Projet de loi relatif à la création des chèques-vacances
BLANC (Paul)
RAPPORT 432 (98-99) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat .Table des matières
N°
432
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 16 juin 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, EN NOUVELLE LECTURE modifiant l'ordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982 portant création des chèques-vacances ,
Par M.
Paul BLANC,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Delaneau,
président
; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine
Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet,
vice-présidents
; Mme Annick Bocandé, MM. Charles
Descours, Alain Gournac, Roland Huguet,
secrétaires
; Henri
d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM.
Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux,
Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati,
Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet,
André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla,
Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques
Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM.
Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de
Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul
Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir les numéros :
Sénat :
Première lecture :
178
,
227
et T.A.
76
(1998-1999).
Deuxième lecture :
275
,
296
et T.A.
119
(1998-1999).
Troisième lecture :
386
(1998-1999).
Commission mixte paritaire :
387
(1998-1999).
Nouvelle lecture :
402
(1998-1999).
Assemblée nationale (11
ème
législ.
)
:
Première lecture :
1414
,
1460
et
T.A.
271
.
Deuxième lecture :
1590
,
1609
et T.A.
319
.
Commission mixte paritaire :
1641
.
Nouvelle lecture :
1647
,
1669
et
T.A.
329
.
Tourisme et loisirs. |
TRAVAUX DE COMMISSION
Le
mercredi 16 juin 1999
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau,
président
, la commission a procédé à
l'examen du rapport en nouvelle lecture
de
M. Paul Blanc
sur
le
projet de loi n° 402
(1998-1999), adopté par
l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, modifiant l'ordonnance
n° 82-283 du 26 mars 1982 portant
création des
chèques-vacances
.
M. Paul Blanc, rapporteur,
a présenté les grandes lignes
de son rapport (cf. exposé général).
La commission a ensuite procédé à l'examen des articles.
A l'article premier
, la commission, sur proposition de M. Paul Blanc,
rapporteur, a adopté un amendement supprimant le paragraphe III de cet
article qui visait à permettre l'utilisation du chèque-vacances
dans l'ensemble des pays de la Communauté européenne.
A l'article 2
, la commission a adopté, sur proposition du
rapporteur, deux amendements visant à rétablir le texte
adopté par le Sénat en deuxième lecture, le premier
revalorisant le plafond de ressources et le second actualisant le texte de
l'ordonnance de 1982 en matière d'exonération des taxes et
participations assises sur les salaires.
A l'article 3
, la commission a adopté un amendement du rapporteur
rétablissant le dispositif d'exonération adopté par le
Sénat en deuxième lecture.
A l'article 4
, elle a adopté un amendement présenté
par le rapporteur rétablissant le dispositif de mise en place des
chèques-vacances dans les entreprises, adopté par le Sénat
en deuxième lecture.
A l'article 4 ter
, elle a, sur proposition du rapporteur, adopté
un amendement rétablissant la disposition votée en
deuxième lecture, supprimant la référence au
salarié titulaire du chèque-vacances dès lors que le
dispositif pouvait être étendu à des non-salariés.
A l'article 4 quater
, la commission a adopté un amendement du
rapporteur visant à rétablir la cotutelle du ministre
chargé du tourisme et du ministre des finances sur l'ANCV.
A l'article 7
, elle a adopté un amendement rétablissant le
texte adopté par le Sénat en deuxième lecture, autorisant
l'ANCV à conclure des conventions et partenariats avec des entreprises
ou des organismes dans le but d'assurer la plus large distribution du
chèque-vacances.
La commission a enfin approuvé le projet de loi ainsi
amendé.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Lors de sa réunion du 27 mai dernier, la commission mixte paritaire
chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion
du projet de loi modifiant l'ordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982 portant
création des chèques-vacances n'est pas parvenue à
l'adoption d'un texte commun. L'Assemblée nationale et le Sénat
n'ont pas trouvé d'accord sur le montant du plafond de ressources
ouvrant droit au bénéfice des chèques-vacances, à
l'article 2 du projet de loi.
Saisie en nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a repris
intégralement le texte qu'elle avait adopté en deuxième
lecture le 26 mai dernier, lui-même quasiment identique à celui
adopté en première lecture.
Le Sénat est donc amené à se prononcer, en nouvelle
lecture, sur le texte adopté par l'Assemblée nationale en
deuxième lecture.
Votre commission ne peut que regretter, une fois encore, la fin de non-recevoir
réservée aux propositions du Sénat, alors même que
la Haute Assemblée avait apporté, en deuxième lecture,
certaines inflexions à ses propositions initiales dans le souci de
permettre la reprise du dialogue entre les deux Chambres.
L'Assemblée nationale semble en effet estimer que le projet de loi, dans
sa rédaction initiale, répond aux deux objectifs fixés par
le Gouvernement : "
permettre à 7,5 millions de
salariés supplémentaires et à leur famille
" de
bénéficier du chèque-vacances et constituer un
"
nouvel atout pour l'industrie touristique
".
L'analyse du Sénat est différente. Votre commission craint que le
projet du Gouvernement ne soit pas à la hauteur des enjeux. Elle
constate ainsi que l'étude d'impact ne prévoit que 150.000
bénéficiaires supplémentaires, soit l'équivalent du
rythme actuel de croissance du chèque-vacances. On est bien loin des
" 7,5 millions de personnes ".
Elle observe
également que l'extension du chèque-vacances aux autres pays de
l'Union européenne ne peut apparaître comme un
" atout
pour l'industrie touristique française ".
C'est pourquoi le Sénat, sur proposition de sa commission, a choisi
d'assurer une portée réelle au projet de loi en s'inscrivant dans
une démarche pragmatique.
Cette démarche repose sur trois séries de mesures.
Il s'agit d'abord de favoriser l'accès des chèques-vacances aux
personnes qui, soit n'en bénéficient pas, soit n'en
bénéficient pas assez, et notamment aux plus
défavorisés, aux familles et aux non-salariés. Le
Sénat a ainsi proposé de limiter à 2 % du SMIC le montant
mensuel minimum du versement du salarié pour permettre aux familles les
plus modestes de se constituer progressivement une " épargne
vacances ".
Le Sénat a également cherché à mieux prendre en
compte les familles en relevant la majoration du critère de ressources
par demi-part supplémentaire et en modulant la contribution de
l'employeur en fonction des charges de famille. L'Assemblée nationale ne
l'a pas suivi et votre commission regrette profondément ce manque
d'intérêt pour les familles qui semble d'ailleurs assez paradoxal
au moment où Mme Michelle Demessine fait le constat des
difficultés d'accès des familles aux vacances en mettant en place
un groupe de travail interministériel "
vacances et politique
familiale
" chargé justement de faire des propositions en ce
domaine...
Dans une seconde série de mesures, le Sénat a voulu rendre les
chèques-vacances plus attractifs pour les entreprises. Il a ainsi
proposé d'étendre l'exonération de charges à la CSG
et faciliter la mise en place du chèque-vacances dans les PME
grâce à un élargissement des procédures, et ce dans
le respect du dialogue social.
Enfin, la troisième voie était la recherche d'une
amélioration du système actuel de distribution des
chèques-vacances. A cet égard, le Sénat avait
suggéré la possibilité pour l'ANCV, dans le respect de son
monopole d'émission, de sous-traiter leur distribution auprès
d'organismes bien implantés dans le réseau des PME.
Cette démarche pragmatique du Sénat s'est pourtant heurtée
à l'opposition de l'Assemblée nationale.
Cette opposition se focalise autour des principales propositions du
Sénat qui n'ont pas été acceptées par
l'Assemblée nationale :
- revalorisation du plafond de ressources pour permettre aux classes
moyennes et aux familles nombreuses de bénéficier du
chèque-vacances
(art. 2) ;
- meilleure prise en compte des charges de famille, grâce à
une modulation de la contribution de l'employeur, afin de permettre aux
familles nombreuses de partir en vacances, le coût des vacances
étant croissant en fonction du nombre d'enfants
(art. 3)
;
- élargissement de l'exonération de cotisations sociales au
titre de la contribution de l'employeur à l'ensemble des entreprises
pour garantir la neutralité entre les deux circuits de distribution
(art. 3)
;
- extension de cette exonération à la CSG afin de rendre le
dispositif plus incitatif pour le salarié
(art. 3)
;
- simplification et élargissement des procédures permettant
la mise en place du chèque-vacances afin qu'elles touchent le maximum
d'entreprises
1(
*
)
(art. 4)
;
- réaffirmation de la possibilité pour les
non-salariés d'avoir accès aux chèques-vacances par le
biais des organismes sociaux avec des garanties identiques à celles
reconnues aux salariés
(art. 4 ter)
;
- faculté pour l'ANCV de sous-traiter la distribution du
chèque-vacances à des organismes qui connaissent bien les PME et
qui pourraient donc accélérer très sensiblement la
diffusion de ce titre
(art. 7)
;
- refus d'autoriser l'utilisation des chèques-vacances hors du
territoire national, cette extension étant prématurée et
n'offrant aucune garantie de réciprocité
(article premier)
.
Constatant que le texte adopté par l'Assemblée nationale en
nouvelle lecture ne retient aucune de ces améliorations proposées
par le Sénat et estimant que celles-ci sont nécessaires pour
assurer une portée réelle à la réforme du
chèque-vacances, votre commission vous demande de rétablir le
texte adopté par le Sénat en deuxième lecture, à
une exception rédactionnelle près.
EXAMEN DES ARTICLES
Article premier
(Article premier de l'ordonnance n°
82-283 du 26 mars 1982
portant création du
chèque-vacances)
Délimitation du champ des
salariés potentiellement
bénéficiaires du dispositif
L'examen
de cet article en deuxième lecture par l'Assemblée nationale
s'est traduit par une double modification de la position initialement
adoptée par l'Assemblée nationale.
D'une part, l'Assemblée nationale a renoncé à inclure dans
l'article premier de l'ordonnance de 1982 les références qu'elle
avait introduites en première lecture concernant les
" emplois-jeunes ", les titulaires de contrat
emploi-consolidé, les préretraités et les salariés
non titulaires des fonctions publiques. Se rangeant à la position du
Sénat, elle a estimé que ces ajouts étaient
dépourvus de toute valeur normative et ne faisaient qu'obscurcir la
rédaction de cet article premier. Elle a donc maintenu la suppression du
paragraphe II de cet article.
D'autre part, elle a adopté un amendement présenté par le
Gouvernement complétant cet article par un paragraphe III
prévoyant que les chèques-vacances peuvent être
utilisés pour régler des dépenses de vacances,
auprès de prestataires conventionnés par l'ANCV, dans les Etats
membres de la communauté européenne.
En nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a adopté cet article
sans modification.
Votre commission vous propose de supprimer, par voie d'amendement, ce
paragraphe III.
Elle rappelle qu'elle s'était opposée,
en deuxième lecture, au même amendement présenté par
le Gouvernement pour une double raison.
En premier lieu, une telle disposition est prématurée. Certes,
plusieurs pays européens envisagent de mettre en place des
chèques-vacances. Toutefois, autoriser aujourd'hui l'ouverture
européenne du chèque-vacances, sans condition de
réciprocité, au moment même où vont s'engager des
négociations sur la création d'un chèque-vacances
européen, ne ferait que fragiliser la position de la France dans la
négociation à venir.
En second lieu, le chèque-vacances constitue un outil efficace de
développement du tourisme dans notre pays tout en participant à
l'aménagement du territoire et à la création d'emplois. Il
est souhaitable que le chèque-vacances conserve cette vocation. Il
n'appartient pas à la France de subventionner, par des
exonérations de charges sociales, le secteur du tourisme dans les autres
pays européens sans aucune réciprocité.
Votre commission vous propose d'adopter cet article ainsi amendé.
Art.
2
(Art. 2 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Modification du critère
d'appréciation des ressources
pour bénéficier du
chèque-vacances
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a rétabli le texte
qu'elle avait adopté en première lecture et a maintenu cette
rédaction en nouvelle lecture. Elle n'a pas estimé souhaitable de
mieux prendre en compte les familles en relevant le critère de
ressources par demi-part supplémentaire que proposait le Sénat.
Votre commission ne peut que regretter une telle position alors même que
l'accès aux vacances reste difficile pour les familles nombreuses. Elle
observe en effet que seules 55 % des familles de trois enfants et plus partent
aujourd'hui en vacances, contre 71 % des couples sans enfant.
Votre commission vous propose de rétablir, par voie d'amendements, le
texte adopté par le Sénat en deuxième lecture.
Art.
3
(Art. 2-1 nouveau de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Exonération de charges sociales sur la
contribution de l'employeur
au financement des
chèques-vacances
dans les entreprises de moins de 50
salariés
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a rétabli le texte
qu'elle avait adopté en première lecture, cette rédaction
étant maintenue en nouvelle lecture.
Pour les raisons exprimées lors de la lecture
précédente, votre commission vous propose de rétablir, par
voie d'amendement, le texte adopté par le Sénat en
deuxième lecture.
Art. 4
(Art. 3 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Procédure de mise en place des
chèques-vacances dans l'entreprise
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a rétabli le texte
qu'elle avait adopté en première lecture, cette rédaction
étant maintenue en nouvelle lecture.
Pour les raisons exprimées lors de la lecture
précédente, votre commission vous propose de rétablir, par
voie d'amendement, le texte adopté par le Sénat en
deuxième lecture.
Art. 4
ter
(Art. 4 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Prise en compte des non-salariés
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a supprimé cet
article introduit par le Sénat, cette suppression étant maintenue
en nouvelle lecture.
Pour les raisons exprimées en deuxième lecture, votre
commission vous propose de rétablir cet article.
Art. 4
quater
(Art. 5 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Tutelle de l'ANCV
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a rétabli le texte
qu'elle avait adopté en première lecture, cette rédaction
étant maintenue en nouvelle lecture.
Pour les raisons exprimées lors de la lecture
précédente, votre commission vous propose de rétablir, par
voie d'amendement, le texte adopté par le Sénat en
deuxième lecture.
Art.
5
(Art. 6 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Possibilité pour les organismes
paritaires chargés
de la gestion d'activités sociales de
délivrer des chèques-vacances
En
deuxième lecture, le Sénat avait introduit dans cet article un
paragraphe I B précisant les conditions dans lesquelles les
organismes sociaux peuvent accorder des chèques-vacances, notamment aux
personnes non salariées (retraités, travailleurs
indépendants, chômeurs...). En deuxième lecture,
l'Assemblée nationale a retenu le texte voté par le Sénat,
le modifiant à la marge par un amendement rédactionnel. Elle a
maintenu cette nouvelle rédaction en nouvelle lecture.
Votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.
Art.
7
(Art. 5 de l'ordonnance du 26 mars 1982
précitée)
Extension des missions de l'ANCV
En
deuxième lecture, l'Assemblée nationale a supprimé cet
article introduit par le Sénat, cette suppression étant maintenue
en nouvelle lecture.
Pour les raisons exprimées en deuxième lecture, votre
commission vous propose de rétablir cet article.
TABLEAU COMPARATIF
1 On rappellera que, selon un sondage réalisé pour l'ANCV, 29 % des dirigeants de PME considèrent que la complexité administrative est un frein à la mise en place des chèques-vacances.