irakienne
ou la médiation entre le Yémen et l'Erythrée. L'accord de
siège devrait nous permettre également de diversifier nos
relations avec la Ligue à travers les multiples institutions qu'elle
parraine, notamment dans les domaines économique et social et
d'élargir notre dialogue avec le Secrétariat
Général aux organismes et unions arabes spécialisés.
*
financière
: le coût pour le budget devrait
être négligeable, car les privilèges accordés sont
strictement limités, en matière de TVA, aux seuls achats de biens
et services destinés au fonctionnement administratif du bureau de la
Ligue des Etats arabes et, en matière d'impôt sur le revenu, au
directeur du Bureau et à ses trois adjoints. Les autres membres du
personnel de ce Bureau ne bénéficieront d'aucun privilège
fiscal
ou social
du fait de l'entrée en vigueur de l'accord.
*
de simplification des formalités administratives
: une
relation plus approfondie et plus étroite avec la Ligue des Etats arabes
devrait contribuer à assouplir les procédures administratives en
vigueur dans nos relations bilatérales avec les Etats membres de la
Ligue.
*
de complexité de l'ordonnancement juridique
: le statut
accordé au Bureau parisien de la Ligue des Etats arabes est par nature
dérogatoire du droit commun, mais conforme aux avantages habituellement
consentis dans le cadre des accords de siège conclu avec les
organisations internationales établies en France.
1
Voir le texte annexé au document
Sénat n° 371 (98-99)
1
Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des
parlementaires.